Land Rover Range Rover, five liter, my lord !
J’en suis encore tout abasourdi, mais oui, c’est vrai, la famille des produits Land Rover adopte officiellement cette année une nouvelle famille de motorisation. Pour les adeptes de la marque, c’est probablement une aussi bonne nouvelle que si on annonçait à Pierre Falardeau que l’indépendance du Québec était maintenant chose faite ! On dit donc adieu au V8 de 4,2 litres suralimenté que Land Rover et Jaguar étiraient depuis une quinzaine d’années, ainsi qu’au V8 de 4,4 litres d’origine BMW, tout aussi âgé. Désormais, place au 5,0 litres…
Il faut dire que depuis l’acquisition du groupe Jaguar/Land Rover par la firme indienne Tata, on sent que les choses bougent. Au Canada, on ne vend pas vraiment plus de véhicules, mais l’attitude du constructeur semble avoir changé. Aujourd’hui, on sait que l’acheteur d’un VUS de luxe considère aussi les facteurs de fiabilité et de service après-vente dans ses critères d’achat, et que la technologie retrouvée chez la concurrence doit aussi être appliquée chez Land Rover. Pour 2010, la gamme de modèles se renouvelle donc comme jamais, ce qui laisse croire que les représentants de ces deux marques pourraient avoir plus de boulot qu’ils n’en ont jamais eu.
Retouches discrètes
Le Range Rover, porte-étendard de la famille, reçoit cette année de petites modifications esthétiques, question de moderniser sa robe. Il faut dire qu’il était inutile de faire subir à ce camion une refonte esthétique complète, puisque le style de sa carrosserie plait encore comme au premier jour. Néanmoins, les stylistes ont cru bon lui greffer des phares adoptant la technologie DEL, des feux de position à trois lignes devant et derrière, une grille de calandre et un pare-chocs au style plus contemporain, ainsi que des prises d’air latérales. On découvre également de nouvelles jantes qui, toutefois, ressemblent à s’y méprendre à celles qu’elles remplacent.
Question de tendance, on a modernisé à bord l’instrumentation qui, jusqu’à maintenant, conservait une apparence vieillotte, notamment en raison de son éclairage verdâtre. Désormais, les cadrans indicateurs sont plus élégants et encerclent un centralisateur informatique très bien illustré. Le Range Rover voit aussi son système de navigation entièrement remanié, reprenant l’interface de celui de la Jaguar XF. Pour le reste, seuls les plus grands connaisseurs sauront remarquer les nouveaux agencements de teintes intérieures qui, comme toujours, permettent au Range Rover d’offrir un habitacle d’une rare beauté.
Au volant, le conducteur ressent la grâce et l’opulence à un degré de loin supérieur à celui ressenti chez les rivaux. La position de conduite élevée, la superbe qualité des cuirs et autres matériaux, ainsi que la riche présentation expliquent pourquoi tant de gens rêvent de conduire un Range Rover. Et bon, les gadgets dernier cri sont nombreux, surtout avec l’ajout en 2010 de caractéristiques comme le régulateur de vitesse adaptatif et l’indicateur d’obstacle dans les angles morts.
Puissance à la hausse
En 2009, pour un Range Rover « de base », on déboursait la somme de 93 000 $. Et à ce prix, il y avait lieu de se plaindre d’un manque de puissance, qui s’accompagnait en plus d’une consommation d’essence démentielle. Seule la version Supercharged déployant 400 chevaux pouvait se défendre au chapitre des performances, moyennant 20 000 $ supplémentaire et une consommation dépassant souvent les 20 litres aux 100 kilomètres. L’arrivée pour 2010 d’un nouveau V8 de 5,0 litres à aspiration naturelle constitue donc une excellente nouvelle, puisqu’il livre désormais une puissance quasi similaire à celle de la précédente Supercharged.
Les mordus de puissance pourront toutefois opter pour une version suralimentée de ce même moteur, utilisant un compresseur Eaton, qui commande la bagatelle de 510 chevaux. Par rapport aux moteurs qu’ils remplacent, les deux versions de ce nouveau V8 se voudraient moins gourmandes de l’ordre de 7 %, donc encore très assoiffées, et moins néfastes pour l’environnement. Utilisant l’injection directe de carburant, ces V8 obtiennent d’ailleurs la mention ULEV2 (véhicule à émissions ultrabasses).
Évidemment, ces V8 ont une incidence majeure sur le comportement du véhicule, qui se veut plus enjoué. Le Range Rover est toujours aussi stable et ancré au sol, et excelle toujours autant en conduite hors route, malgré son poids démesuré. On a même ajouté à la liste des caractéristiques un nouveau système de gestion de suspension comprenant à chaque roue une électrovalve de contrôle d’amortissement, pour une meilleure stabilité sur et hors route. Les freins ont aussi été retouchés, atteignant 15 pouces de diamètre à l’avant pour la version Supercharged. Pour freiner une telle masse, ce n’est toutefois pas de trop.
Sachant que l’opulent Range Rover est aujourd’hui plus enclin que jamais à faire l’envie de votre voisinage, il ne reste plus qu’à savoir si le nombre de visites chez le concessionnaire ira en diminuant. Car on a beau se vanter chez Land Rover que les entretiens périodiques se font tous les 24 000 kilomètres, il n’en demeure pas moins qu’entre ça, le véhicule pourrait nécessiter des réparations-surprises !
Feu vert
Nouveaux moteurs
Aptitudes sur et hors route impressionnantes
Cuirs somptueux
Confort royal
Bonne capacité de remorquage
Feu rouge
Fiabilité encore à prouver
Prix élevé
Consommation toujours élevée
Forte dépréciation
Arrogance de certains concessionnaires