Nissan Versa 2021 : coucou, je suis là!

Publié le 7 janvier 2021 dans Premiers contacts par Antoine Joubert

Cela fait maintenant plus d’un mois que la Nissan Versa 2021 est débarquée chez les concessionnaires. Une voiture arrivée tardivement par rapport au plan initial, puisque n’eût été la COVID-19, elle aurait touché le sol canadien au début de l’automne.

Pourtant, cette sous-compacte donne l’impression d’avoir pris les stratèges de Nissan par surprise. Comme si elle était débarquée sans avertissement. Remarquez, on pourrait en dire autant de bon nombre de produits lancés en cours d’année 2020, cette satanée pandémie ayant chamboulé les plans de tous.

Soyez cependant assuré que d’ici peu, une vaste campagne publicitaire sera lancée pour faire connaître cette sous-compacte, qui roule sa bosse chez nos voisins du Sud depuis déjà plus d’un an. Une berline développée pour des marchés mondiaux, puisqu’elle est aussi commercialisée en Thaïlande et en Malaisie sous le nom de Nissan Almera.

Son rôle? Reprendre le flambeau laissé par la sympathique Micra, que les Américains avaient rejetée du revers de la main. En effet, ils lui préféraient la berline Versa de précédente génération, que le Canada avait pourtant abandonnée en 2014, faute de succès. Cette nouvelle Versa se veut donc la continuité du modèle de précédente génération, alors que la Versa Note s’est pour sa part vue remplacée par le Nissan Kicks. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que le Kicks et la berline Versa partagent les mêmes éléments mécaniques et structuraux. Ils reposent d’ailleurs sur une plate-forme qui fut très rentable pour Nissan, ayant aussi servi aux précédentes Micra et Versa.

Une berline?

Avec la disparition massive des sous-compactes en 2020, ainsi qu’avec l’abandon des berlines Kia Rio et Mitsubishi Mirage, la Versa se veut en 2021 l’unique berline sous-compacte du marché canadien. Soyez-en certains, les stratèges de la marque auraient préféré continuer de surfer sur la vague de la Micra, avec un modèle de nouvelle génération. Cette sympathique sous-compacte a connu chez nous un franc succès, particulièrement au Québec, où les acheteurs de ce type de véhicules sont plus nombreux. Hélas, bien qu’une nouvelle Micra poursuive aujourd’hui sa carrière du côté de l’Europe, il aurait été impossible sur le plan financier de nous l’offrir. Surtout en considérant le désintérêt des Américains ainsi que la baisse de popularité du segment.

Pour ne pas délaisser une clientèle qui fut néanmoins importante au cours des cinq dernières années, Nissan n’avait donc comme solution que d’importer la berline Versa. Rassurez-vous, cette mouture fait rapidement oublier l’ancienne, que l’on pourrait qualifier de flagrante erreur de parcours. Une voiture plus sérieuse et convaincante, nettement mieux ficelée, mais qui n’est peut-être pas aussi « sympa » que la Micra. Il faut se rappeler que cette automobile lilliputienne avait su conquérir le cœur de bien des gens, autant ceux qui recherchaient un moyen de transport minimaliste que les acheteurs au budget serré ou que les étudiants en quête d’une première bagnole. Et bien que la Versa ait toutes les qualités pour rejoindre cette clientèle, il faudra que Nissan la prenne au sérieux et lui consacre beaucoup d’énergie afin de lui donner l’image qu’elle mérite. Car non seulement troque-t-on ici une voiture à hayon pour une berline, mais il faut aussi considérer que le marché délaisse de façon générale ce type de voitures.

Risque ou opportunité?

En connaissant les talents stratégiques du constructeur, je suis d’avis que la Versa a de bonnes chances de réussite. Ce qui devrait se traduire par des ventes annuelles canadiennes oscillant entre 8 000 et 10 000 unités par année, alors que la Sentra risque de faire un peu mieux. Or, il faudra pour cela que Nissan ajuste ses taux de financement, de location et ses promotions en conséquence, puisque pour l’heure, vous pouvez obtenir une Sentra 2020 flambant neuve à prix moindre (par quelques dollars) que la Versa 2021, de gamme équivalente.

