Mazda RX-8, pour consommateurs avertis

Publié le 7 février 2006 dans 2006 par Jacques Duval

Tenez-vous le pour dit : la Mazda RX-8 n’est pas un modèle de sobriété et n’a toujours pas rallié le club des AA. Son moteur rotatif consommait et consomme invariablement une quantité appréciable d’hydrocarbures en dépit des efforts de la firme japonaise pour tempérer sa gloutonnerie. Élue « voiture de l’année » par Le Guide de l’auto 2004 en vertu de l’originalité de sa carrosserie de coupé 4 portes et de sa mécanique inédite, sinon nouvelle, la RX-8 offre encore un bel agrément de conduite. Disons toutefois qu’il est quelque peu terni par cette consommation irritante et dans une certaine mesure par une fiabilité sur laquelle il y lieu de s’interroger.

Au premier contact, la Mazda RX-8 déploie tout son charme, celui d’un coupé pouvant transporter à l’occasion (je dis bien à l’occasion), deux personnes de taille moyenne à l’arrière, d’autant plus que l’accès y est facilité par l’utilisation de ces portes antagonistes que l’on appelle plus souvent « portes suicide », même si personne n’a encore été en mesure de nous dire précisément l’origine de l’expression. Bref, les portes s’ouvrent dans le sens contraire de la pratique courante et la RX-8 passe outre au pilier central, sans conséquence funeste sur la rigidité de la caisse. Malgré tout, la ligne n’est pas spectaculaire, bien que réussie. À l’intérieur toutefois, le discours est différent puisque les petites pincées d’originalité ne manquent pas. Ainsi, les rappels à la forme triangulaire des rotors du moteur sont nombreux et de bon aloi. Ceux situés au centre des appuie-têtes notamment ne passent pas inaperçus.

TROIS FOIS MOINS DE PIÈCES

La discrétion du groupe propulseur vous plonge dans un habitacle paisible et ce n’est qu’en poussant le birotor près de son régime maximal de 9 000 tours/minute qu’il adopte une sonorité sportive pas du tout déplaisante à l’oreille. Et cela se fait avec une totale absence de vibrations qui démontre de façon assez explicite que le rotatif se caractérise par son très faible nombre de pièces mobiles qui est de 3, soit 163 de moins que dans un six cylindres traditionnel. Si l’on poursuit dans cette veine, un V6 compte en moyenne 230 pièces contre seulement 70 dans les moteurs reprenant le principe de fonctionnement d’un moteur à turbine, comme celui mis au point dans les années 60 par le Dr Félix Wankel, le père du rotatif. Est-il besoin d’ajouter que ce type de moteur est à la fois léger et très compact ?

Cela a évidemment de belles répercussions sur le comportement routier et je me souviens encore d’avoir passé tout un après-midi à faire du slalom avec la voiture sans ressentir la moindre fatigue. Ce coupé 4 portes Mazda est d’une agilité étonnante et se manie pratiquement comme un kart avec le concours d’une direction vive et dont la précision ne cesse d’étonner. En conduite sportive, il faut se garder de laisser le moteur descendre sous les 4 000 tours/minute, au risque de perdre le rythme dans une enfilade de virages. Car, aussi bien le dire tout de suite, le moteur rotatif de la RX-8 est l’équivalent en cylindrée d’un moteur classique de 1,3 litre. Il ne faut donc pas compter sur son couple à bas régime pour impressionner parents, voisins ou amis. Les chiffres sont d’ailleurs éloquents à ce sujet puisqu’avec la boîte manuelle à 6 rapports (un délice à utiliser en passant), on mettra près de 8 secondes à passer de 80 à 120 km/h en restant en 4e vitesse. Quant aux accélérations, elles souffrent elles aussi du manque de vigueur du moteur à bas et moyen régime. En somme, on ne fait pas du drag de rue avec n’importe qui au volant d’une RX-8 et il faut savoir choisir ses adversaires.

UNE MÉCANIQUE QUI INQUIÈTE

En plus de sa consommation débraillée, le moteur rotatif n’apparaît pas non plus à l’abri des incidents mécaniques. En cours d’essai, je me suis amusé à le pousser à sa limite permise de 9 000 tours/minute pour me rendre compte qu’il tolère mal un tel traitement. Un témoin lumineux est apparu au tableau de bord, indiquant une déficience du moteur et celui-ci a connu une chute sensible de sa puissance. Tout est par la suite rentré dans l’ordre, mais disons que j’avais perdu le goût de récidiver.

Après le vent d’enthousiasme qui a soufflé sur la Mazda RX-8 lors de son apparition sur le marché, la voiture n’a pas vraiment été à la hauteur de la bordée de louanges qu’elle a reçue. Certes, sa carrosserie de coupé 4 portes est innovatrice et son moteur rotatif est d’une douceur à faire réfléchir les ingénieurs de BMW, mais la voiture que j’ai réessayée récemment m’a fait déchanter à plusieurs points de vue. Au lancement de la RX-8, Mazda avait proclamé bien haut qu’elle avait enfin réussi à résoudre les problèmes inhérents au moteur rotatif, ce qui est une demi-vérité. Ce moteur traîne toujours avec lui ce qui a fait capituler tous les autres constructeurs, c’est-à-dire sa consommation déraisonnable d’essence et d’huile. Avec l’essence à 1 $ le litre, une consommation de 13 à 14 litres aux 100 km fait cruellement réfléchir. Vantons aussi la présentation intérieure très originale et un aspect pratique plus invitant que dans plusieurs voitures de sport. En revanche, le confort de la suspension est dérangeant et on a toujours l’impression que l’amortissement est assuré par des ressorts en bois avec un claquement bien caractéristique. En somme, le moteur rotatif est selon toute vraisemblance arrivé en bout de ligne et même la vaillance et le talent des ingénieurs de Mazda n’auront pas suffi à en faire une solution viable.

Feu vert

Maniabilité exceptionnelle
Moteur inédit
Un coupé 4 portes
Boîte manuelle engageante
Prix attrayant

Feu rouge

Consommation importante
Faible couple du moteur
Places arrières occasionnelles
Visibilité limitée vers l’arrière

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