Mercedes-AMG GLE 63 S Coupé 2021 : le règne du superflu
Maintenant que les marques de luxe offrent presque toutes au moins un VUS, on oublie que Mercedes-Benz fut la première à s’aventurer sérieusement sur ce marché en Amérique du Nord il y a déjà 24 ans. Au point de construire une usine à Vance, en Alabama, pour fabriquer ses premiers Classe M.
Neuf ans plus tard, le doyen des constructeurs injectait 600 $US millions dans son usine d’Alabama pour amorcer la production d’une deuxième génération de son VUS avec une qualité resserrée. Entièrement redessiné, ce nouveau ML avait surtout troqué son châssis séparé pour une carrosserie autoporteuse, en réponse au succès de son grand rival, le BMW X5.
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Nouveaux moteurs pour une nouvelle époque
Deux coups sur le bouton d’avance rapide et on se retrouve en 2019 pour le lancement d’une quatrième génération de cette famille de VUS cossus que Mercedes a rebaptisée GLE en 2016. Deux coups encore et la série compte à nouveau six modèles, dont la motorisation est changée entièrement pour 2021. Le plus accessible est désormais appelé GLE 350 et doté d’un quatre cylindres turbocompressé de 2 litres et 255 chevaux. C’est 74 de moins que le V6 du modèle précédent, pour quelques milliers de dollars de moins aussi.
À l’inverse, les versions les plus puissantes sont évidemment les GLE 63 S, façonnées par AMG. Elles sont animées par un V8 biturbo de 4 litres et 603 chevaux, soit 26 de plus que le V8 de 5,5 litres qu’il remplace. À cette cavalerie s’ajoutent les 21 chevaux d’un alternodémarreur sur 48 volts qui appuie les accélérations et les fonctions hybrides, dont l’arrêt-redémarrage en douceur du V8. Entre les deux nouveaux groupes propulseurs, les six cylindres en ligne turbo de 3 litres qui équipent les GLE AMG 53 et GLE 450 livrent respectivement 429 et 362 chevaux et profitent eux aussi de l’hybridation légère sur 48 volts.
Cette stratégie d’élargissement de la gamme n’est sûrement pas mauvaise, puisque la série GLE occupait le premier rang de sa catégorie au Québec, l’an dernier. Ses ventes ont même augmenté de près de 10% alors qu’elles chutaient d’environ 7% dans l’ensemble. Les nombreux changements apportés ces dernières années y sont aussi pour beaucoup.
L’air avant la chanson
Fidèle à l’obsession qu’ont les marques de luxe germaniques de contrer leurs rivales, créneau par créneau, Mercedes-Benz a lancé le premier GLE Coupé en 2016. C’était, cette fois, une réplique au BMW X6 qui en était déjà à sa deuxième génération. Audi et Porsche ont mis encore plus de temps à lancer leurs Q8 et Cayenne Coupé dans cette mêlée.
Le GLE 63 S Coupé est le modèle le plus cher parmi la demi-douzaine que compte la série. Il est nouveau pour 2021, comme son frère anguleux, après avoir sauté l’année 2020. Avec son toit profilé, il est plus court que ce dernier d’une poignée de millimètres mais surtout plus bas de 6,6 cm et posé sur un empattement raccourci de 6 cm, qui réduit le diamètre de braquage de 10 cm. Son coffre à bagages peut gober 655 litres derrière la deuxième banquette, soit 25 de mieux que l’autre. Son volume total est cependant inférieur de 265 litres.
Svelte de profil, avec sa ligne de toit qui chute doucement vers l’arrière, le GLE 63 S Coupé est un costaud qui fait paraître normales ses jantes de 22 pouces chaussées d’immenses pneus de taille 285/40 à l’avant et 325/35 à l’arrière. Comme toutes les versions AMG, sa calandre porte les quinze fanons verticaux chromés qui ornaient celle de la Mercedes-Benz 300 SL victorieuse aux 24 Heures du Mans et dans la légendaire Carrera Panamericana en 1952. De taille démesurée, elle lui donne l’air d’un poisson préhistorique aux dents géantes.
Avec une partie arrière découpée très haut et un hayon incliné, coiffé d’un mince aileron incurvé, la vue sur l’arrière est très limitée dans le rétroviseur central. Sous le bouclier arrière, en deux sections, un diffuseur aérodynamique déploie ses quatre grandes ailettes, flanqué de quatre embouts d’échappement en parallélogramme arrondi, réunis en paires.
Comme toujours dans les modèles AMG, le tableau de bord est spectaculaire et truffé de boutons, leviers et molettes qui sont, pour la plupart, pratiques et efficaces.
Même constat pour un volant superbe qui offre, en plus de manettes en alliage pour la boîte automatique, des touches multifonctions et de minuscules pavés tactiles. Les inscriptions qui ornent ses plateaux de commandes au fini en aluminium satiné sont cependant indéchiffrables en plein soleil...
