Kia Niro - Trinité verte réjouissante
Le Niro s’est pointé chez nous discrètement, il y a quatre ans, au cœur d’une véritable ruée vers les utilitaires sport compacts et sous-compacts. Il s’est d’abord présenté avec un groupe propulseur hybride classique, prêt à en découdre avec une Toyota Prius v qui allait disparaître l’année suivante. Qu’à cela ne tienne puisque Kia dépêcha ensuite une version hybride rechargeable et une autre à propulsion électrique pour lui tenir compagnie.
C’est le styliste allemand Peter Schreyer, maintenant grand patron du design pour le groupe Hyundai/Kia en entier, qui a lui-même dessiné le Niro dans le studio Kia, à Francfort. Avec l’élégance et la sobriété tout européenne de ses lignes, il passe un peu inaperçu dans une catégorie de plus en plus achalandée où ressortent mieux les silhouettes plus anguleuses et découpées. Comme celle de la Soul, sa cousine résolument funky, ou alors celle de son best-seller de cousin, le Hyundai Kona.
Démographie et stratégie
L’arrivée chez Kia du Seltos, construit sur les mêmes bases que celles du Kona, ne va sûrement pas arranger les choses pour le Niro, même si ses ventes ont presque doublé l’an dernier au Québec. L’ennui, c’est que d’autres ont fait mieux encore et qu’il y a simplement trop de joueurs sur la patinoire actuellement, pour les deux équipes coréennes. On peut d’ailleurs s’attendre à un élagage en règle à brève ou moyenne échéance dans ces deux gammes. Quelles que soient les qualités globales du véhicule concerné. C’est à la guerre comme à la guerre dans cette industrie, quoi qu’on en pense.
Il est d’ailleurs étonnant et plutôt fascinant d’apprendre que le Niro EV intéresse surtout des hommes (à 55%) de 60 à 69 ans (à 23%) diplômés universitaires (à 25%) sans enfant (à 76%) qui gagnent de 100 à 125 000 $ (à 17%) alors que la Soul EV attire surtout des hommes (à 57%) de 40 à 49 ans (à 32%) diplômés universitaires (à 35%) sans enfant (à 59%) qui sont 20% à rapporter de 100 à 125 000 $ à la maison. Devinez laquelle de ces deux cibles est la plus intéressante et prometteuse pour un constructeur automobile le moindrement ambitieux ?
Parfaitement dans le coup
Le Niro EV a grimpé sur la troisième marche du podium dans le match des électriques mené par Antoine Joubert et publié dans l’édition précédente du Guide de l’auto. Il terminait à quelques points de la Soul EV, et à quelques points devant son cousin branché, le Kona électrique.
Sur papier, le Niro EV promet 385 km d’autonomie, soit un poil mieux que les 383 km de la Soul EV qui partage la même batterie de 64 kWh, mais moins que les 415 km du Kona électrique, encore lui, qui fait mieux avec une batterie de capacité égale et le même moteur électrique de 150 kW (201 ch). Le Niro est par contre plus spacieux et pratique, avec un empattement plus long de 100 mm, qui lui vaut de meilleures places arrière et la plus grande soute cargo des trois.
Ces derniers atouts valent également pour le Niro hybride et le Niro PHEV hybride rechargeable. En fait, le coffre du Niro hybride offre six litres de plus que celle du EV tandis que le Niro PHEV sacrifie 81 litres du sien pour y loger la batterie de propulsion de 8,9 kWh, laquelle lui procure une autonomie électrique projetée de 42 km. Les Niro EV et Niro PHEV sont évidemment admissibles à tous les rabais fédéraux et provinciaux applicables.
Au-delà des nombres
Les chiffres ne sont effectivement pas les seules vérités, pour les trois Niro. Le Niro Touring hybride fut, par exemple, une belle surprise dès le premier contact. Il m’était alors apparu d’emblée sain et amusant à conduire, avec un rouage hybride très peu typé, grâce à la boîte de vitesses à double embrayage et six vrais rapports qui remplace la boîte à variation continue habituelle, au prix d’un soupçon de frugalité. J’avais noté aussi favorablement sa direction fine, le confort de ses sièges avant et l’ergonomie impeccable de ses commandes, un trait typique et fort louable des coréennes.
Un essai complet du Niro EV, quelques mois après le match, a confirmé qu’il est mon préféré du groupe, sans égard à son classement. D’abord le plus souple et le plus agréable à conduire au quotidien, en oubliant la Tesla Model 3, vite hors de prix dans le vrai monde. Le Niro est également le plus raffiné, avec l’habitacle le plus réussi, le mieux fini et le plus accueillant du lot. Côté autonomie, j’ai obtenu 386 km pour une recharge complète à la mi-décembre et plus tôt, 347 km par une température de -15 degrés, avec un fil de chargeur vraiment trop raide à la fin.
En bref, le Niro EV est un peu plus cher que ses rivaux directs et il faut de la patience ou un peu de chance pour en obtenir un, mais le plaisir et la valeur sont là, sans l’ombre d’un doute.
Feu vert
- Conduite souple et agréable (EV)
- Raffinement général (EV)
- Ergonomie des commandes et contrôles
- Bon confort et rangements pratiques
Feu rouge
- Système de maintien de voie agaçant
- Mode de conduite Sport trop sec (EV)
- Câble de recharge raide par grand froid (EV)
- Appuie-tête arrière qui bloquent la vue