Fiat, cette grande énigme
Au moment de finaliser la pagination du Guide de l’auto 2022, l’équipe s’interrogeait à savoir si nous conservions les deux pages consacrées à la Fiat 500X.
Après tout, à peine 35 unités ont été vendues dans le pays tout entier en 2020, ce qui ne représente même pas un véhicule par concession. Puis, jusqu’au 30 septembre de cette année, les concessionnaires Fiat écoulaient 17 modèles 500X. Pour la majorité, ces véhicules étaient millésimés 2020 ou 2019. On peut par conséquent s’interroger sur l’existence d’une Fiat 500X 2021 et sur l’avenir de la marque en Amérique du Nord.
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En discutant avec différents propriétaires de concessions, les opinions concernant Fiat divergent. Certains croient encore qu’il est possible de faire quelque chose avec cette marque, à la condition que Stellantis y mette les efforts nécessaires. Or, la plupart ont jeté l’éponge depuis belle lurette, deux d’entre eux m’ayant confirmé ne pas avoir commandé une seule Fiat depuis au moins trois ans. Alors, quelle est la pertinence pour eux de conserver la bannière, si ce n’est que pour continuer à faire l’entretien de ces modèles?
Par ailleurs, il faut savoir que Stellantis Canada a mis en place un programme afin de convertir les salles d’exposition Fiat, souvent détachées ou isolées de celles de Chrysler/Dodge/Jeep/Ram. Une conversion qui vise à créer des emplacements dédiés à Jeep, en voie de renouveler sa gamme à part entière. Naturellement, cette suggestion est bien accueillie par les concessionnaires, lesquels considèrent avec raison que Jeep constituera plus que jamais le pain et le beurre du constructeur. Avec Ram, évidemment.
Une marque qui s’accroche
Cette semaine, on m’apprenait toutefois qu’il était bel et bien possible pour un concessionnaire de passer une commande pour une Fiat 500X 2022, laquelle aurait même droit à quelques petites retouches esthétique. On me confirmait donc par le fait même que le Guide de l’auto avait eu raison de la conserver dans ses pages, bien que l’existence d’une Fiat 500X canadienne pour 2021-2022 ne soit que théorique.
Bien que la 500X ne soit pas digne de se hisser au sommet de sa catégorie, on peut néanmoins lui attribuer de belles qualités. À commencer par sa ligne, charmante, ainsi qu’à son aménagement intérieur franchement bien pensé et rafraîchissant. Puis, admettons-le, son moteur de 1,3 litre turbocompressé est plus nerveux que celui d’une majorité de véhicules rivaux. J’ose donc croire qu’avec un certain soutien de la part de son constructeur, ce véhicule aurait de petites chances de succès. Cependant, il n’en est rien. Les concessionnaires n’ont aucunement l’obligation de conserver ne serait-ce qu’une unité en stock, et n’ont également aucun objectif de vente relatif à ce modèle qui, rappelons-le, est désormais seul au sein de la gamme Fiat en Amérique du Nord.
Pour éclaircir la question, mais aussi pour connaître la pertinence de conserver la marque en vie sur le marché canadien, j’ai contacté les relationnistes du constructeur. Leur réponse n’aura été que protocolaire, pour ne pas dire insignifiante. « Fiat poursuit ses efforts dans le segment en forte hausse de popularité qu’est celui des multisegments compacts. Le véhicule propose un design italien unique, quatre roues motrices de série ainsi qu’une consommation moyenne combinée de 7,9 L/100 km ». Eh oui, voilà la réponse que l’on m’a servie! Aucun commentaire face à l’avenir de la marque ni même sur les ventes symboliques d’un modèle encore plus rare qu’une Rolls-Royce Phantom. Rien.
Admettre ses torts
Or, la réponse se trouve peut-être justement dans le fait que Stellantis refuse d’admettre ses torts. Car si le constructeur devait tirer un trait sur Fiat en Amérique du Nord, il devrait sans doute débourser de fortes sommes en compensation et dédommagement auprès des concessionnaires qui ont accepté d’embarquer dans cette aventure, il y a maintenant 10 ans. N’oublions pas que comme il ne s’agit pas d’une faillite, le constructeur pourrait être redevable face à ses marchands. Est-ce que Stellantis choisirait donc artificiellement de conserver sa marque en vie afin d’éviter de débourser des sommes colossales auprès de ses concessionnaires? Est-ce que cette aventure déjà très coûteuse pourrait ainsi le devenir encore plus?
Chose certaine, la survie de cette marque - que l’on peut considérer comme sérieusement compromise - pourrait finalement être prolongée plus longtemps que l’on pourrait le croire. Car si, d’un point de vue d’analyse de marché, la division Fiat n’est plus logique, elle peut le demeurer pour Stellantis Canada, qui préfère jouer à l’autruche plutôt que de faire face à la réalité.