Jaguar XF, la belle sort ses griffes

Publié le 9 octobre 2009 dans 2010 par Marc Lachapelle

Pas facile d’être Jaguar avec le bagage de tradition que porte cette marque au passé glorieux. L’an dernier, ce grand spécialiste britannique du luxe et de la performance s’est libéré de ses fantômes pour entrer de plain-pied dans le nouveau siècle en lançant sa toute nouvelle berline XF. Il ne reste plus à cette Jaguar résolument moderne qu’à s’imposer, ce qu’elle tente avec éclat cette année avec de nouveaux moteurs, de nouveaux modèles et une première version R de 510 chevaux. Coventry n’a pas dit son dernier mot.

Alors même que la « planète automobile » menaçait d’imploser, Jaguar dévoilait bravement une puissante version R de sa plus jeune série au dernier Salon de Detroit et annonçait l’installation de la troisième génération de son V8 de type AJ sous les capots de berlines XF, en versions atmosphérique ou suralimentée par compresseur (supercharged). Et comme pour démontrer les capacités de ce nouveau groupe à injection directe de 5,0 litres, Jaguar proclamait fièrement qu’une XFR pilotée par le coureur Paul Gentilozzi avait atteint 363,18 km/h sur les vastes étendues des célèbres lacs salés de Bonneville dans l’Utah. Elle était propulsée par le même V8 compressé que la version de série.

Loin de céder à la morosité du marché, le constructeur annonçait quelques mois plus tard qu’il allait ajouter un quatrième modèle à la série XF pour 2010, doublant ainsi leur nombre en un an. Le carré d’as allait être complété par une XF Supercharged propulsée par une autre version compressée du V8 AJ, d’une puissance de 470 chevaux. Ce quatrième modèle rejoignait ainsi la berline XF, demeurée fidèle au V8 atmosphérique de 4,2 litres et 300 chevaux, la XF Premium, dotée du V8 atmosphérique de 5,0 litres et 385 chevaux, et la XFR en sommet de gamme avec le V8 suralimenté coté à 510 chevaux que certains avaient présentée à tort comme la remplaçante de la Supercharged.

Sous la loupe

La XFR est effectivement une version résolument sportive, comme toute bonne version R chez Jaguar, alors que la Supercharged jouera plutôt la carte du luxe. La première est d’ailleurs plus légère de 80 kilos et se distingue par les prises d’air inférieures plus grandes et la grille noire de sa calandre, les ouvertures allongées de son capot, ses quatre embouts d’échappement chromés, son aileron arrière fonctionnel, ses bas de caisse plus sculptés et les quelques écussons R qui sont sa signature. XFR et Supercharged roulent toutes deux sur de grandes jantes d’alliage de 20 pouces mais leur dessin est différent. Les freins à disque de toutes les XF renfermant de nouveaux moteurs sont de plus grand diamètre mais c’est la XFR qui est la mieux nantie. On promet également qu’elle atteindra 100 km/h en moins de 5 secondes. À titre de comparaison, la première XF Supercharged, propulsée par le V8 compressé de 4,2 litres et 420 chevaux, réalisait le 0-100 km/h de 5,7 secondes et la XF Premium enregistre cette vitesse en 6,9 secondes. La nouvelle Supercharged devrait s’exécuter en 5 secondes et des poussières et se démarque à l’intérieur par des boiseries en chêne et un plafond en suède qui lui sont exclusifs, un volant chauffant et une chaîne audio Bowers & Wilkins de 440 watts avec radio en haute définition.

Plus concrètement

La silhouette de la XF est douce et profilée mais les écarts entre les panneaux de carrosserie sont plus larges que ce qu’on voit chez Lexus. Le tableau de bord est certes plus moderne, mais sa présentation ne dégage certainement pas la chaleur et l’ambiance cossue des Jaguar classiques. Surtout lorsqu’on coupe le contact et que les buses d’aération se referment comme des huîtres farouches et que la grosse molette du sélecteur électronique de la boîte automatique s’enfonce et disparaît dans la console centrale ! Le panneau horizontal devient alors une vaste surface d’aluminium et la teinte des boiseries du modèle Premium a quelque chose de glacial. Il faut cependant souligner que l’acheteur a le choix de quatre finitions différentes et que les tons chauds de certaines forment un contraste plus harmonieux avec l’aluminium de la planche de bord.

Cette modernité audacieuse visait indubitablement à détacher la XF des contraintes de la tradition et à la mettre en adéquation avec une silhouette inédite. On a simplement l’impression que la première mouture de la XF en fait un peu trop. Dans la même veine, l’écran tactile très chic et design qui occupe le centre de la planche de bord est peu convivial avec ses touches de petite taille qui forcent à viser juste avec le bout du doigt. Les menus sont également confus. Dire que Jaguar se débrouillait si bien avec ses premiers écrans tactiles face aux systèmes ahurissants des Allemands. Par contre, le bouton pour éteindre l’écran directement et le bouton Home qui permet de revenir au menu principal, c’est tout bon. Le système de navigation est d’autre part correct, sans plus. On pourrait en conclure que cette première mouture est une œuvre en développement.

En termes d’ergonomie de conduite, on se taille facilement une bonne position à l’aide de réglages à la fois faciles et accessibles à gauche du coussin. Ce dernier est toutefois un peu court pour offrir un bon maintien pour les jambes. Les places arrière sont simplement satisfaisantes. Les XF ne sont pas des limousines. Le coffre est bien et le dossier arrière se replie en sections asymétriques grâce à des tirettes installées dans le coffre. La vue du conducteur est sérieusement limitée vers l’arrière par la petite taille de la lunette, silhouette profilée oblige. Le moteur de la Premium est doux et sans histoire et la boîte automatique ZF impeccable, y compris en rétrogradant avec les manettes au volant. Rien de mémorable, cependant. Vivement la XFR !

Feu vert

Version XFR prometteuse
Silhouettes modernes et réussies
Boîte automatique impeccable
Roulement doux et confortable

Feu rouge
Tableau de bord tout aluminium
Coussin de siège un peu court
Écran tactile moins convivial
Coffre peu profond

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