Subaru WRX - Le sens de la mémoire, le respect des traditions

Publié le 1er janvier 2020 dans 2021 par Louis-Philippe Dubé

Mes années au sein de l’industrie automobile m’ont appris que la fameuse « senteur de voiture neuve » n’est pas un principe général; il y a en fait une variété de fragrances et de notes. Un peu comme dans le rayon des parfums, où chaque constructeur détient son mélange breveté qui lui est propre. Et quand j’ai mis les pieds dans un exemplaire neuf de la Subaru WRX, l’odeur qui a titillé mes récepteurs était identique à celle de la Subaru Impreza WRX 2002 dont j’étais propriétaire lors de mes études.

L’élément émané par l’habitacle a interpellé ma mémoire olfactive, me projetant ainsi dans le passé, près de vingt ans en arrière dans une série de souvenirs, notamment les retards sur mes travaux et dissertations, les longues soirées entre amis et les courses de rue sur l’avenue Ryan qui longe l’aéroport de Dorval. Quelle nostalgie!

Un peu comme cette fragrance a fait son empreinte dans l’hippocampe de mon cerveau, le moteur boxer et la traction intégrale, eux, ont fait leur empreinte dans la WRX et dans la STI. En effet, tout comme la WRX à l’époque était animée par un quatre cylindres à plat de 2 litres turbocompressé, le modèle 2021 l’est tout autant. Mais à la place de 227 chevaux canalisés aux quatre roues, c’est désormais 268. Pour le couple, c’est 258 lb-pi plutôt que 217 lb-pi. Certes, le moteur a changé de code et d’architecture depuis, et une série d’améliorations apportées au fil des années ont résolu certaines des faiblesses. Pour sa sœur plus dévergondée STI, on parle du bon vieux moteur EJ25 qui développe 310 chevaux et 290 lb-pi de couple.

Un habitacle rudimentaire

Les habitacles de la Subaru WRX et WRX STI 2021 sont plutôt traditionnels. Le système d’infodivertissement et son écran sont moyennement intuitifs et les textures sont insipides. En fait, l’habitacle n’est que légèrement plus cossu que celui de mon ancienne WRX. Par contre, il fournit au conducteur un poste de conduite avec une position idéale, avec en prime un petit écran en haut du tableau de bord qui diffuse des informations relatives à la performance comme la pression du turbo et la consommation, permettant au passager de garder un œil sur les signes vitaux de la bête. Fidèles à la réputation de Subaru en rallye, les sièges Recaro étreignent fermement les occupants à l’avant.

Des performances qui ne tombent pas à plat

Le sens de l’ouïe se voit comblé lorsque l’on met l’une ou l’autre de ces bêtes en marche. Le rugissement de leur moteur Boxer est si unique que l’on peut les distinguer des autres véhicules à des milles à la ronde.

Le moteur à plat boxer comporte ses avantages, comme le fait qu’il peut être boulonné plus bas dans le compartiment moteur, favorisant ainsi la tenue de route du véhicule. Mais le quatre cylindres turbocompressé a longtemps souffert d’un temps de réponse (lag) à l'accélération. C’est un mélange de physique et d’acheminement des gaz d’échappement vers le turbocompresseur qui est à la base de ce bobo qui tourmentait notamment ma WRX en 2002. Au fil des ans, les avancées sur le plan de la conception du turbocompresseur, de l’électronique et de l’harmonie générale dans la tuyauterie du système ont fait de cette hésitation, quoique toujours présente, un phénomène presque effacé. Ceci m’a permis d’accéder aux 258 lb-pi de couple à 2 000 tr/min lors de ma première accélération. Manier la boîte manuelle à six rapports - la seule boîte qui devrait être offerte avec cette WRX selon moi - est un plaisir multisensoriel en soi.

Accélération poussée, levier de changement avec une bonne course entre les rapports, embrayage convivial pouvant être utilisé par pas mal n’importe qui, la WRX se lance avec vigueur sur tous les types de surfaces. Mais celle-ci n’est pas faite pour la ligne droite. La suspension, le châssis et le rouage intégral travaillent comme un vieux trio musical avec d’innombrables répétitions derrière la cravate; une prestation sans répit visant à garder la WRX sur la bonne voie, peu importe la vitesse. Les freins surdimensionnés Brembo de la variante Sport-Tech ajoutent une touche esthétique à l’ensemble, mais constituent surtout un élément de sécurité hautement rassurant. Oui, la WRX semble grosse et pesante en conduite urbaine, mais on oublie vite cette réalité sur une route sinueuse et dégagée.

Dynamiquement, la STI est un peu plus performante que la WRX, mais la différence n’est pas énorme sur la route. En revanche, le tarage des suspensions de la STI apporte une meilleure efficacité sur des routes sinueuses, mais cela se fait au prix d’une plus grande fermeté. Pour un usage quotidien, le roulement plus souple de la WRX est plus agréable à vivre.

La WRX et la WRX STI 2021 sont vieilles, mais sages; elles respectent toutes les traditions du constructeur sur la sportivité. Or, leur forme actuelle deviendra éventuellement un souvenir lointain. Elles nous quitteront pour revenir boulonnées sur la plate-forme globale de Subaru, avec plus de technologies motrices et de gadgets. Mais je suis prêt à parier qu’elles conserveront leurs valeurs traditionnelles : moteur Boxer, traction intégrale – et le même parfum!

Feu vert

Feu rouge

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