Le monde de Volkswagen- Autostadt
La vraie ville de l’auto ?
Le Dr Ferdinand Piech jouit d'une réputation fort controversée. Certain le traitent de génie, d'autres soutiennent avec véhémence qu'il est totalement capoté. Quand on dit que la folie et le génie sont parfois très peu différents l'un de l'autre, il ne serait pas faux d'affirmer que cette situation pourrait s'appliquer dans le cas de cet ingénieur, petit-fils de Ferdinand Porsche et l'un des plus brillants ingénieurs automobiles de l'après-guerre. En effet, au milieu des années 90, il a décidé de transformer la ville de Wolfsburg au nord de l'Allemagne. Cette ville, assez ennuyante merci à l'époque, était le centre vital de ce constructeur alors qu'on y retrouve une gigantesque usine qui domine tout le paysage avec ses longues cheminées s'élançant vers le ciel. Cette usine fabriquée en brique brune n'aide également pas à égayer le paysage, d'autant plus que la météo y est maussade de septembre à avril. Le Dr Piech a non seulement décidé d'égayer certains bâtiments de son centre de production, de rénover le chanteau de Wolfsburg, mais il a décidé de créer la cité de l'automobile, appelée Autostadt en allemand.
Le but premier de ce complexe gigantesque qui a ouvert ses portes en juin 2000 était de permettre aux clients de l'Allemagne, de l'Autriche et des Pays-Bas de venir le chercher leur voiture à l'usine comme c'était déjà le cas chez plusieurs marques allemandes, notamment Mercedes-Benz et BMW. Mais M. Piech ne fait rien comme les autres. À ce centre de distribution gigantesque, supposément le plus important au monde, il a ajouté un musée automobile de première importance, fait construire sept pavillons thématiques, un pour chaque marque contrôlée par le groupe Volkswagen à l’époque en plus de faire construire deux immenses tours vitrées dans lesquelles on entrepose les véhicules qui seront livrés au cours des 24 prochaines heures. C'est d'ailleurs l'élément le plus spectaculaire de tout ce complexe.
Dans le building central, on retrouve le centre de distribution des papiers d'enregistrement des voitures devant être livrées et leur plaque d'immatriculation. Dans ce même édifice, on peut fréquenter des restaurants, des boutiques de tout genre et une école de conduite réservée aux enfants entre huit et douze ans. Les jeunes n'y apprennent pas à conduire une vraie voiture, mais des répliques miniatures à propulsion électrique de la New Beetle décapotable. On leur enseigne les rudiments du partage de la route sur un parcours de conduite avec feux de circulation s'il vous plaît et à la toute fin ils reçoivent leurs certificats de conduire honorifique de la ville d'Autostadt. Dans les étages supérieurs de cet édifice, on a installé de nombreux éléments thématiques visant à sensibiliser les gens au réchauffement de la planète, à la surpopulation mondiale et aux différents problèmes auxquels sont confrontés les constructeurs automobiles. Ces stations interactives permettent aux visiteurs de pouvoir s'informer de façon ludique. Et lors de ma visite, j'ai pu constater que les enfants semblaient y prendre plaisir.
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Tel que mentionné précédemment, les marques Audi, Lamborghini, Seat, Skoda, Bentley, Volkswagen et Bugatti y ont chacun un pavillon thématique. Le plus spectaculaire d'entre eux est justement celui de la Bugatti où on y retrouve une Veyron toute chromée exhibée dans une enceinte qui lui sert en quelque sorte d'écrin. Le pavillon Audi est circulaire en association avec les anneaux entrelacés de la marque. Quant à Seat, d'origine espagnole, son bâtiment thématique est en partie sur la terre et se projetant sur un étang de grande dimension pour souligner la péninsule ibérique.
Des tours spectaculaires
Mais le clou de la visite demeure ces deux tours gigantesques qui dominent le paysage et qui servent à entreposer 400 voitures dans chaque tour, de voitures qui seront livrées aux clients venus les chercher. C'est fascinant de voir les ascenseurs automatisés venir chercher les voitures pour les descendre dans le sous-sol pour ensuite les diriger vers le centre de livraison. C'est dans cet édifice que les gens viennent prendre livraison de la voiture qu'ils ont commandée. C'est un ballet automatisé qui met en vedette un monte-charge géant prend une voiture pour la descendre au niveau du tunnel qui permet d'accéder au centre de distribution. Un autre élévateur en parallèle permet de les placer les nouvelles voitures dans les espaces disponibles. Chaque jour plus de 600 voitures sont ainsi livrées à des clients allemands, autrichiens et néerlandais. En fait, depuis l'ouverture de ce centre, VW a livré plus de 1.3 millions de voitures neuves aux personnes se déplaçant à Wolfsburg pour y repartir au volant de leur VW car ce centre ne traite que les produits VW et pas les autres produits de ce conglomérat Soit dit en passant, Audi possède également une centre de livraison situé à Neckarsulm situé en banlieue de Munich.
Quelques chiffres
L'idée de M. Piech a été jugée plus que farfelue au tout début. Même si ce dernier a réussi à convaincre la prestigieuse chaîne d'hôtels Ritz-Carlton d’ouvrir son premier établissement en Allemagne à Wolfsburg avant celui de Berlin, plusieurs ne donnaient pas beaucoup de chance à ce projet de connaître du succès. On parlait d’AutoPiech, de Piechstad et on croyait dur comme fer partout en Europe que ce serait un échec cuisant autant pour le principal intéressé, que pour la compagnie Volkswagen au complet.
Mais presque que comme toujours, ce visionnaire a eu raison. Malgré la température maussade en automne, l'éloignement de la ville de Wolfsburg par rapport aux autres grands centres à l'exception de la ville de Hambourg, le projet connaît un succès hors de toute attente. En effet, même si la construction de ce vaste projet a coûté plus de 600 millions de dollars, on a déjà recouvré cet investissement aux trois quarts. Ce qui est tout de même impressionnant quand on sait qu'il s'agit d'un projet visait à mousser une marque et de multiples produits. En général, ce genre de marketing ne fait pas ses frais. Selon la direction de Volkswagen, d'ici cinq à, on aura remboursé l'investissement initial.
Bref plus d'un million et demi de personnes visitent chaque année cet endroit, qui comprend en outre une piste d'essai des véhicule tout-terrain, une gare facilitant l'accès par chemin de fer ainsi que de nombreux restaurants environnants, sans oublier l'hôtel Ritz-Carlton.
Alors que cette ville n'offrait qu'une triste l'usine, tout un gigantesque soit-elle, elle est devenue l'un des plus importants centres d'attraction touristique en Europe. Et l'on dira par la suite que le Dr Piech n'a pas toute sa tête. C'est un visionnaire et comme tous les gens de son espèce, il est plutôt mal vu par plusieurs personnes. Naturellement, son entêtement et ses prises de position inébranlables ne le rendent pas nécessairement populaire. Mais il a raison la plupart du temps. À une exception près, et elle est fort importante, il a manœuvré pour que la compagnie Porsche devienne actionnaire majoritaire de Volkswagen au cours de l'été de 2009 et les choses ont mal tourné. Porsche a manqué de liquidités et a dû s'associer au groupe Volkswagen. Dorénavant Porsche n'est pas qu'un simple associé de Volkswagen, il est partie intégrante de ce groupe. Ce qui signifie sans doute que lors de ma prochaine visite, il y a aura également un pavillon Porsche...
Mais puisque c'est le Dr Ferdinand Porsche qui a dessiné la célèbre coccinelle avant de fonder sa compagnie, c'est une conclusion tout de même assez logique.