Alfa Romeo 4C - En voie de disparition

Publié le 1er janvier 2020 dans 2021 par Frédéric Mercier

Les jours semblent comptés pour la 4C Spider, la plus exclusive des Alfa Romeo. Et même s’il y a une centaine de raisons rationnelles de ne pas la recommander, force est d’admettre que l’on va s’en ennuyer. Au moment d'écrire ces lignes, Alfa Romeo n'a pas confirmé officiellement que l'auto quittait bel et bien la gamme pour l'année-modèle 2021. Mais il y a de fortes chances pour que cela arrive. Vendue à seulement 39 unités au Canada en 2019, la 4C Spider est une espèce rare. D’ailleurs, même si le modèle est en vente chez nous depuis 2015, il y a fort à parier que vous n’en avez jamais croisé un exemplaire sur la route! C’est normal, puisque cette voiture s’adresse à des conducteurs qui ne veulent rien savoir des compromis, qui acceptent une absence totale de confort et une qualité de finition aléatoire, tout ça pour un sentiment de conduite carrément exceptionnel.

Voyez l’Alfa Romeo 4C comme une interprétation italienne des produits Lotus. Tous les efforts ont été mis sur la réduction de poids, de manière à proposer un sentiment de conduite qui se rapproche davantage de celui d’un go-kart que d’une voiture traditionnelle. Voilà qui décrit bien la 4C : un go-kart qui peut légalement circuler sur nos routes!

Une expérience incomparable

On dit souvent que toutes les voitures se ressemblent de nos jours, et c’est parfois justifié. L’Alfa Romeo 4C Spider, par contre, ne ressemble à rien d’autre sur le marché. Jouissant d’une silhouette inspirée de la superbe 8C Competizione, la 4C possède un magnétisme indéniable. À son volant, habituez-vous à ce que tous les yeux soient rivés sur vous. Disons que pour attirer l’attention, vous êtes à la bonne adresse.

Avant de prendre la route, il faudra faire quelques contorsions pour atteindre le siège du conducteur, littéralement collé au plancher. L’espace intérieur est très limité et certaines personnes plus corpulentes pourraient carrément être incapables de monter à bord. Une fois bien assis, vous découvrirez un habitacle assez vieillot et dont la qualité d’assemblage déçoit pour un bolide de 80 000 $. La radio Alpine qui trône au centre de la console semble avoir été ajoutée par un commis du Canadian Tire, mais c’est bien l’équipement d’origine! La 4C est d’ailleurs l’un des très rares véhicules neufs à ne pas être équipé d’un écran tactile, ce qui a forcé le constructeur à installer un écran à même le rétroviseur pour la caméra de recul.

Sur la route, la visibilité arrière est à peu près nulle et chaque manœuvre de stationnement vous force à sortir vos biceps, puisque la 4C est à ce point puriste qu’elle en va jusqu’à bouder la direction assistée. Ah, et il y a aussi le toit rétractable, ridiculement complexe à retirer et à installer. Et s’il est le moindrement mal remis en place, vous recevrez de l’eau en pleine face dès que la pluie se met de la partie. On parle par expérience…

Heureusement, tout ça importe peu dès que l’on se retrouve sur une route de campagne au volant de cette bagnole italienne. Soudainement, on se surprend à apprécier chacune de ses imperfections, mais surtout à reconnaître ses qualités. Une maniabilité enchanteresse, une sonorité du moteur hallucinante et, au-delà de tout ça, l’impression de ne faire qu’un avec la voiture, de sentir la route sous nos pieds.

Rapport poids/puissance épatant

Ce sentiment de conduite pas comme les autres, il est dû en grande partie au rapport poids/puissance de la machine. Sur papier, la mécanique de la 4C Spider n’a rien de bien impressionnant. Son moteur à quatre cylindres turbocompressé de 1,7 litre développe 237 chevaux, soit moins qu’une banale Toyota Camry à moteur V6. Cependant, l’Alfa se rattrape avec un poids plume de seulement 1 128 kilos, pour un rapport poids/puissance de 4,8 kg/ch.

Ce poids est rendu possible par le gabarit réduit du véhicule, et par un châssis monocoque en fibre de carbone. Équipée d’une transmission séquentielle à six rapports, la 4C peut passer de 0 à 100 km/h en 4,2 secondes, un chiffre hallucinant compte tenu de la petite cylindrée du moteur. Bien entendu, les accélérations ne seraient pas aussi épatantes avec une boîte manuelle, toutefois on aurait malgré toute aimé voir Alfa Romeo proposer une telle configuration. Après tout, s’il y a bien un type de véhicule que l’on souhaite conduire avec trois pédales, c’est bien celui-ci!

L’Alfa Romeo 4C n’est pas un bon achat. Du moins, pas lorsque l’on pense de façon rationnelle. Au-delà de sa facture, vous vous retrouverez avec un véhicule à la réputation de fiabilité exécrable et dont la valeur de revente n’a rien de reluisant. Aussi bien vous tourner vers une Porsche 718 ou même une Chevrolet Corvette. Mais l’amour est aveugle, et si vous tombez sous le charme de la 4C, rien de tout ça ne vous empêchera d’en faire l’acquisition.

Feu vert

Feu rouge

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