Campagna Motors T-Rex RR - Des sensations uniques

Le T-Rex a-t-il sa place dans un guide consacré aux voitures? Officiellement non, c’est un tricycle à moteur, tout comme les Can-Am Spyder et Ryker. Cela dit, contrairement à ces derniers, qu’on enfourche comme des motos, Campagna Motors propose une position assise comme n’importe quelle auto. On ne manie pas un guidon mais un volant, et on dispose d’un levier de vitesses ainsi que d’un pédalier. Même la SAAQ considère qu’il n’est pas nécessaire de posséder un permis de moto (Classe 6) pour le conduire.

À l’exception de son unique roue arrière, le T-Rex se rapproche davantage de véhicules comme la Catheram Seven, la BAC Mono ou l’Ariel Atom plutôt que d’une moto. Voilà pourquoi nous avons jugé que ce produit atypique avait sa place dans Le Guide de l’auto.

Un produit d’ici

Au moment d’écrire ces lignes, le T-Rex est uniquement disponible en version RR, qui utilise un moteur de moto emprunté à la Kawasaki Ninja ZX-14R. D’une cylindrée de 1,4 litre (1 441 cc exactement), sa puissance s’élève à 208 chevaux et son couple maximal, à 116,5 lb-pi. Par contre, avec seulement 453 kg sur la balance, le rapport poids/puissance du T-Rex n’a tout simplement pas d’équivalent sur le marché actuel… à moins de se tourner du côté des voitures exotiques coûtant plusieurs centaines de milliers de dollars.

Bâti autour d’un châssis tubulaire en acier, le véhicule est habillé d’une carrosserie minimaliste en fibre de verre. Certains éléments peuvent aussi être façonnés en fibre de carbone à la demande du client. Le train avant, à double triangulation, reçoit des suspensions réglables en précontrainte, en compression et en détente. La fermeté des ressorts est spécifique au T-Rex. À l’arrière, il s’agit d’un bras oscillant ressemblant à celui d’une moto, mais qui a été développé spécialement par Campagna Motors. Il reçoit deux amortisseurs similaires à ceux du train avant. Fabriqué à Boucherville, sur la Rive-Sud de Montréal, le T-Rex est un produit majoritairement québécois. Le châssis, la carrosserie, les sièges, les suspensions, le radiateur de refroidissement et le système de marche arrière sont tous fabriqués au Québec.

Difficile de prendre place à bord du T-Rex. Toutefois, le volant démontable facilite la manœuvre pour se glisser dans l’habitacle. Bien que la colonne de direction soit fixe, le siège et le pédalier réglables permettent d’affiner la position de conduite. Cela dit, si vous êtes particulièrement grand ou costaud, vous risquez de vous sentir à l’étroit. Et si vous conduisez relativement près du volant, votre casque (obligatoire pour conduire) pourrait toucher le toit.

Gentil ou méchant selon votre humeur

Une fois installé à bord, on découvre une ambiance spartiate et très typée course. La visibilité de ¾ arrière est quasi nulle. Le petit volant tombe idéalement sous la main et les pédales, qui rappellent la compétition, sont très rapprochées. Pensez à utiliser des souliers étroits pour la conduite. Au démarrage, le moteur demeure discret au ralenti. L’embrayage, identique à celui de la moto, est trop sensible et le point de patinage difficile à trouver depuis l’arrêt. Une fois lancé, les rapports passent rapidement et sans effort. À basse vitesse, la docilité du T-Rex étonne compte tenu de sa vocation sportive. La direction (dépourvue d’assistance) s’avère bien dosée et les commandes plutôt douces. Cependant, c’est la qualité du roulement qui nous a le plus surpris. Le T-Rex absorbe plutôt bien les irrégularités de la route, et il n’y a que lorsque la route est défoncée qu’il malmène vraiment ses occupants.

Assis au ras du sol, le conducteur aperçoit les suspensions travailler de haut en bas, un point de vue qu’on retrouve uniquement à bord d’une monoplace. Jusqu’à 5 000 tr/min, le moteur d’origine Kawasaki reste sage. Il faut attendre 8 000 tr/min, pour qu’il montre son vrai visage! Ce dernier se rue littéralement vers la zone rouge (11 000 tr/min) en hurlant comme aucun moteur de voiture ne le fait. En poussant la deuxième vitesse à fond, le compteur affiche déjà plus de 120 km/h…et il reste quatre rapports à passer! Le contrôle de traction (paramétrable et déconnectable) est d’ailleurs bien occupé lorsqu’on augmente le rythme.

Léger, maniable et très performant, le T-Rex distille des sensations à mi-chemin entre un cabriolet et un karting de compétition. Les limites du véhicule sont si lointaines qu’il est impossible de s’en approcher sur la route. Une conduite véritablement addictive, mais aussi beaucoup plus fatigante que celle d’une voiture. Dépourvu d’équipements de confort, d’ABS et de contrôle de stabilité, il demande un certain engagement et de la concentration à chaque instant.

Proposé à partir de 65 999 $, le T-Rex n’est pas donné puisque son prix égale presque celui d’une Porsche Boxster 718. Cela dit, il n’a pas la même vocation, et si vous trouvez la production automobile actuelle trop aseptisée, il s’agit définitivement du jouet qu’il vous faut.

Feu vert

• Sensations de conduite uniques
• Moteur puissant et rageur à haut régime
• Roulement conciliant considérant la vocation de l’engin
• Freinage efficace

Feu rouge

• Véhicule exigeant à conduire
• Embrayage difficile à doser
• Habitacle étriqué qui ne convient pas à tous
• Prix élevé