Photo: Antoine Joubert

Voilà justement le genre de situation qu’il faut éviter, sachant que bon nombre de sous-compactes sont disparues du marché parce qu’elles ne coûtaient qu’une poignée de dollars de moins que la compacte de même famille. Par exemple, les gens préféraient opter pour une Elantra (pour 20 $ dollars de plus mensuellement) que pour une Accent. Et si le client lui-même n’en avait pas l’idée, le vendeur le lui suggérait fortement. C’est donc ce genre de stratégie qui a eu raison des sous-compactes. Et il faudra que les gens de Nissan évitent le piège à tout prix. Remarquez, la Versa pourrait aussi contribuer à mousser les ventes de la Sentra, en la faisant découvrir à une clientèle qui, initialement, ne l’aurait pas envisagée. Bref, que vous achetiez une Versa ou une Sentra, pour Nissan, c’est tout ce qui compte!

Des airs de Sentra

Au premier coup d’œil sur la Versa, on croirait apercevoir une Sentra. Puis, au second, on constate que les dimensions sont moindres, ce qui ne lui enlève rien de son élégance. Saluons ainsi les designers qui ont su créer une berline sous-compacte joliment tournée. Un tour de force considérant la complexité de créer de jolies berlines en format de poche. À preuve, les gâchis que sont les dernières moutures des Chevrolet Sonic, Ford Fiesta (la pire!) et Mitsubishi Mirage G4.

Bien sûr, la Versa reçoit, comme les autres berlines de la marque, cette calandre en V ainsi qu’une ceinture de fenestration dont la ligne supérieure se poursuit jusqu’à la base de la lunette arrière, lui donnant en quelque sorte des allures de raton laveur. Bien que l’empattement soit similaire à celui du Nissan Kicks, la Versa gagne 20 centimètres en longueur. Cela explique en partie son volume de chargement de 416 litres, supérieur à celui des berlines Civic, Elantra, Mazda3, Corolla et oui, de la Sentra!

Photo: Antoine Joubert

À bord, le jeu des teintes égaie l’environnement qui ne donne pas l’impression d’une voiture bas de gamme. En optant pour la version S de base, vous constaterez cependant que plusieurs caractéristiques essentielles brillent par leur absence. À commencer par Apple CarPlay et Android Auto, mais aussi parce qu’on lui a retiré l’accoudoir central rabattable ainsi que la banquette arrière rabattable. La version S de base est également la seule à ne pas bénéficier de la climatisation automatique, des jantes en alliage et des systèmes d’alerte de trafic transversal ou d’obstacle dans les angles morts. Néanmoins, on lui greffe un groupe électrique complet, le régulateur de vitesse, la climatisation et quelques caractéristiques de sécurité active.

La version SV de milieu de gamme risque assurément d’être la plus populaire. L’équipement y est complet et la présentation à bord est plus riche, notamment en raison d’une sellerie de plus belle facture. Plusieurs teintes extérieures s’ajoutent aux options très primaires de la version S (gris, noir, blanc). C’est au volant d’un modèle SV que j’ai pu parcourir quelques centaines de kilomètres, histoire de me familiariser avec ce véhicule. Ergonomie exemplaire , sièges confortables, excellente position de conduite et polyvalence d’aménagement sont à souligner, de même qu’un espace généreux aux places arrière. On lui reproche cependant la piètre qualité sonore du système audio et l’absence d’un réglage à la verticale pour le siège du passager, très hautement positionné.

Pour 1 500 $ supplémentaires (20 998 $), la version SR se dote en plus de phares à DEL, d’un aileron arrière, de jantes de 17 pouces, un tissu haut de gamme de même qu’un volant gainé de cuir. Puis, de deux autres haut-parleurs, ce qui ne fera pas de tort...

Photo: Antoine Joubert

Manuelle ou CVT?

Bien que la boîte CVT (automatique à variation continue) de Nissan ait connu des ratés de fiabilité au cours des dernières années, difficile de ne pas la préférer à la manuelle, qui n’est offerte que sur la version S de base. Une boîte à seulement cinq rapports (la même que l’ancienne Micra), qui fait grimper la consommation de 15% ou d’un litre aux 100 km, par rapport à la CVT. Nissan ne la propose d’ailleurs que dans l’optique d’afficher un prix d’entrée plus bas, bien conscient que rares sont les acheteurs qui la choisiront.

