Ford Ranger - Le prix des compromis

Publié le 1er janvier 2020 dans 2021 par Jacques Bienvenue

L’acheteur d’un Ford Ranger est à la fois marginal et déterminé. C’est évident. Celui qui choisit une camionnette de taille moyenne n’est pas guidé par un besoin viscéral d’être à la mode puisqu’à peine 10% des acquéreurs de camionnettes optent pour ce genre de véhicule. Cet acheteur connaît ses besoins et n’hésite pas à opter pour un véhicule qu’il sait plus coûteux. D’ailleurs, au moment d’écrire ces lignes, le prix de base de la Ranger dépassait de 5 000 $ celui de la Ford F-150 la plus dégarnie!

Il est certes marginal et déterminé, mais pas esseulé. En 2019, pas moins de 66 000 Canadiens ont arrêté leur choix sur une camionnette de taille moyenne, des Toyota Tacoma et des Chevrolet Colorado surtout. Le Ranger, lui, s’est classée troisième, loin derrière la japonaise, résultat d’une gamme peu étoffée.

Ford n’offre que trois niveaux de dotation : XL, XLT et Lariat, le plus cossu. À cela s’ajoutent deux cabines et deux caisses de longueurs différentes. Bien que la cabine SuperCab ait quatre portes, ses portes arrière étroites qui s’ouvrent à contresens donnent accès à deux places de Lilliputiens tant l’espace pour les jambes est limité. Avec cette cabine qui peut recevoir l’habillage XL ou XLT, le Ranger a une caisse d’une longueur de 6 pieds. Le Ranger SuperCrew, par ailleurs, a quatre portes ordinaires et des places arrière un peu plus accueillantes. Offert en version XLT ou Lariat, il est assorti uniquement d’une caisse de 5 pieds.

En outre, Ford propose une seule motorisation pour cette camionnette 4x4 (il n’y a pas de Ranger à deux roues motrices au Canada) : un 4 cylindres EcoBoost de 2,3 L jumelé à une boîte de vitesses automatique à 10 rapports, qui s’avère très souple. Ce moteur à turbocompresseur, qu’on nourrit de carburant régulier, est bien connu puisqu’il sert à l’Explorer, la Mustang et le Bronco, mais aussi au Lincoln Corsair. Il livre 270 ch et 310 lb-pi de couple au Ranger, mais pas avec la souplesse des V6 offerts par GM et Toyota pour leurs camionnettes rivales.

Choix contraignants

Pour certains consommateurs, les combinaisons contraignantes de cabines et de caisses ainsi que cette motorisation unique rendent les Tacoma et les jumelles Colorado et Canyon plus attrayantes. D’abord, GM offre des camionnettes à deux roues motrices plus abordables. De plus, Toyota et General Motors proposent une plus grande variété de motorisations, y compris un turbodiesel chez Chevrolet et GMC. Par contre, la cerise sur le sundae, ce sont ces camionnettes offertes avec une cabine comparable à celle de la SuperCrew de Ford et une caisse de 6 pieds. Il s’agit de la formule qui plaît aux Québécois, mais Ford en fait fi.

Ce dernier mise donc sur d’autres attributs du Ranger capables de faire vibrer les cordes sensibles des intéressés, comme la consommation d’essence. Une moyenne de 10,9 L/100 km (selon ÉnerGuide) la situe parmi les camionnettes de taille moyenne les moins gourmandes, avec les jumelles de GM. Ses capacités maximales de remorquage (7 500 lb) et de charge utile (1 560 lb pour la SuperCrew et 1 650 lb pour la SuperCab) sont aussi les meilleures de sa catégorie. Seules les Colorado/Canyon 4x4 équipées du turbodiesel optionnel font mieux en matière de remorquage (7 600 lb).

FX4 : très tendance

L’ensemble optionnel hors route FX4 s’avère hautement populaire auprès d’une frange d’acheteurs qui font de leur Ranger un véhicule de loisir. Peu coûteux, cet ensemble réservé aux versions XLT et Lariat procure, entre autres équipements, des crochets de remorquage avant, des pneus tout-terrain, des plaques de protection sous le véhicule et des amortisseurs hors route, qui ne rendent pas le roulement désagréable au quotidien. Sans compter le système de gestion de la motricité « Terrain Management » à quatre modes, de même que le système « Trail Control », une sorte de régulateur pour vitesses très lentes (de 1,6 à 32 km/h).

Conduire une Ranger en ville s’avère agréable par ailleurs. Sa suspension masque efficacement les défauts du revêtement, sa direction précise conserve toujours son aplomb, même lorsque les conditions routières se dégradent, et ses dimensions sont mieux adaptées à l’environnement urbain. Le freinage, par contre, ne se module pas bien et le roulis prononcé dans les courbes à haute vitesse reste irritant. D’ailleurs, les dérobades occasionnelles du train arrière, surtout sur route cahoteuse, rappellent que l’on conduit une bête de somme et non pas un de ces VUS raffinés qui ont envahi nos routes.

La finition est correcte, sans plus, alors que le plastique abonde à l’intérieur. En revanche, les sièges baquets sont très confortables et le coussin monopièce de la banquette arrière, qui se relève sans trop d’effort pour découvrir un espace à bagages, dévoile un côté pratique du Ranger, même si l'on condamne les places arrière. Néanmoins, c’est sa nature d’imposer des compromis. Et ça, l’acheteur déterminé qui la choisit le sait.

Feu vert

Feu rouge

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