Suzuki Kisashi 2010, la meilleure Suzuki à date, mais...
La compagnie Suzuki a toujours été une énigme pour l’auteur de ces lignes. En effet, elle est l’un des meilleurs et plus importants constructeurs de moto au monde sans oublier la qualité de leurs moteurs hors bord et de leurs véhicules tout terrain. Dans la plupart de ces catégories, ce géant nippon fait partie des meilleurs quant il n’est pas le leader. Par contre, lorsqu’on examine son parcours dans le secteur de l’automobile, c’est plus erratique.
Sur les marchés japonais et indien Suzuki est une marque dominante dans le secteur de petites voitures tandis que son parcours sur les autres marchés internationaux est beaucoup plus erratique. Aux États-Unis et au Canada, ce constructeur est présent depuis plus de deux décennies et contrairement à plusieurs autres marques japonaises, il n’a pas encore été en mesure de faire sa place au soleil. Il y a eu des succès en cours de route, mais il y a également eu de cuisants échecs avec des modèles provenant de compagnies associées qui n’ont pas toujours rencontré les attentes du public. Mais il semble que l’ère des partenaires fournisseurs est en voie de disparaître alors que Suzuki a décidé de passer à l’action et de concevoir et produire des modèles qui lui sont propres. La Kisashi fait partie de cette génération.
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Plus sage que le prototype
Lors de ma prise de contact avec la voiture de production, j’ai été frappé par le caractère plutôt sage des lignes de la carrosserie. C’est équilibré et agréable sur le plan esthétique, mais les véhicules concepts proposaient des lignes tellement agressives en plus de leur grosse calandre toute chromée que je m’attendais à ce que le modèle de production soit de la même mouture. Ces voitures concepts avaient pour but d’attirer l’attention sur le nom Kisashi en premier et Suzuki en second lieu. On nous avait proposé une grosse berline, un hayon avec traction intégrale pour ensuite arriver avec la version définitive. Heureusement, la version finale est plus songée.
Le meilleur moyen de décrire cette nouvelle venue est de la comparer è une Volkswagen Jetta dotée d’une grille de calandre différente avec l’écusson Suzuki en plein centre de la grille tandis que la partie arrière se distingue par son couvercle du coffre doté d’un béquet intégré de forme arrondie, de sorties d’échappement triangulaires et de phares rectangulaires débordants sur les ailes. Ce design est plaisant à l’œil et devrait pouvoir bien vieillir sur le plan esthétique.
L’habitacle est bien équilibré sur le plan visuel. Comme le veut la tendance actuelle, le centre de la planche de bord est occupé par un console verticale s'amenuisant vers le bas et abritant toutes les commandes audio et de climatisation. Tout est dans la norme actuelle, sans excès. Mais sans innovation également. De toute manière, je ne crois pas que cette catégorie soit propice aux nouveautés transcendantes. J’ai eu l’occasion d’essayer une version avec intérieur noir et une autre avec intérieur beige avec accents en chrome et l’ambiance de cette dernière me rappelait celle d’un produit VW. Je ne parle pas de copie, mais d’ambiance similaire et ce n’est pas une critique. Soulignons au passage l’excellente habitabilité de cette compacte dont les dimensions intérieures sont similaires à une intermédiaire. Nous sommes loin des habitacles tarabiscotés de certaines Suzuki du début de siècle alors qu’on avait l’impression que le design était le fait d’un handicapé visuel.
L’intégrale
Sur le plan de la mécanique, les inconditionnels des produits nippons seront heureux d’apprendre que la Kisashi est assemblée au Japon, à l’usine de Sagara. Elle est en plus propulsée par un moteur Suzuki de 2,4 litres. Ce quatre cylindres produit 185 chevaux lorsqu’il est associé à la transmission manuelle à six rapports qui est la transmission de série. Si vous optez pour la transmission optionnelle CVT à rapports continuellement variables, la puissance est de 178 chevaux. Cette transmission peut être gérée par des pastilles placées derrière le volant et sa programmation simule des rapports réels comme c’est maintenant la tendance. En plus, la Kisashi est livrée en version de base avec les roues avant motrices mais elle peut être commandée avec une transmission intégrale qui est actionnée à l’aide d’une commande placée sur le tableau de bord. Celle-ci travaille de concert avec un système de stabilité latérale et son travail est efficace et transparent.
Bonne routière
Jusqu’au moment de prendre la route, cette Suzuki impressionne autant par son apparence, son équipement que son habitacle. C’est la première Suzuki destinée à notre marché qui fasse preuve d’autant d’homogénéité. Mon modèle d’essai était doté de la transmission CVT et du rouage intégral. Les premiers kilomètres m’ont cependant laissé sur mon appétit. Les prestations du moteur étaient correctes, tout comme la tenue de route, mais le représentant de Suzuki m’avait tellement vanté les qualités sportives de cette berline que je m’attendais à plus. D’autant plus que, comme d’habitude, je trouvais que la direction était trop assistée et engourdie.
Ce sont mes premières impressions. Au fil des kilomètres, je me suis réconcilié avec cette Suzuki qui m’a prouvé la rigidité de sa plate-forme, sa tenue de route saine et une consommation de carburant dans la bonne moyenne. Mais si on peut qualifier les accélérations de correctes, j’ai trouvé que ça manquait un peu de punch pour une berline sportive. Dans cette catégorie, il y a en qui semblent avoir plus de muscles. Il ne faut donc pas la considérer comme une berline sport, mais comme une berline tout court.
Somme toute, la Kisashi est la meilleure berline jamais produite par Suzuki. Reste à voit maintenant quelle sera sa fiabilité à court et moyen terme. Mais si elle est le meilleur produit de sa marque, face à la concurrence, elle sera parmi les plus intéressantes des berlines compactes, mais pas nécessairement celle qui domine le lot.