À l’instar du Kicks, la Versa hérite du quatre cylindres de 1,6 litre produisant 122 chevaux, avec lequel vous obtiendrez une moyenne de consommation combinée sous la barre des 7 L/ 100 km, et même sous les 6 litres sur l’autoroute. Donc, une mécanique aussi fiable que frugale, et qui réalise des performances honnêtes, comme en témoigne le 0-100 km/h enregistré en 10,6 secondes.

Photo: Antoine Joubert

Stable sur la route, mais clairement moins bien ancrée au sol que la Sentra, la Versa demeure d’abord une citadine. Cela dit, elle convient adéquatement à un usage autoroutier, où le niveau sonore et le confort s’avèrent très acceptables. Comme avec le Kicks, la légèreté du train avant ainsi que l’effet de couple initial affectent hélas la maniabilité et l’agrément de conduite. La direction est précise, mais les corrections de trajectoire sont souvent nécessaires, même à basse vitesse. Un irritant qui n’est pas majeur, mais que vous constaterez assurément si vous faites simultanément l’essai de la Sentra et de la Versa.

Photo: Antoine Joubert

Combien?

En ce qui me concerne, l’erreur de Nissan réside dans un prix trop élevé. À 16 498 $, la version S de base n’affiche une facture inférieure que de 2 700 $, par rapport à son équivalent de la gamme Sentra. Même chose avec la version SV, qui sera la plus convoitée. Selon moi, il aurait fallu un écart d’au moins 3 000 $ entre Versa et Sentra, en plus d’afficher un prix d’entrée sous les 16 000 $, soit 15 998 $. Parce que dans les voitures d’entrée de gamme, le prix affiché demeure un grand incitatif psychologique.

Considérez également qu’en location, les valeurs résiduelles risquent d’être un tantinet plus faibles avec la Versa, ce qui réduira encore davantage l’écart des mensualités entre les deux modèles. À moins bien sûr que Nissan mette le paquet du côté des taux de location, avec une gestion exemplaire de son inventaire. Un jeu complexe que Nissan maîtrise généralement très bien, mais qui sera vital afin que la Versa connaisse le succès qu’elle mérite.

Quelques mois seront nécessaires afin de connaître l’intérêt du public pour ce modèle. C’est aussi au printemps, lorsque les ventes reprendront, que le prix réel et les mensualités de location de cette Versa nous permettront de trancher face à son avenir. Or, au-delà du prix, sachez que le produit est réussi et franchement convaincant. Une première bonne nouvelle, étant donné que l’industrie considère le marché de la sous-compacte comme étant insipide…

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Nissan Versa 2021
Version à l'essai SV
Fourchette de prix 16 498 $ – 20 998 $
Prix du modèle à l'essai 19 498 $
Garantie de base 3 ans/60 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 5 ans/100 000 km
Consommation (ville/route/observée) 7,4 / 5,9 / 6,4 L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents Chevrolet Spark, Kia Rio, Mitsubishi Mirage
Points forts
  • Habitabilité
  • Faible consommation (CVT)
  • Ligne sympathique
  • Rapport équipement/prix (SV)
Points faibles
  • Un tantinet trop chère
  • N'a pas le charme de la Micra
  • Consommation en hausse (manuelle)
  • Train avant parfois instable
Fiche d'appréciation
Consommation 4.0/5 Très faible, à l'exception de la version S à boîte manuelle, qui voit sa consommation grimper de 15%.
Confort 3.5/5 Bien que moins confortable que la Sentra, la Versa étonne à ce chapitre. Toutefois, l'absence d'un accoudoir sur la version S de base est un irritant.
Performances 3.5/5 Avec un 0-100 km/h enregistré en 10,6 secondes, la Versa affiche des accélérations honnêtes.
Système multimédia 4.0/5 Sans être exceptionnel, le système multimédia propose plusieurs fonctions très prisées par les acheteurs d'aujourd'hui.
Agrément de conduite 3.0/5 La Versa n'a pas la verve de la Micra.
Appréciation générale 3.5/5 Un produit convaincant, dans la mesure où l'écart de prix avec la Sentra est considérable.
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