Jeep Grand Cherokee, tsé, quand ça va mal…
Décidément, la société Chrysler n’est vraiment pas maîtresse dans l’art de jouer ses pions efficacement. Non seulement on choisit de conserver sur les tablettes des modèles aujourd’hui invendables, comme le PT Cruiser et le Commander, mais on élimine ceux qui connaissent du succès. Soyez sans crainte, Jeep n’a pas rayé de la carte son légendaire Grand Cherokee. Sauf que la version à moteur turbo diesel qui constituait plus de 60 % des ventes au Canada s’est éclipsée en début d’année, au grand dam des concessionnaires…
Ce n’était évidemment pas voulu, mais le Grand Cherokee à moteur diesel d’origine Mercedes a vu sa production cesser le 31 décembre 2008, parce qu’il n’était plus conforme aux normes environnementales de 2009 (comme si le diesel polluait plus que le HEMI de 6,1 litres !). Et comme l’association avec Mercedes-Benz est aujourd’hui chose du passé, on ne peut pas bénéficier du moteur diesel Bluetec qu’on avait pourtant présenté avec le Grand Cherokee à Detroit en 2007. Par conséquent, la « cuvée 2009 » aura été offerte avec un choix de quatre moteurs, tous à essence. Le diesel parti, additionné au fait que l’entreprise ne connait pas la faveur du public en raison de son instabilité financière, vous pouvez être certain que les ventes de Grand Cherokee sont en chute libre. Et ça, çe n’est rien de bon pour Chrysler...
Fort heureusement, cette dégringolade pour le Grand Cherokee s’annonce de courte durée. Ayant dévoilé en avril dernier la quatrième génération du Grand Cherokee au Salon de New York, Jeep a prouvé que les ingénieurs et les designers ne chômaient pas. Ce véhicule, qui utilisera les services d’un tout nouveau V6 à essence de 280 chevaux et d’un châssis monocoque, se présente en effet comme la prochaine vedette du constructeur. Sa configuration structurelle et mécanique différente pourrait d’ailleurs lui faire jouer un double rôle, lui permettant à la fois de s’attaquer au marché des multisegments comme le Ford Edge, ainsi qu’à celui des utilitaires comme le Ford Explorer. Avec ce modèle, Jeep visera bien sûr l’économie, annonçant un V6 11 % plus économique que l’actuel 3,7 litres. Mais on jouera également la carte de la performance avec un V8 HEMI de 360 chevaux. Ce nouveau modèle au style franchement réussi devrait franchir les portes des concessionnaires au printemps 2010, comme modèle 2011. Mais d’ici là, voici ce qu’on propose.
Une gamme simplifiée
Pour 2010, on élimine les versions Laredo, Rocky Mountain et Overland. On dit également adieu au V8 de 4,7 litres qui équipait de série le modèle Limited. Le menu du nouveau millésime ne comporte donc qu’une version North à moteur V6 de 3,7 litres, le Limited à moteur HEMI de 5,7 litres (en option sur le North), ainsi que la diabolique version SRT8 à moteur HEMI de 6,1 litres.
L’objectif pour 2010 ? En vendre le plus possible, même s’il faut donner de gros rabais. Au moment d’écrire ces lignes, je feuillette d’ailleurs un quotidien montréalais dans lequel les publicités du constructeur font véritablement état d’une vente après incendie. Le rabais proposé par rapport au prix de détail suggéré est de 11 750 $, et vous pouvez être certain qu’il en sera ainsi jusqu’à ce que le nouveau modèle fasse son apparition. On pourrait bien sûr modifier le genre de promotion, en offrant par exemple des taux de financement plus alléchants, mais en fin de compte, le rabais sera toujours aussi important. Une chance, car la dépréciation sans rabais serait catastrophique.
Pour se procurer un Grand Cherokee en 2010, il faut néanmoins avoir des besoins spécifiques, ou simplement la flamme pour la marque Jeep. Autrement, un véhicule de conception plus moderne comme le Ford Edge ou le Honda Pilot peut très bien faire l’affaire. Évidemment, si l’objectif est de remorquer ou d’obtenir un véritable gaillard en conduite hors route, vous frappez à la bonne porte. Les divers systèmes 4x4 offerts avec ce modèle demeurent encore aujourd’hui parmi les plus efficaces, permettant au Grand Cherokee de faire mordre la poussière à tout ce qui se termine en « er » (TrailBlazer, Explorer, Pathfinder et 4Runner). Bien sûr, faites ici exception de la version SRT8, dont le champ d’expertise est d’un tout autre ordre.
Le Grand Cherokee propose un habitacle convivial, un poste de conduite élégant et bien aménagé, ainsi qu’un niveau d’équipement pouvant même rejoindre celui des VUS intermédiaires de grand luxe. Contrairement à la banquette arrière, les sièges avant sont confortables, ce qui permet aussi au conducteur d’apprécier la conduite. On déplore néanmoins la qualité de certains matériaux, ainsi que le manque de dégagement pour la tête, surtout lorsque le véhicule est doté d’un toit ouvrant.
HEMI = Shell, Esso, Ultramar…
Le moteur HEMI de 5,7 litres est formidable. Puissant à souhait, souple et dégageant une sonorité envoutante, on le préfère à coup sûr au vieux V6, rugueux et plus ou moins performant. Mais cette puissance a un prix qu’il faut durement payer à la pompe. L’été, c’est autour de 16,5 litres aux 100 kilomètres et l’hiver, on grimpe à 20 litres. Imaginez alors ce que la version SRT8 peut engloutir, surtout si vous avez le pied pesant ! Pas surprenant qu’il s’agisse du véhicule de promenade le plus pollueur d’Amérique du Nord ! Mais bon, aucun autre VUS n’est en mesure de livrer des performances routières aussi relevées et d’arborer une attitude macho aussi accentuée. Le Porsche Cayenne Turbo ? Peut-être, mais certainement pas à moins de 50 000 $.
Feu vert
Confort sur route appréciable
Aptitudes hors route impressionnantes
Bonne capacité de remorquage
Moteur HEMI très agréable
Performances routières démentes (SRT8)
Feu rouge
Abandon du moteur diesel
Consommation élevée (tous)
Banquette arrière inconfortable
Habitabilité décevante à l’avant
Finition très ordinaire