Volkswagen Passat - Dégringolade
Il y a maintenant près de dix ans, nous assistions à l’arrivée d’une première Passat « made in America », nous étant exclusivement destinée. Une voiture certainement moins inspirante que le modèle de précédente génération, qui s’est depuis maintes fois renouvelée du côté de l’Europe. Évidemment, ce choix allait facilement se justifier par le coût de revient du modèle, mais également par le fait qu’une berline hélas plus insipide et simpliste dans son approche allait tout simplement plaire davantage à l’acheteur nord-américain. À preuve, les ventes allaient bondir brutalement, dès 2012, pour atteindre 125 000 unités. Du jamais vu depuis l’arrivée du modèle, en 1990.
Neuf ans plus tard, les choses s’avèrent toutefois bien différentes. Le marché de la berline intermédiaire a chuté drastiquement, au point où plusieurs constructeurs l’ont tout simplement abandonné. Or, Volkswagen choisissait, en 2020, de faire peau neuve et de présenter une Passat rafraîchie, quoique très évolutive comparativement à sa devancière. Était-ce le bon choix? Parce qu’à la lumière des ventes de 2020, nous sommes en droit de nous demander pourquoi Volkswagen n’a pas choisi elle aussi de tout simplement jeter l’éponge. En effet, à peine quatre Passat par concession trouvaient preneur l’an dernier au pays, et un peu moins de 15 000 à l’échelle nord-américaine. Une baisse de 88% par rapport à 2012. Ouch !
On a sablé les coins
Vous l’aurez compris, les Passat de nouvelle génération se font donc extrêmement rares sur nos routes. Il faut dire qu’il est passablement difficile de les distinguer puisque l’évolution stylistique se résume essentiellement à une ligne à peine plus moderne, et des proportions identiques. La voiture propose ainsi une calandre plus élégante, des phares à DEL ainsi qu’un lettrage distinctif qui vient ceinturer les deux feux arrière. Du reste, on n’y voit que du feu. Pour dynamiser le tout, Volkswagen propose néanmoins l’ensemble R-Line, exclusif au modèle Execline, lequel ajoute des jantes de 19 pouces au design racé, un petit becquet arrière ainsi que des cadres de fenestration peints en noir. Bien que ce changement ne fasse évidemment pas de la Passat une sportive, cela lui permet néanmoins de se distinguer pour ne plus avoir l’allure d’une banale voiture de location.
À bord, même son de cloche. La planche de bord adopte la même forme que par le passé, ne revêtant qu’un habillage différent. Façon Audi, une bande située au sommet de cette dernière laisse croire à une bouche de ventilation occupant sa pleine largeur. Or, il ne s’agit que d’un effet visuel, plutôt réussi, venant surplomber une élégante, mais très fausse boiserie. Une instrumentation mise à jour ainsi qu’un écran tactile de huit pouces, incorporant les dernières technologies, figurent d’ailleurs sur la liste des améliorations. De façon indéniable, Volkswagen demeure toutefois maître dans l’art de créer des sièges confortables et offrant une bonne latitude en matière de réglages. Ainsi, que vous preniez place devant ou derrière, soyez assuré que vous voyagerez en tout confort. Il faut toutefois oublier la possibilité de choisir des sièges ventilés, qui ne sont tout simplement pas offerts, qu’importe la version.
L’Asie pour cible
Avec comme seule rivale américaine la Chevrolet Malibu, la Passat tente désormais de donner la réplique aux voitures asiatiques, tant coréennes que japonaises. Maintenant, il est clair qu’avec une évolution si timide, la Passat n’a pas ce qu’il faut pour leur tenir tête. Considérez d’abord que les meneuses du segment proposent chacune trois choix mécaniques, ce qui inclut une hybride et une version plus performante. Le rouage intégral fait aussi partie de l’équation, notamment chez Toyota, mais également chez Subaru et Nissan. Or, Volkswagen ne se contente que d’une seule option mécanique, le même quatre cylindres de 174 chevaux que par le passé, qu’on jumelle toujours à cette vieillissante boîte automatique à six rapports.
Offrant une puissance honnête, le comportement de la Passat n’est heureusement pas handicapé par les performances du moteur. La suspension recalibrée élimine désormais cet effet de rebond du train avant ressenti sur le précédent modèle, tout en octroyant un excellent confort. Mentionnons également que le rendement de sa boîte automatique demeure plus agréable que celle utilisée dans l’Atlas et le Tiguan, où les passages de vitesses sont à la fois saccadés et trop fréquents. Maintenant, la Passat déçoit par sa consommation de carburant, étant de loin la plus gourmande des berlines intermédiaires à moteur quatre cylindres. Heureusement, vous apprécierez tout de même son confort sur la route, son silence de roulement et sa grande stabilité. Une voiture idéale pour un Montréal-Toronto, quoique les voyages se font beaucoup plus rares par les temps qui courent. Cela dit, on en dirait autant de l’Accord ou de la Camry, qui constituent assurément de bien meilleurs achats.
Feu vert
- Très bon comportement routier
- Voiture spacieuse et confortable
- Garantie de base de quatre ans
Feu rouge
- Très forte dépréciation
- Technologie mécanique désuète
- Un seul choix mécanique
- Présentation banale