Suzuki Kizashi 2010, ça sent la coupe à Montréal...

Publié le 17 novembre 2009 dans Premiers contacts par Alain Morin

Chaque fois, on se fait prendre. Le Canadien gagne son premier match de la saison régulière et vlan! on imagine les ti-gars défilant avec la Coupe à bout de bras. Certaines saisons nous ont déçues, d’autres, moins nombreuses, nous ont ravies.

C’est un peu le sentiment que j’ai ressenti en essayant la nouvelle Suzuki Kizashi. Juste avant de prendre son volant, les autorités canadiennes de Suzuki nous avaient livré un vibrant discours sur les qualités extraordinaires de leur Kizashi. Or, je me demandais si la voiture n’était pas le reflet du CH de cette année. Beaucoup de promesses, beaucoup de talent mais peu de résultats.

En Amérique du Nord, Suzuki est surtout reconnu pour ses motos et ses VTT. Et aussi pour ses petites voitures économiques… pas toujours bien adaptées à nos besoins. Mais on oublie que Suzuki, qui vend moins de 15 000 unités par année au Canada, est une très grande corporation en Asie et que ses moyens sont passablement élevés. Alors quand Suzuki annonce qu’il débarque avec une voiture intermédiaire de la classe des Honda Accord, Ford Fusion et Subaru Legacy, il ne faudrait pas le prendre trop à la légère. En 2009, par exemple, Suzuki prévoit vendre 23 millions de véhicules à travers le monde, ce qui, vous l’admettrez, n’est pas rien.

Quelque chose de grandiose s’en vient…

Chez Suzuki, on n’est pas dupe. Les dirigeants sont au fait que le principal défi pour s’imposer sur le marché nord-américain de la voiture intermédiaire sera de surmonter le scepticisme des gens. Pour y arriver, ils ont baptisé la voiture Kizashi. Ce nom sonne bizarre à nos oreilles mais en japonais il veut dire « Something great is coming » (Quelque chose de grandiose s’en vient).

Pour cette nouvelle voiture, les ingénieurs ont créé un tout nouveau châssis, testé autant sur les autobahns allemands que dans les Alpes ou au circuit du Nurbürgring.  Sur cette plate-forme ils ont implanté un quatre cylindres de 2,4 litres de 180 chevaux, une version améliorée de celui du Grand Vitara. On a en effet modifié l’admission et l’échappement. Quant à la transmission, il s’agit d’une CVT (à rapports continuellement variables) fabriquée par Jetco. Si les Américains auront droit à une version à rouage intégral et une autre à traction, les Canadiens n’auront d’autre choix d’opter pour le rouage intégral. Par contre, il est possible, grâce à un bouton placé au tableau de bord, de rouler en utilisant uniquement les roues avant. Ce rouage est du même type que celui utilisé par Infiniti, c'est-à-dire qu’il anticipe le patinage des roues. Par exemple, en accélération vive, le couple se transmet aux roues arrière avant même que les roues avant patinent. Sur une surface sèche, 99% du couple est transmis aux roues avant et la proportion peut aller jusqu’à 50/50. En mode deux roues motrices, seules les roues avant entraînent la voiture pour économiser le carburant.

Esthétiquement parlant

Réglons rapidement la question esthétique puisqu’il s’agit de goût et que de goût, on ne discute pas. Mais puisque vous me le demandez, je trouve la Kizashi très jolie, surtout la partie arrière avec son becquet de canard sur le dessus du coffre et les deux gros échappements triangulaires. L’avant ressemble beaucoup à celui d’une Volkswagen Passat, en moins délicat. L’habitacle est réussi. Vaste et confortable, il gagnerait cependant à afficher une qualité de plastiques un peu plus relevée… et un peu moins noirs. La plupart des versions n’offrent qu’un peu de chrome ici et là. Heureusement, on retrouve plusieurs espaces de rangement et le coffre à gants est immense, une denrée de plus en plus rare. Bonne note aussi pour le système audio Rockford Fosgate, livré de série. Par contre, on ne retrouvera pas, même en option, de système GPS. Cet accessoire, selon les dirigeants de Suzuki, ajoute au moins 1 000$ au prix de la voiture tandis qu’un système de poche coûte à peine quelques centaines de dollars et peut être utilisé dans différents véhicules.

