Un funeste début de saison pour les motocyclistes au Québec

Publié le 17 mai 2021 dans Actualité par Agence QMI

Par Erika Aubin

Les motocyclistes viennent à peine de sortir leurs engins sur les routes du Québec, mais les accidents mortels s’accumulent à un rythme effarant. Déjà, neuf personnes ont perdu la vie depuis le début de la saison, soit 50% de plus qu’à pareille date l’an dernier.

« Il y a eu une hausse du nombre de décès à moto en 2020 et malheureusement, on semble parti pour répéter l’expérience », s’alarme Gino Desrosiers, porte-parole pour la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

C’est que l’année 2020 a été particulièrement catastrophique pour les motocyclistes, révèle le plus récent bilan routier de la SAAQ. Soixante-sept d’entre eux ont perdu la vie, soit 22 de plus qu’en 2019.

Il s’agit également d’une augmentation par rapport à la moyenne des cinq dernières années, qui est de 50 décès.

Pas moins de six motocyclistes avaient perdu la vie au cours des mois de mars, avril et mai 2020, selon les données de la société.

Le mois de mai 2021 n’est pas terminé et déjà au moins neuf accidents de moto se sont avérés fatals depuis le début de cette saison-ci, d’après une recension faite par Le Journal.

Le beau temps s’est à peine pointé le bout du nez cette semaine que deux motocyclistes ont péri dans des collisions.

Un homme de 50 ans est mort après un impact avec un camion mercredi, au centre-ville de Montréal.

Le lendemain, un autre motocycliste a dévié de sa voie, à Magog, en Estrie, avant d’entrer en collision avec un camion à benne. Louis Marcotte, 69 ans, est décédé sur le coup.

Situation préoccupante

La situation est « préoccupante » aux yeux de Gino Desrosiers. Il se fait d’ailleurs un sang d’encre à l’approche de la longue fin de semaine de congé pour la Journée des patriotes, un week-end « propice aux grandes balades à moto. »

« Dès qu’il fait un peu beau et que les belles journées du printemps arrivent, tout le monde est excité. Ça fait perdre la notion de sécurité à bien du monde », a récemment mis en garde Yvan Sévigny, président des écoles de conduite Tecnic, lors des premiers accidents fatals.

Une part significative des collisions mortelles à moto impliquait des conducteurs débutants, selon l’analyse des dernières années, souligne Gino Desrosiers.

Vague de débutants

La pandémie aura également amené une vague de nouveaux conducteurs, explique-t-il, puisque nombreux sont ceux qui se sont tournés vers des activités comme la moto, plutôt que de partir en voyage, par exemple.

« On retrouve aussi beaucoup de personnes qui conduisaient une nouvelle moto. Ça peut changer la façon de conduire, car l’engin n’a plus le même poids ni la même puissance. Il faut se donner le temps de réapprivoiser sa monture quand on change de moto pour éviter les surprises », soutient-il.

En 2020, la vitesse était aussi un facteur surreprésenté dans les accidents mortels, comparativement aux autres années, constate la SAAQ.

« Comme il y avait moins de circulation à cause de la pandémie, les gens sur la route se pensaient plus seuls et augmentaient leur vitesse », dit M. Desrosiers.

Même si la saison de moto a commencé tragiquement, « il n’est pas trop tard pour réajuster le tir. »

« La saison est jeune, on peut encore essayer de rendre l’été moins meurtrier », estime-t-il.

« Il faut que chacun fasse sa part. Les motocyclistes doivent être plus visibles, s’assurer de ne pas rester dans l’angle mort des véhicules et ne pas rouler au-dessus de la limite de vitesse. Comme chaque printemps, les automobilistes doivent réapprendre à partager la route, car on perd l’habitude de le faire », insiste Gino Desrosiers.

Chacun sa part

« Au printemps, les motocyclistes oublient que les automobilistes ne sont plus aux aguets pour les voir. S’assurer d’être visible, c’est essentiel à moto », rajoute Yvan Sévigny. Ce dernier suggère même un petit cours « de rafraîchissement » en début de saison aux motocyclistes.

« Quelques heures suffisent, explique-t-il. C’est qu’il y a des manœuvres d’habileté qu’il faut bien réintégrer après six mois à ne pas avoir conduit de moto, comme le freinage dans une courbe. » 

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