Corvette 1971 et Corvette 2021 : cinq décennies, huit cylindres, une vocation

Publié le 10 novembre 2021 dans Voitures anciennes par Louis-Philippe Dubé

L’histoire de la Chevrolet Corvette fait partie intégrante du patrimoine automobile américain.

À son stade embryonnaire, celle que l’on a baptisée Project Opel voulait s’inspirer des grandes sportives britanniques. Et une fois le nom Corvette apposé sur un modèle de production en bonne et due forme, la bagnole était déjà en voie de devenir l’un des plus puissants symboles de l’automobile américaine, même si la cavalerie sous son capot ne comptait que 150 chevaux à l’époque!

Elle n’a certes pas fait que des heureux au sein de sa communauté d’adeptes. Certaines générations et divers modèles ont été boudés à cause de choix stylistiques, motorisations et technologies discutables. D’autres, en contrepartie, ont abouti dans des musées et collections privées grâce à leur popularité – et la grande valeur qui leur a été attribuée.

Qu’à cela ne tienne, la Corvette a toujours voulu démocratiser la sportivité en offrant performances et look tape-à-l’œil à prix relativement abordable.

Photo: Andrew Jordan

Grosses Corvette, p’tites vedettes!

Réunir deux spécimens de deux générations différentes constitue invariablement un exercice enrichissant qui nous invite à voyager dans le temps, peu importe la marque ou le modèle. Et nos deux Corvette, si différentes, mais si identiques à la fois, sont parvenues à attirer l’attention des passants de manière égale, telles des vedettes avec 50 ans d’écart qui en ont long à raconter sur l’évolution automobile.

Comme c’est la coutume au Guide de l’auto, elles ont été mises à l’essai, question de faire un retour à l’époque des carburateurs et des pneus « ballounes » d’une part, et de s’immerger dans les dernières technologies de l’autre.

Photo: Andrew Jordan

La Corvette Stingray 1971 n’a pas perdu de sa vigueur

Notre quinquagénaire vêtue d’une carrosserie bleu Bridgehampton  a très bien vieilli. Au volant de cette Corvette de génération C3, on apprend à apprécier certaines choses que l’on tient pour acquises dans l’automobile contemporaine. Pas d’aide au freinage, ni à la direction, « power rien » comme la décrit si bien son propriétaire. Le climatiseur lui aussi brille par son absence pendant cette chaude soirée d’été ou l’indice humidex est sur le point de changer l’air en eau. Or, tout comme notre Corvette moderne, il est possible de la décapoter et de ranger le toit à l’arrière… manuellement, bien sûr!

Photo: Andrew Jordan

Les conditions météo collantes n’ont pas été à la hauteur des ambitions de notre Corvette 1973, par contre. À la pression de l’accélérateur, le carburateur Q-Jet déverse une rivière d’essence dans le collecteur d’admission pour animer les roues arrière. L’exercice se déroule drôlement plus instantanément que certaines voitures modernes qui, elles, sont handicapées par des systèmes électroniques qui tardent à passer le message entre la pédale et le papillon des gaz.

Le V8 454 (LS5) rugit et transfère ses efforts à la boîte automatique TH400 à trois vitesses, une composante qui fait preuve de précision malgré son archaïsme, en effectuant des changements plutôt lents, mais étonnamment doux.

Photo: Andrew Jordan

Sur la route, on pourrait s’attendre à ce que ce vétéran soit « lousse ». Or, sa direction relativement précise - qui travaille de pair avec un volant inclinable et télescopique d’une minceur comme on n’en voit plus de nos jours - et un châssis rigide sont parvenus à garder le cap dans les virages avec une certaine aisance.

Comme c’est le cas pour toutes les anciennes, le système de contrôle de la traction se trouve bien assis entre le siège et le volant! Le secret est donc dans la modulation calculée de l’accélérateur, mais également dans le fait qu’il faut garder une distance dite « hivernale » avec les voitures devant nous, et adapter le freinage pour compenser le manque d’assistance et notre niveau d’attention.

La capacité de la suspension de s’adapter aux routes maganées est pour sa part carrément nulle, mais la sellerie de la Corvette a néanmoins démontré une certaine convivialité.

Photo: Andrew Jordan

La Corvette Stingray 2021 fait preuve d’un équilibre exemplaire

Outre la couleur « jaune surligneur » (son vrai nom : jaune accéléré métallisé) de notre Corvette C8, la principale différence est - vous l’aurez deviné - le V8 de 6,2 litres positionné de manière centrale.

La tâche de compiler des ressemblances additionnelles entre ces deux bolides s’avère ardue, voire quasi impossible. Or certaines caractéristiques physiques ont été reproduites – avec une touche de modernité, bien sûr. Par exemple, quand on s’installe à l’intérieur et que l’on regarde le capot, on peut reconnaître la même forme au niveau des ailes « à la Stingray ».

Photo: Andrew Jordan

Toujours dans cet habitacle, on a droit à une disposition prédisposée à la conduite sportive. Le volant mince et parfaitement rond de notre modèle 1971 laisse place à une composante largement plus épaisse avec une partie inférieure aplatie. La visibilité à l’avant est extraordinaire. Pour l’arrière, on repassera.

Photo: Andrew Jordan

Au-delà des 495 chevaux qu’elle diffuse aux roues arrière via une boîte automatique à huit rapports avec une férocité digne de ses ancêtres, la nouvelle Corvette C8 est en soi un amalgame extrêmement bien calibré de technologies qui visent à faire d’elle une machine de piste invétérée. Et si son look extérieur est tout sauf équilibré, son comportement fait preuve d’aplomb. La suspension magnétique de notre modèle Z51 semble avoir un sens de prédiction; peu importe dans quel pétrin on se met en entrée de virage, la C8 semble toujours reprendre le dessus.

Photo: Andrew Jordan

Elle réunit toutes les qualités d’une sportive, certes, mais sa capacité à s’adapter à notre réseau routier défoncé est ce qui la distingue de bien d’autres bêtes de son espèce. La douceur du roulement est au rendez-vous.

Si vous lisez notre comparatif des sportives dans l’opus 2022 du Guide de l’auto, vous apprendrez que la nouvelle Corvette peut aisément se mesurer aux plus grandes dames de l’industrie avec un rapport sportivité/prix presque inégalable.

La Corvette E-Ray – la prochaine?

Odeur d’essence goulument consommée par un 454 d’une part, l’échappement électronique modulable à la pression d’un bouton de l’autre, tous les paris seront levés lorsque la Corvette sera officiellement dotée d’un moteur électrique, une réalité qui est, je vous le rappelle, inévitable.

Or, l’heure n’a pas encore sonné pour la Corvette et son héritage à huit cylindres, et même si la nouvelle Corvette C8 ne fait pas l’unanimité côté style, elle a certes conservé sa vocation de performance accessible. Autant pour les heureux propriétaires actuels que pour les passants qui la fixent à s’en casser la nuque lorsqu’ils en croisent une sur la route, la Corvette n’a pas fini de charmer les amateurs de voitures.

En vidéo: Antoine Joubert présente la Chevrolet Corvette 2021

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