Les sièges sont confortables et retiennent bien en virage. Même à l’arrière, les passagers n’auront pas à se plaindre autant au niveau du confort que de l’espace réservé aux jambes et à la tête sauf la personne devant se taper la place centrale, tellement molle que même un Lincoln Continental 1979 la renierait. Les dossiers de ces sièges s’abaissent de façon 1/3-2/3 pour agrandir un coffre déjà grand. On retrouve même une trappe à skis. Le coffre, puisqu’on en parle, possède une grande ouverture et son couvercle ouvre suffisamment haut pour ne pas risquer le scalp chaque fois qu’on se penche à l’intérieur. Bref, du beau travail.

La Kizashi s’en tire bien!

Les quelques voitures que nous avons pu conduire lors du lancement étaient des modèles américains de pré-production. D’emblée, aucun bruit de caisse n’est venu troubler nos essais et ce, dans aucune des voitures. Ce qui confirme les dires des ingénieurs de Suzuki au sujet du sérieux accordé au développement du châssis. Le moteur de 2,4 litres est loin d’un prix international de raffinement mais il s’acquitte passablement bien de sa tâche. Nous n’avons pas pu mesurer le 0-100 mais nous estimons qu’il se situe aux alentours de 9,5 secondes, la moyenne pour la catégorie. Le fait qu’il ne soit pas très puissant à bas régime le fait paraître plus lourdaud qu’il ne l’est en réalité. Mais c’est surtout le râle de mort qui accompagne la moindre accélération qui surprend. Franchement, un peu d’insonorisation, à défaut de présenter un moteur vraiment raffiné, n’aurait pas fait de tort à la Kizashi. La transmission CVT effectue un excellent boulot, surtout en mode manuel opéré par des palettes situées derrière le volant, bien qu’elle oblige le moteur à tourner (donc à se lamenter) plus haut et plus longtemps qu’une boîte automatique en accélération. Mais une fois à une vitesse constante, c’est le bonheur. En effet, le moteur tourne à environ 1 800 tours/minute à 100 km/h, ce qui ajoute au confort tout en réduisant la consommation qui, selon Suzuki est de 9,3 litres/100 km en ville et 6,8 sur la route. Ces données s’alignent sur celles des Ford Fusion et Subaru Legacy. La transmission manuelle à six rapports sera réservée au marché américain.

La journée du lancement, Suzuki nous avait emmenés sur une piste d’atterrissage inutilisée (heureusement…) pour nous faire essayer la Kizashi et ses principales concurrentes (Honda Accord, Mazda6, Subaru Legacy, Nissan Altima et Toyota Camry) dans divers parcours. Bien entendu, les voitures avaient été choisies avec soin, question de bien faire paraître la Suzuki, ce qui est de bonne guerre. Et, effectivement, la Kizashi s’est alors montrée sous son meilleur jour. La direction précise, les freins solides et les suspensions fort bien calibrées entre confort et tenue de route nous ont impressionnés. À la fin de la journée, j’ai trouvé que la nouvelle Suzuki s’avèrait moins sportive que la Mazda6, mais plus agréable à conduire que les Nissan Altima, Honda Accord et Toyota Camry. En fait, elle s’approchait, en termes de conduite, de la Subaru Legacy. À noter que cette dernière est la seule dans la catégorie, avec la Kizashi, à proposer le rouge intégral.

La coupe à Montréal? Pas encore…

La Kizashi mettra les pneus chez les concessionnaires au début de 2010. Son prix n’est pas encore fixé mais on nous a promis qu’il serait sous la barre des 30 000$. Genre 29 999$ sans doute… Selon le niveau d’équipement, la Suzuki se situe à peu près au niveau de la Subaru Legacy 2,5 Limited qui, elle, se vend 31 995$ (sièges en cuir, toit ouvrant, climatiseur double zone, système audio Rockford Fosgate, connectivité Bluetooth, etc pour la Kizashi) Là où le bat blessera, ce sera au niveau de la valeur de revente, sans doute inférieure dans le cas de la Suzuki. De plus, lorsqu’on parle de voiture intermédiaire, la plupart des gens ne pensent pas à Suzuki. Ce n’est assurément pas la Verona, une autre intermédiaire, qui, il y a quelques années, a aidé la cause de Suzuki…  En fait, outre son prix (qui n’est pas encore confirmé) et son rouage intégral, la Suzuki Kizashi ne se démarque pas vraiment dans la pléthore de modèles proposés dans cette catégorie. Déloger les Chevrolet Malibu, Ford Fusion, Toyota Camry, Honda Accord et autres voitures solidement implantées sera une très lourde tâche pour la Suzuki Kizashi… qui ne manque pourtant pas d’intérêt!

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