Ford Taurus, pourquoi la dénigrer?

Publié le 8 novembre 2007 dans Essais par Alain Morin

Admettons-le tout de suite. Ford a mauvaise presse. Avec ou sans raisons. Il faut admettre que l’entreprise à l’ovale bleu a quelquefois pris des décisions plutôt saugrenues. Mais depuis quelques années, Ford s’est repris en main et la qualité des voitures (et camions) qui quittent les lignes d’assemblages s’est grandement améliorée. Bon, ce n’est encore parfait et il est quelquefois facile à trouver à redire mais, dans l’ensemble, Ford fait du bon boulot. Malheureusement, le mal est fait et, pour plusieurs, le seul nom Ford sur la calandre suffit à dénigrer la voiture. Dommage. Car c’est ainsi que le public se prive d’une très bonne voiture, la Taurus.

Lorsqu’est venu le temps, le printemps dernier, de présenter la nouvelle génération de la Five-Hundred, les dirigeants de Ford ont plutôt décidé de raviver un nom qui fut, il y a quelques années, très populaire, Taurus. Si certaines générations de la défunte Taurus présentaient des lignes à la limite de l’extravagance, on ne peut pas dire que celles qui parent le nouveau modèle soient le moindrement excitantes. Pourtant, il y a plusieurs personnes qui recherchent exactement ce type de voiture qui est plus pratique qu’esthétique. Disons poliment qu’avec la Taurus, ils sont très bien servis!

Si les dimensions extérieures de cette voiture imposent le respect (plusieurs personnes se demandaient s’il s’agissait d’un gros "char de police"!), que dire de l’habitacle, vaste à souhait. Les gens assis à l’avant reposent sur des sièges confortables mais le conducteur aura peut-être de la difficulté à trouver une bonne position de conduite. Par contre, le siège offre tellement de recul que seuls les gens mesurant plus de 9’ auraient raison de se plaindre! Votre humble et très talentueux serviteur a trouvé le volant un tantinet trop grand, ce qui, toutefois, ne devrait pas déplaire aux acheteurs visés par la Taurus, dont l’âge moyen est de 61 ans. Les plastiques s’avèrent de bonne qualité et l’instrumentation est claire. Notre voiture d’essai était pourvue d’un système GPS dont l’écran était aveuglé par le soleil, comme la grande majorité des écrans, peu importe le constructeur.

L’habitacle est certes généreux mais que dire du coffre qui pourrait, en "foulant" un peu, contenir le Centre Bell et une bonne partie de la rue de la Gauchetière. Le couvercle lève haut et l’ouverture se fait très grande. Si ce n’était pas suffisant, il y a toujours la possibilité de baisser le dossier des sièges arrière. Et pour le transport des objets vraiment longs, le dossier du siège avant droit se rabat vers l’avant. Malheureusement, un seuil de chargement élevé vient assombrir un peu cette idyllique description.

Deux des critiques les plus sévères qui étaient adressées à la génération précédente de la Taurus concernaient la puissance du moteur et le comportement de la transmission CVT. Dans le premier cas, Ford a choisi un V6 de 3,5 litres de 263 chevaux plutôt que de continuer avec le déplorable 3,0 litres de 203 chevaux de la première version. Le 3,5 litres s’avère silencieux, doux et il ne semble jamais s’essouffler. Pour l’aider, on lui a trouvé une transmission automatique à six rapports qui, si elle ne travaille pas avec plus d’empressement qu’il ne le faut en certaines occasions, nous fait rapidement oublier la détestable CVT d’autrefois. Notre Taurus était équipée du rouage intégral (AWD), ce qui lui conférait un niveau de sécurité accru. Munie de bons pneus d’hiver, une Taurus AWD ne devrait pas s’enliser facilement. Ce rouage n’ajoute qu’une centaine de kilos à une Taurus traction (roues avant motrices) et devrait augmenter la consommation d’environ un litre aux cent kilomètres. Durant notre essai, nous avons obtenu une moyenne de 13, 0 litres aux cents, ce qui n’est pas vilain compte tenu du poids de la voiture (1730 kg), de son moteur de 263 chevaux et du rouage intégral. Mais cette consommation n’est pas, non plus, négligeable…

Curieusement, malgré ses dimensions imposantes et son physique qui passe à peu près inaperçu, la Taurus propose un comportement routier des plus acceptables. Conduite avec un peu plus d’empressement qu’aucune Taurus ne devrait jamais connaître, notre voiture d’essai nous a prouvé que les suspensions offrent une bonne dose de confort mais savent garder les pneus en contact avec la route. La direction ne souffre pas d’un excès de "feedback" mais se révèle plutôt précise. Malgré un bon roulis (la voiture penche en courbes), la Taurus demeure contrôlable et si les limites de la physique sont dépassées, le système de contrôle de la traction intervient avec beaucoup d’autorité et bien peu de discrétion! Les pneus de notre véhicule d’essai, de très bons Pirelli P6 de 18", aidaient assurément à afficher une bonne tenue de route.

Deux niveaux d’équipement sont proposés, soit SEL et Limited et chacun peut se parer du rouage intégral. Les prix débutent à 30 899$ et vont jusqu’à 39 199$ pour une voiture "fouléquipe", nonobstant, bien entendu, toute forme de taxes, d’intérêt, de préparation etc, etc, etc… En général, les taux d’intérêts sont plutôt bas chez Ford et il est sans aucun doute possible d’obtenir un fort bon prix. Si vous achetez, cependant, n’attendez pas trop de la valeur de revente…

Dans sa catégorie, la Taurus constitue un véhicule à considérer de façon très sérieuse. Plus dynamique qu’une Buick Allure mais moins jolie (c’est une appréciation tout ce qu’il y a de moins objectif…), plus discrète donc moins radicale qu’une Chrysler 300 tout en étant moins confortable qu’une Toyota Avalon mais beaucoup plus agréable à conduire, la Taurus mérite le détour… si vous n’êtes pas amateur de Civic "tunée", bien entendu!

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