Mitsubishi Mirage 2021 : pour le prix, et encore...

Publié le 1er juin 2021 dans Essais par Antoine Joubert

On le sait, les voitures citadines disparaissent du marché à la même vitesse que les clubs vidéo. Dans quelques années, elles ne seront qu’un vague souvenir. Pourtant, Mitsubishi Motors persiste avec sa Mirage, laquelle fut lancée en 2014 et dont on se moquait déjà à cette époque, et qui a droit à de sérieuses retouches pour 2021.

Si le constructeur nippon y voit toujours un intérêt, c’est parce que 40% des acheteurs de ces voitures en sont à leur première auto neuve. Et souvent, à la première voiture, point. Pour Mitsubishi, une occasion de fidéliser un client qui pourrait ensuite se procurer un des VUS de la famille. Mais encore, il faudrait pour cela que ledit client connaisse une première bonne expérience.

Il va sans dire que l’achat d’une Mirage ne tient pas de la passion. On pourrait sans doute lui trouver un certain charme de par sa taille minimaliste et parce qu’elle a encore bonne mine, mais il est clair que la séduction n’est pas au centre des priorités de ce modèle, qu’on ne promeut d’ailleurs d’aucune façon chez le constructeur. La Mirage s’adresse à ceux pour qui l’automobile est un mal nécessaire. Aussi à ceux qui ont un budget serré ou qui doivent recourir à un crédit spécialisé.

Pour 2021

Timidement débarquée en janvier dernier, la Mirage 2021 est encore aujourd’hui très rare. À peine une centaine d’unités ont été attribuées aux différents concessionnaires canadiens, certains l’ayant d’ailleurs ignorée.  Il faut dire que plusieurs marchands ont en stock des modèles 2020 invendus, et que la demande pour ces voitures est très faible. À preuve, à peine 1 100 unités vendues l’an dernier dans le pays tout entier, dont 445 écoulées dans la Belle Province.

Le modèle 2021, offert en trois versions, ne fait donc que s’harmoniser esthétiquement au reste de la gamme, arborant une partie avant remodelée et plus moderne. S’ajoutent également de nouveaux feux arrière et quelques fioritures intérieures, incluant l’ajout d’Apple CarPlay et Android Auto sur les modèles plus coûteux.

Photo: Antoine Joubert

Évidemment, puisque tout l’intérêt d’une telle bagnole repose sur son prix, inutile de s’attarder à une version GT dont la facture avoisine les 22 000 $  (transport et préparation inclus). Tournons-nous plutôt vers la version ES, étiquetée à 15 433 $ (13 898 $ plus les frais de transport et de préparation). Nous sommes donc effectivement loin des 9 998 $ initialement exigés pour la version de base lancée en 2014, laquelle n’était handicapée que par l’absence d’un climatiseur par rapport à notre sujet. Cela dit, inflation oblige, nous voilà sept ans plus tard avec une voiture d’un peu plus de 15 000 $. Une des moins chères au pays, sinon la moins chère, dans la mesure où la Chevrolet Spark publicisée à 10 398 $ (12 448 $ avec transport et préparation inclus) n’est pas finançable.

D’une extrême à l’autre

Au moment de récupérer la petite Mirage pour cet essai, je remettais les clés d’une BMW M5 Competition. Un monde de distinctions avec notre sujet et qui illustre à quel point les semaines peuvent différer dans ce métier! Cela dit, la Mirage était vendue à 10% du prix de la M5, laquelle affichait une facture d’un plus de 152 000 $. Impossible pour moi de vous dire laquelle des deux justifie le mieux son prix. Parce que bien que notre petite auto japonaise soit accessible à une majorité d’automobilistes, cela n’en fait pas une véritable aubaine.

En fait, c’est au moment d’en prendre le volant que survient le choc. Celui qui nous ramène à une réalité presque triste, dans la mesure où la Mirage nous transporte dans une autre époque. Celle du début des années 2000, où les sous-compactes offraient le strict minimum. Et à bien y penser, on lui préfère encore une Toyota Echo Hatchback 2004, qui n’aurait certainement pas l’air fou à côté de notre sujet, si bien sûr Toyota la commercialisait toujours.

Photo: Antoine Joubert

Comme progrès, la Mirage ES propose la technologie Bluetooth, la caméra de recul (obligatoire) ainsi qu’un écran central tactile, mais dont la qualité graphique est si mauvaise que l’on regrette la radio traditionnelle... Autrement, l’équipement se limite à des vitres électriques, mais seulement à l’avant, à des rétroviseurs électriques et à la climatisation qui, étonnamment, est automatisée. Il n’y a donc pas de verrouillage central ni de télédéverrouillage, et vous ne pouvez que rêver des sièges chauffants…

Un des avantages insoupçonnés de la Mirage? Son aérodynamisme. En effet, avec un coefficient de traînée de 0,27, on peut dire que l’air lui coule facilement sur le dos. C’est un avantage sérieux au chapitre de la consommation de carburant, enregistrée à 5,2 litres aux 100 km, pour un trajet majoritairement composé d’autoroutes. Hélas, la consommation grimpe en milieu urbain, où il est inévitable d’exploiter la puissance du petit moteur à trois cylindres, ne produisant que 78 chevaux.