La pièce de résistance demeure toutefois le grand rectangle qui combine deux écrans à haute résolution de 12,3 pouces dont la portion droite est tactile. Heureuse idée puisque le grand pavé sur la console centrale est peu convivial. L’interface multimédia, animée par le système MBUX, est malgré tout une des plus souples et modernes. Les sièges avant sont bien taillés et la position de conduite très juste. L’accès aux places arrière est correct. Leur assise est suffisamment haute pour un bon maintien et creusée vers l’arrière, pour maximiser la garde au toit. Le dossier repliable est découpé en sections 40/20/40.
Le cœur plus que les jambes
Dans la meilleure tradition AMG, le moteur du GLE 63 S Coupé est exceptionnel. Il le propulse à 100 km/h en 3,97 secondes, lui permet de franchir le quart de mille en 12,15 secondes à 187,1 km/h et de passer de 80 à 120 km/h en 3,25 secondes. Tout ça avec la sonorité enivrante d’un V8 inspiré des engins de course d’AMG.
Ce GLE a par contre stoppé de 100 km/h sur une distance plutôt longue de 37,66 mètres, malgré de grands disques de 400 mm à l’avant, pincés par des étriers 6 pistons, et des disques arrière de 370 mm.
Le silence à bord est louable, à la vitesse tolérée sur autoroute. La tenue de cap est nette et le centrage de la direction impeccable, grâce à la géométrie du train avant. Avec ses larges pneus au profil carré, le GLE 63 S Coupé suit toutefois les ornières et louvoie constamment sur les chaussées inégales. La tenue en virage est franchement banale en mode Normal. C’est un peu mieux avec le mode Sport, qui resserre tout d’un cran. Et il reste toujours les modes Sport+ et Course
Mais pour tout dire, malgré son moteur spectaculaire, sa suspension réglable, ses gros pneus et ses multiples modes de conduite, le GLE 63 S Coupé est faussement sportif. C’est un VUS bourgeois de deux tonnes et demie qui affiche le dernier-cri en matière d’équipement. Un peu comme ces cyclistes replets à la tenue étincelante et multicolore que l’on croise sur leur monture en fibre de carbone les dimanches matins d’été ensoleillés.
Pour certains, son allure, ses performances, son tableau de bord impressionnant et l’immense étoile à trois pointes au milieu de sa calandre suffiront amplement. Les autres trouveront mieux ailleurs, sans doute à meilleur prix.
Fiche d'évaluation | |
Modèle à l'essai | Mercedes-Benz GLE 2021 |
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Version à l'essai | AMG 63 S 4MATIC+ Coupé |
Fourchette de prix | 69 900 $ – 135 300 $ |
Prix du modèle à l'essai | 154 400 $ |
Garantie de base | 4 ans/80 000 km |
Garantie du groupe motopropulseur | 4 ans/80 000 km |
Consommation (ville/route/observée) | 16,3 / 12,8 / n.d. L/100km |
Options | Groupe luxe ‘haut de gamme’ avec : interface multimédia MBUX, démarrage sans clé, chauffage rapide et climatisation des sièges avant avec massage, accoudoirs, contreportes et sièges 2e rangée chauffants, caméra périphérique, affichage à tête haute AMG, portières à fermeture en douceur, hayon ouvert par balancement du pied, système de purification de l’air et diffusion de parfum dans l’habitacle (7 900 $), Chaîne audio ambiophonique Burmester 3D (6 900 $), Moulures en fibre de carbone au tableau de bord (2 500 $), Ceintures de sécurité rouges Designo (250 $), Prise de courant de 115 volts (150 $) |
Modèles concurrents | Acura MDX, Audi Q7, Audi Q8, BMW X5, BMW X6, Buick Enclave, Cadillac XT6, Genesis GV80, Infiniti QX60, Land Rover Discovery, Land Rover Range Rover Sport, Lexus GX, Lexus RX, Lincoln Aviator, Lincoln Nautilus, Maserati Levante, Porsche Cayenne, Tesla Model X, Volvo XC90 |
Points forts |
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Points faibles |
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Fiche d'appréciation | |
Consommation | Gloutonnerie sans surprise pour ses deux tonnes et demie et un V8 biturbo de 603 chevaux. |
Confort | Roulement assez bien maîtrisé, malgré la masse et la hauteur, assorti de sièges accueillants. |
Performances | Un V8 biturbo musclé, sonore et animé en accélération, ou alors souple et discret. |
Système multimédia | Écrans magnifiques et interface MBUX souple et rapide, avec un minimum d’agacements. |
Agrément de conduite | Des élans et une trame sonore exceptionnels qui compensent un comportement quelconque. |
Appréciation générale | Confort, performances et clinquant à souhait, à défaut d’un comportement exaltant ou inspiré. |