Quatre pneus gratuits, mais à quel prix?
Une de mes amies s’est procuré l’an dernier une Nissan Sentra flambant neuve, donnant en échange sa vieille Chevrolet Malibu 2011 qu’elle avait reçue de ses parents, quelques années auparavant. Fière de sa nouvelle acquisition, elle était heureuse de savoir qu’avec son achat, elle avait droit à quatre pneus d’hiver gratuits. « Ça fait ça de moins à m’occuper », me disait-elle.
Sachant que les marges de profit sur une Sentra ne sont que très minces, il m’aurait étonné qu’on la chausse de Nokian Hakkapeliitta, lesquels coûtent plus cher que le profit engendré par la voiture. Or, les pneus d’hiver qu’on lui a remis étaient de véritables savonnettes... Des pneus chinois bon marché, d’une marque qui m’était inconnue et dont j’ai même oublié le nom, et qui n'étaient certainement pas homologués par Nissan Canada. Déjà installés sur la voiture au moment de la livraison, parce que l’automne était bien avancé, ces pneus étaient tellement bruyants qu’ils affectaient carrément le confort des occupants.
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Ne connaissant rien des voitures, mon amie m’a elle-même fait la remarque sur le bruit de ses pneus. Puis, elle m’a mentionné que le concessionnaire avait conservé ses pneus d’origine en concession, lui offrant gratuitement l’entreposage. Un autre tracas de moins!
J’ai dû lui expliquer que les pneus qu’elle s’était fait « donner » n’étaient qu’une façon pour le concessionnaire de la fidéliser en tant que cliente. Une formule toute simple, dans la mesure où en conservant ses pneus en concession, on s’assure d’une visite deux fois l’an, pour l’installation des pneus, l’équilibrage des roues et probablement, les vidanges d’huile. Ces visites permettent aussi de vendre d’autres services comme les inspections, le remplacement des freins et autres...
Vous aurez donc compris qu’en offrant « gratuitement » à la cliente ces quatre pneus de 16 pouces, coûtant environ 200-250 $, le concessionnaire s’assure d’une profitabilité à long terme. Une simple stratégie de vente efficace et qui fait l’affaire de plusieurs clients. Pneus fournis, entreposage inclus, sans souci. Dans certains cas, cet exercice permet même à certains propriétaires de se discipliner sur l’entretien de leur véhicule, puisque nombreux sont ceux qui « sautent » des intervalles de vidanges d’huile.
Bien que je comprenne la réalité d’un concessionnaire qui ne fait que très peu de profit sur une telle voiture, le fait de fourguer des pneus de si mauvaise qualité est à mon sens déplorable. Parce que de bons pneus peuvent faire la différence entre un accident ou son évitement. Parce qu’ils impactent sur le confort, le silence de roulement, sur la maniabilité et les distances de freinage. Mais aussi, parce qu’un client qui a déjà goûté à un pneu de qualité est par la suite en mesure de réaliser qu’on lui a vendu ou donné un produit médiocre. Ce fut le cas de mon amie, qui sur sa vieille Chevrolet, chaussait des Michelin montés sur des jantes d’acier. Des pneus qu’elle a d’ailleurs laissés dans le coffre de la voiture en la vendant au concessionnaire, alors qu’elle aurait pu en obtenir quelques centaines de dollars sur un site de petites annonces!
Dans ce contexte, et sachant qu’elle n’appréciait pas le rendement de sa nouvelle Nissan, je lui ai ainsi recommandé l’achat d’un nouveau jeu de pneus, puis la revente de ses pneus chinois. En fin de compte, une dépense supplémentaire d’environ 500 $, considérant la vente des autres pneumatiques pour 250 $. Aujourd’hui, non seulement apprécie-t-elle davantage le rendement de sa voiture, mais elle se sent plus en sécurité, car l’auto chausse des Yokohama IceGuard. Et oui, elle continuera à effectuer les changements de pneus et vidanges d’huile au concessionnaire, parce qu’elle apprécie de pouvoir tout faire au même endroit.
Morale de l’histoire, lorsqu’un concessionnaire vous « donne » un pneu, posez des questions. Assurez-vous qu’il vous offre un pneu de qualité, ou négociez votre achat en conséquence. Au pire, acceptez de débourser un peu plus pour un pneu de meilleure qualité, celui de votre choix. Parce que de plus en plus de concessionnaires ont de toute manière accès à un grand choix de marques. Maintenant, n’oubliez pas non plus qu’il vous est aussi possible de faire affaire avec un spécialiste en pneus, qui saura vous conseiller plus efficacement en fonction de votre modèle de véhicule et de votre type d’utilisation.
En terminant, je vous rappelle de faire attention aux faux pneus d’hiver. À ces pneus qui sont étampés du pictogramme de flocon, mais qui n’ont pourtant rien d’un pneu d’hiver. Des pneus qui peuvent être de qualité, mais qui n’ont pas les propriétés pour être utilisés en saison froide, comme au Québec. Identifiés comme des « tout climat », ils peuvent faire l’affaire dans des régions comme Vancouver, où la neige est presque une exception. Or, pour le Québec, ça prend des pneus d’hiver. Des vrais!