Un moteur fiable, mais extrêmement grognon, et qui, même au ralenti, semble souffrir de Parkinson. Avec la boîte manuelle, les accélérations sont certes laborieuses, mais néanmoins adéquates pour une utilisation urbaine. L’option de la boîte CVT (1 200 $, et de série sur les modèles SE et GT), vous handicaperait toutefois sérieusement à ce chapitre. Sans compter qu’il vous faudra composer avec ce désagréable effet d’élasticité, propre à cette transmission.

De véritables savonnettes

Chaussée de pneus de taille P165/65R14, la Mirage ES n’adhère que peu au bitume. Une fine pluie ou un fort vent latéral suffisent pour que vous la sentiez dévier de sa voie. Ces derniers contribuent aussi à cette faible consommation de carburant, bien que cela se fasse au détriment de la sécurité. Hélas, il vous faudra passer à la version GT vendue à près de 22 000 $ pour obtenir des jantes de 15 pouces sur pneus de taille P175/55R15. Ce qui, bien sûr, est à proscrire.

Photo: Antoine Joubert

Vous aurez donc compris que la tenue de route comme la stabilité à vitesse de croisière ne fait pas partie des avantages de cette petite bagnole, qui se distingue toutefois par sa maniabilité en ville. Et pour cause, un diamètre de braquage de seulement 9,2 mètres, à peine plus élevé que celui de la défunte smart fortwo.

Parce que le prix demeure le principal facteur d’intérêt d’une telle voiture, il est difficile de ne pas s’y attarder. D’abord, sachez que les coûts d’entretien sont très faibles et que la fiabilité de cette voiture est honorable. Sa faible protection anticorrosion et sa qualité de peinture exécrable me poussent toutefois à recommander des traitements annuels et  l’application d’un pare-pierre transparent. Sachez également que la garantie de base de cinq ans ainsi que celle du groupe motopropulseur (10 ans / 160 000 km) constituent un réel avantage.

Location à proscrire

Maintenant, il faut comprendre que malgré son prix, la Mirage affiche une très forte dépréciation. À preuve, une valeur résiduelle d’à peine 5 436 $ (35% de la valeur initiale) après une location de quatre ans, ce qui explique pourquoi les mensualités à la location sont aussi élevées qu’à l’achat. En somme, un montant mensuel de 265 $, taxes incluses, si vous financez sur six ans ou si vous louez pour quatre ans. Or, pour cette même somme, vous pouvez avoir accès, par exemple, à une Nissan Sentra qui vous coûtera le même montant en location.

Photo: Antoine Joubert

Cet exemple financier illustre donc à merveille toute la problématique des sous-compactes de notre marché. Une dépréciation plus forte, parfois forcée par l’industrie, doublée d’un désintérêt des concessionnaires à en vendre, dans la mesure où la profitabilité de ces modèles est moindre que celle d’une Honda Civic d’occasion qui pourrait coûter la même somme et qui, entre vous et moi, demeure un bien meilleur achat.

Alors, si vous tenez mordicus à une voiture neuve et que l’expérience de conduite n’a pour vous aucune importance, la Mirage ES peut être considérée. Uniquement à l’achat, uniquement dans sa version de base (ES), et dans un contexte où le terme de financement n’est pas trop long. Cela dit, à prix égal, il vaut mieux se tourner vers une bonne voiture d’occasion récente (Hyundai Accent, Kia Rio, Toyota Yaris) qui vous en offrira certainement plus pour votre argent.

En vidéo : les meilleurs sous-compactes en 2021

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Mitsubishi Mirage 2021
Version à l'essai ES (man)
Fourchette de prix 13 858 $ – 20 158 $
Prix du modèle à l'essai 13 858 $
Garantie de base 5 ans/100 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 10 ans/160 000 km
Consommation (ville/route/observée) 7,1 / 5,8 / 5,2 L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents Chevrolet Spark, Kia Rio, Nissan Versa
Points forts
  • Faible consommation
  • Coût de possession minimaliste
  • Garantie convaincante
  • Diamètre de braquage
  • Fiabilité
Points faibles
  • Technologie d'une autre époque
  • Versions SE/GT trop coûteuses
  • Faible valeur de revente/résiduelle
  • Rendement épouvantable de la boîte CVT
  • Climatiseur qui affecte la puissance
Fiche d'appréciation
Consommation 4.5/5 Très faible, la consommation pourrait être encore moindre avec une technologie plus à jour.
Confort 2.0/5 Bruyante et sensible aux vents latéraux, on ne se procure pas une Mirage pour obtenir du confort.
Performances 2.0/5 Les accélérations comme les reprises sont laborieuses et la tenue de route est hasardeuse.
Système multimédia 2.0/5 Une mauvaise blague. Un écran tactile, certes, mais avec une qualité graphique si mauvaise qu'on préférerait une radio traditionnelle.
Agrément de conduite 2.0/5 Appréciable en milieu urbain pour sa maniabilité, le plaisir au volant demeure loin de la réalité de cette voiture.
Appréciation générale 2.5/5 Une voiture n'offrant que peu d'avantages, sauf celui d'être accessible et peu gourmande.
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