Nissan Leaf 2010, l'avenir électrique
Los Angeles, Californie. Signe des temps, les constructeurs délaissent la course automobile pour se lancer à fond dans la nouvelle course vers les technologies vertes, conscients du fait que les premiers à commercialiser des véhicules « zéro émissions » seront favorablement récompensés par un public qui semble désormais prêt à faire face au réchauffement planétaire et à adopter de nouvelles technologies en matière de transport. Après un « faux départ », il y a une dizaine d’années, avec General Motors qui a été le premier constructeur à commercialiser la EV-1, un véhicule électrique pour le grand public qui n’a pas connu le succès escompté et qui a été retiré du marché, Nissan fait le pari que les automobilistes sont maintenant prêts à accueillir la Leaf qui sera lancée dès 2010 aux États-Unis, en Europe ainsi qu’en Asie.
Lors du lancement de la tournée de promotion de la Leaf en sol américain à Los Angeles, il a été possible de conduire une Nissan Versa à empattement allongé dotée de la motorisation électrique de la Leaf sur un court circuit aménagé dans le stationnement du Dodgers Stadium. Premier constat, cette voiture n’avait rien d’artisanal, était bien achevée et capable d’une accélération initiale plutôt franche courtoisie de son couple chiffré à 206 livres-pied, ce qui est largement supérieur à celui d’une Versa à motorisation conventionnelle. Comme c’est le cas pour les véhicules à motorisation hybride, ce prototype (tout comme la Leaf) était équipé d’un système de freinage régénératif servant à recharger la batterie à chaque décélération, mais son entrée en action était tellement subtile que l’on pourrait presque le qualifier d’imperceptible, ce qui n’est pas le cas sur certaines voitures hybrides. Bref, le comportement de ce prototype était en tous points conforme à celui d’une Versa à motorisation conventionnelle sur ce court circuit, mais son comportement lors d’une utilisation normale sur la route reste à valider.
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Le projet de Nissan est à la fois ambitieux et visionnaire puisqu’il consiste non seulement à construire le véhicule électrique lui-même mais également les batteries qui l’alimenteront. L’usine Nissan d’Oppama au Japon a été choisie pour produire la Leaf, une berline à cinq places élaborée sur une toute nouvelle plateforme présentée au dernier Salon de l’Auto de Tokyo, alors que les cellules au lithium-ion qui seront la source d’énergie pour son moteur de 80 kilowatts (environ 107 chevaux) seront produites à l’usine de Zama au Japon. L’usine américaine de Nissan à Smyrna au Tennesse servira éventuellement aussi à construire la Leaf et à produire les batteries, augmentant ainsi la capacité totale de production. Selon Carlos Ghosn, président et chef de la direction de Nissan et de Renault, la Leaf sera capable de rouler sur 100 milles ou 160 kilomètres, de faire le 0-100 kilomètres/heure en 10 secondes, d’être rechargée à 80% en moins de trente minutes au moyen d’un chargeur rapide et d’être complètement rechargée après une période de moins de 8 heures lorsque branchée sur une source de courant conventionnelle de 220 volts.
Le prix de la Leaf n’a pas encore été annoncé, mais l’objectif de Nissan est de la proposer à un prix qui devrait se situer à 1 ou 2 pour cent près d’une voiture à motorisation conventionnelle de même taille. Cependant, il est important de préciser que la stratégie de commercialisation élaborée pour le marché américain prévoit que les acheteurs de la Leaf devront louer la batterie qui l’alimente et que le coût de la location de la batterie jumelé au coût de l’électricité achetée par l’automobiliste devrait être comparable au coût de l’achat d’essence pour un véhicule à motorisation conventionnelle. Nissan compte également sur l’appui des gouvernements à l’échelle mondiale pour lancer cette transition vers les véhicules « zéro émissions », certains d’entre eux ayant déjà élaborés des programmes incitatifs pour l’achat de ces véhicules. Ainsi, les automobilistes européens pourront compter sur un incitatif chiffré à 5000 euros alors que celui proposé par le gouvernement fédéral américain se chiffre à 7500 dollars. Plus près de nous, le gouvernement ontarien prévoit un programme offrant de 4000 à 10,000 dollars aux acheteurs de véhicules à « zéro émissions », le montant de cette subvention étant variable et fixé en fonction de la grosseur de la batterie équipant le véhicule. L’arrivée de la Leaf en sol canadien est prévue pour l’automne 2011 dans la ville de Vancouver, qui a déjà établi un programme de partenariat avec Nissan, pour ensuite s’étendre au reste du pays en 2012. Nissan Canada n’a pas encore décidé si la stratégie de commercialisation axée sur la location de la batterie s’appliquera chez nous mais précise qu’il s’agit d’un des scénarios actuellement à l’étude.
Toujours selon Carlos Ghosn, les véhicules électriques devraient représenter 10% du marché en 2020. Cependant, cet essor ne sera possible que si les gouvernements mettent l’épaule à la roue non seulement en ce qui a trait à la mise en place de programmes incitatifs servant à « survolter » les ventes de véhicules électriques, mais également en développant des réseaux de production d’énergie électrique renouvelable, de même qu’un réseau d’alimentation plus efficace qui sera en mesure de composer avec la demande accrue en électricité engendrée par l’arrivée sur nos routes de véhicules électriques comme la Leaf.