BMW Série 6, la tradition se poursuit

Publié le 9 octobre 2009 dans 2010 par Alain Morin

En 1976, BMW possédait déjà une belle réputation dans les voitures de luxe et sportives. Cette année-là, l’entreprise de Munich lançait les coupés 630 CS et 633 CSi, joliment dessinés par le Français Paul Bracq. Deux années plus tard, la 635 CSi était dévoilée et allait créer un véritable engouement. En 1984, apparaît la M635 CSi, un redoutable coupé sport. Aujourd’hui, les amateurs d’autos anciennes se les arrachent. Il aura fallu attendre 2003 pour que la 6 revienne. Et par la grande porte, s’il vous plaît!

Comme dans le temps, la Série 6 se distingue de la masse par ses lignes exclusives à défaut d’être discrètes. D’ailleurs, autant le coupé que le cabriolet attirent les regards envieux. Précisons d’entrée de jeu que le toit du cabriolet est souple. Oui, un toit souple dans une voiture d’environ 100 000 $. Pour 40 000 $, Volkswagen propose une Eos à toit rigide rétractable, me direz-vous... Oui, mais à 260 000 $, la Bentley Continental GTC possède aussi un toit souple, vous répondrai-je.

Une base moins basique que d’autres!

Le modèle de base (650i), coupé ou décapotable, reçoit un V8 de 4,8 litres développant 360 chevaux et autant de couple. Même si le poids dépasse les 1700 kilos (ajoutez 200 kilos pour le cabriolet), cette écurie est suffisante pour amener la 650i de 0 à 100 km/h en moins de 7,0 secondes. Les reprises sont tout autant spectaculaires. Inédit dans cette catégorie, une transmission manuelle. Ses six rapports se passent allègrement et ajoutent au plaisir de conduire. Cependant, l’automatique, à six rapports aussi, s’avère un aussi bon choix. Curieusement, ce moteur n’est pas dramatiquement gourmand comme on serait en droit de le croire. Certes, 13,8 litres est une moyenne fort élevée, mais compte tenu de la puissance de la bête et de son poids, c’est une bonne nouvelle. Enfin, presque! Si la 650i n’est pas suffisamment puissante pour vous, il y a la M6, un monstre! Son V10 de 500 chevaux est peut-être assoiffé à n’en plus finir, mais il vous colle à votre dossier comme peu de moteurs savent le faire. Encore une fois, manuelle et automatique sont proposées, la dernière possédant sept rapports, rien de moins.

La BMW 650i se veut bien plus une GT qu’une voiture sport. Il suffit d’ailleurs de la pousser dans les virages pour constater qu’il s’agit d’une voiture grosse, lourde et pas très agile. Ne me faites pas écrire ce que je ne veux pas dire : la Série 6 colle à la route comme de la Crazy Glue après deux doigts. Elle s’avère un plaisir à piloter, mais il faut admettre qu’elle est beaucoup plus à l’aise sur les autobahn allemandes que sur une piste de course, comme le mentionnait le collègue Gélinas dans le Guide de l’auto 2008. Pour la M6, BMW a utilisé plusieurs matériaux légers, permettant ainsi de garder le poids dans des limites raisonnables. Par exemple, on utilise du plastique renforcé de fibre de carbone pour le toit du coupé, ce qui contribue à diminuer un tantinet le centre de gravité et favorise ainsi la tenue de route. Soulignons que la direction, autant de la 650i que de la M6, possède un des meilleurs « feedback » de l’industrie. Quant aux freins de la 650i, qui ont une lourde tâche à accomplir, ils s’avèrent à la hauteur mais j’hésiterais à les mettre à l’épreuve sur un circuit. La M6, elle, a déjà vécu les affres de la piste avec succès alors qu’elle faisait partie du contingent de voitures du Challenge Trioomph sur le circuit du Mont-Tremblant.

Du génie et du cancre

À moins de s’acheter une voiture pour la stationner devant son entrée de garage parce qu’elle fait chic, il faut vivre une relation quotidienne avec elle. Le conducteur d’une Série 6 doit, de préférence, ne pas souffrir de claustrophobie, surtout dans la version décapotable. Car même si les dimensions extérieures sont très généreuses, l’habitacle est très petit, une impression rehaussée par le tableau de bord imposant et portant beaucoup de noir, malgré les appliqués d’alu ou de bois. Si les gens assis à l’avant ne sont tout de même pas trop mal pris, il en va autrement pour ceux qui doivent se taper les deux places arrière, trop dures et dont le dossier est trop droit. En fait, elles ne doivent être réservées qu’à de jeunes enfants ou à des sacs d’épicerie. La visibilité arrière, surtout lorsque le toit de toile est relevé, est des plus pénibles. Parlant du toit de toile, il lui faut à peine 20 secondes, confirmé par un chrono, pour s’exécuter. Bravo.

Dans l’habitacle, les espaces de rangement manquent cruellement et le ridicule porte-gobelet placé près du genou gauche du passager est indigne d’une marque de luxe capable de créer les meilleurs moteurs de la planète. Même l’électronique, censée simplifier la vie, la complique! Pourquoi appuyer sur un seul bouton si on veut changer de station de radio alors qu’avec l’électronique on peut le faire en trois ou quatre étapes, se sont sans doute dit les ingénieurs de BMW… Outre les nombreuses aides électroniques à la conduite qui ajoutent à la sécurité (il est possible de les déconnecter pour une utilisation sportive), on retrouve six coussins gonflables. Curieusement, alors que les genoux des occupants avant sont protégés, on ne retrouve pas, même dans le coupé, de rideaux gonflables comme c’est le cas de la plupart des voitures de luxe aujourd’hui.

Ce qui nous amène à nous dire que la BMW Série 6 n’en n’a sans doute plus pour très longtemps dans sa forme actuelle. Grosse, lourde et présentant quelques irritants au chapitre de la présentation intérieure, elle ferait place à un nouveau modèle d’ici un an ou deux. Cette fois, le toit de la décapotable serait rigide et on rapporte que la voiture serait un peu plus longue que la version actuelle, mais que les porte-à-faux seraient réduits. Côté mécanique, on parle d’un V10 et d’une boîte automatique à huit rapports à double embrayage. Quoiqu’il en soit, la 6 actuelle s’avère suffisamment exclusive et puissante pour satisfaire les gens blasés. Et pour les plus blasés, il y a la M6!

Feu vert

Style distinctif
Prestige assuré
Confort relevé
Moteurs extrêmement performants
M6 très sportive

Feu rouge

Dimensions imposantes
Habitacle restreint
Prix très élevés
Coûts des options faramineux
Visibilité réduite (cabriolet surtout)

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