Bentley Bentayga - Touareg, Cayenne, Q8, Urus, etc.

Publié le 1er janvier 2020 dans 2021 par Marc-André Gauthier

La première fois que votre serviteur a pris le volant d’un Bentayga, ce n’était vraiment pas dans des conditions idéales. Le véhicule m’était prêté pour trois heures seulement, et voulant aller le montrer à mon père, lui aussi grand amateur d’automobiles, j’ai perdu deux heures dans la congestion pour faire l’aller-retour. Même si mon expérience avait été de courte durée, j’avais été plutôt impressionné par le véhicule. Solide et opulent, je comprenais pourquoi on demandait, pour ce VUS, le prix d’une maison.

Cela dit, n’oublions pas que le Bentayga, né du groupe Volkswagen, est issu de la même plateforme que celle du Touareg européen, du Cayenne, de l’Audi Q8, ou encore du Lamborghini Urus, pour ne nommer que ceux-là. Or, ces véhicules sont reconnus pour leur qualité, et c’est à se demander si l'on paye vraiment trop cher pour le Bentayga. Ne serait-il qu’un Touareg endimanché?

Qu’est-ce qu’un prix?

N’oublions jamais une chose. L’argent n’existe pas, réellement. Il s’agit d’une commodité censée représenter une quantité de travail réalisé, d’une valeur créée. Le prix d’un objet est donc, en théorie, dicté par la quantité de ressources et de travail qu’il nécessite par rapport à un autre.

À cela s’ajoute le capitalisme, où l’on tente, lors de chaque transaction, de faire un maximum d’argent, un maximum de profit. Ainsi, on vise à aller chercher chaque dollar qu’un acheteur est prêt à mettre pour acquérir un produit, même si ce montant dépasse largement la valeur véritable d’un objet. C’est ce que les économistes libéraux vont appeler l’effet de rareté. S’il y a une demande pour un produit à un certain prix, pourquoi se priver de ce beau surplus ? Pas étonnant alors que l’un des hommes les plus riches du monde, Bernard Arnault, fabrique des sacs à main bruns avec de beaux petits motifs (Louis Vuitton).

Pour revenir au Bentayga, on devine tout de suite qu’il est beaucoup, beaucoup trop cher. Ce n’est pas une formule 1 qui a des millions d’heures de développement derrière la cravate. Son look a été modifié pour 2021. Mais n’exagérons rien, il demeure similaire à « l’ancien ». L’habitacle aussi est joli, par contre le style est un peu dépassé. Avoir une planche de bord dominée par une molette rotative bien en évidence, plutôt qu’intégrée, ça fait effectivement Touareg 2004. Toutefois, quand on constate la qualité des matériaux, on sait que ça n’a rien à voir avec un Touareg, ni même avec aucun autre VUS mentionné dans le titre.

Mécaniquement compétent

Pour 2021, le Bentayga n’est disponible qu’avec un seul moteur. Il s’agit d’un V8 biturbo de 4 litres développant 542 chevaux et 568 lb-pi de couple. C’est un moteur qui est également offert dans plusieurs autres produits du groupe Volkswagen. Pour un peu plus d’exclusivité, des versions avec moteur hybride et W12 sont en route pour l’an prochain, selon les rumeurs.

Heureusement pour les acheteurs, Volkswagen étant encore une compagnie composée d’ingénieurs, en Europe du moins, cette puissance n’est pas gaspillée. Bien au contraire, elle est pleinement utilisable grâce à une boîte automatique à huit rapports efficace, et un rouage intégral parmi les plus avancés. Ajoutez à cela de gros pneus sport, et vous avez tout un bolide. Même la direction, pourtant très assistée pour être confortable, demeure précise. À ce sujet, bien que le Bentayga tienne davantage du Porsche Cayenne que du Touareg, il est bien plus confortable qu’un Cayenne, plus silencieux, plus aristocratique. Il arrive à la fois à nous couper du monde, et pourtant, à nous faire apprécier chaque courbe de la route.

D’ailleurs, il peut être personnalisé à l’extrême. Vous n’avez qu’à créer votre propre version sur le web pour constater à quel point il y a des options de couleurs pour l’habitacle, ou encore des options extravagantes, comme une horloge embarquée de marque Breitling, sertie de diamants, qui, à elle seule, vaut plus cher qu’une Corvette neuve.

On comprend alors que le Bentayga n’est pas du tout un véhicule pour le grand public, ou même pour ceux qui magasinent un « deal » chez leur concessionnaire BMW. Il s’adresse à ceux pour qui un prix, ça ne veut rien dire puisque la différence entre un Audi SQ8 et un Bentayga, c’est le look, et la possibilité d’avoir un sac à main qui « match » avec son habitacle en cuir bleu deux tons de vaches norvégiennes, élevées en mangeant seulement des pommes de glace de l’Estrie.

Pour revenir à notre idée de base, non, le Bentayga ne vaut pas le montant affiché, et si l'on divisait la valeur des voitures dans le titre par leur prix, il serait bon dernier. Néanmoins, il demeure une expérience sur quatre roues d’un autre monde, et tant mieux si certains peuvent en profiter.

Feu vert

Feu rouge

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