Aston Martin DBS Superleggera - Tout feu tout flamme

Publié le 1er janvier 2020 dans 2021 par Louis-Philippe Dubé

Sur sa carrosserie aux courbes fluides et d’une limpidité immaculée se trouve un assemblage sans compromis d’éléments soigneusement confectionnés et apposés dans un ordre précis et calculé. Rien n’y est pour rien. On lui a décerné l’appellation Superleggera (super légère), impliquant une cure d’amaigrissement stricte par rapport à sa sœur la DB11. Des freins en carbone céramique et des jantes retranchent le poids non suspendu, tandis que des panneaux en fibre de carbone, eux, se chargent de remplacer les métaux pesants.

Divinité de l’automobile, l’Aston Martin DBS Superleggera incarne le rêve de la grande GT anglaise, agile et distinguée, mais à l’esprit furieusement dévergondé. 

Quintessence mécanique, multipliée par douze

Dans son antre vit une bête en voie d’extinction; soit un moteur V12 de 715 chevaux et 664 lb-pi de couple. Émise par ses tuyaux d’échappements de titane, la sonorité d’un orchestre composé de 12 bielles et autant de pistons, surmonté de 48 soupapes et survitaminé par deux turbocompresseurs s’éveille en une cacophonie exaltante à la pression du bouton d’allumage. La première vitesse embrayée et l’accélérateur enfoncé, l’orchestre s’emballe avec brutalité jusqu’à 8 900 tours par minute. L’opération est brutale, mais mesurée, et parfaitement guidée d’une main agile par l’ordinateur de bord, chef d’orchestre de cette grande troupe bestiale, qui s’assure que les 664 lb-pi soient servies sur un plateau d’argent à 1 800 tours minute.

À l’actionnement des palettes montées au volant, la boîte de vitesses ZF automatique à huit rapports fouette les flancs du troupeau d’un geste si véloce qu’il n’est perceptible qu’à l’oreille très attentive. Du coup, les chevaux changent de cadence en rattrapant l’horizon, sans répit, à une vitesse pouvant atteindre 340 km/h.

Le châssis, lui, ne laisse guère son cavalier plonger du nez. Ce freinage brusque et difficile à moduler en conduite citadine prend tout son sens quand la DBS est lancée en entrée de virage à une vitesse vertigineuse. S’en suit de l’intervention de la direction, qui suit à la lettre le mouvement du volant en aiguillant chirurgicalement le cavalier vers le point désiré. Une fois engagée dans la courbe, la Superleggera se dévoue moteur et châssis pour combattre les lois de la physique qui tentent de souligner la présence d’une masse écrasante à l’avant. L’ingénierie de la suspension est mise en œuvre au millimètre près, et la monture ne bronche pas ou presque. L’accélérateur peut être réenfoncé graduellement, le chef d’orchestre battant vigoureusement la mesure de toutes mains, la DBS Superleggera rugit sourdement à nouveau en sortant de la courbe. C’est l’extase, rien de moins!

Un habitacle chic, mais plutôt élémentaire

L’habitacle de la DBS Superleggera est d’une simplicité pardonnable, adoptant une « saveur » moins complexe que la mécanique qu’il commande, le tout façonné avec une qualité d’assemblage irréprochable. Au centre, deux bandes coincent une petite planche de bord exposant le strict nécessaire. Ne cherchez pas les ensembles élaborés de sécurité active ici, la dénomination Superleggera s’est appliquée à eux et ils sont restés à l’usine. Le bloc d’instruments, plus moderne, diffuse les nombreux signes vitaux de la DBS avec précision. La sellerie à l’avant, conçue pour étreindre avec conviction les courbes des veinards qui y s’installent, sont également de véritables œuvres d’art à contempler.

La visibilité est limitée pour le conducteur qui se doit de porter une attention particulière aux dimensions de la DBS lors des manœuvres. Oui, les places arrière sont présentes, au sens propre. Mais elles sont peu recommandables pour les adultes, et à oublier pendant le trajet Montréal-Québec avec un pilote passionné au volant.

La DBS Superleggera est un péché décadent. Et dans le contexte automobile actuel, un cas de conscience en soi – même avec toute cette légèreté, la consommation peut rapidement atteindre des niveaux gênants.

La science et l’évolution sont donc à l’origine de la persécution de l’animal mécanique sous le capot. La quête de l’efficacité énergétique rattrape inévitablement les grandes dames de l’automobile qui rapetissent leurs cylindrées et greffent des systèmes hybrides. Et Comme les rock stars ont remplacé l’alcool et les drogues avant leurs concerts par des siestes et des shakes vitaminés, les GT troquent tranquillement le feu et les flammes contre les électrons et leurs étincelles.

Mais pour l’instant, la DBS Superleggera fait partie des irréductibles au volant desquelles il fait bon de mettre sa culpabilité de côté et de mordre à pleine combustion dans la route, à vives gorgées de jus de dinosaures fossilisés. Le tout avec grande classe et beaucoup d’allure.

Feu vert

Feu rouge

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