Vous souvenez-vous de la… Mercury Marauder?

Publié le 6 février 2022 dans Voitures anciennes par Hugues Gonnot

Mercury a joué un rôle important sur la scène automobile américaine du XXe siècle. Fondée en 1939, cette division de Ford aura roulé sa bosse pendant un peu plus de 70 ans, fermant définitivement boutique en 2011.

La Marauder, c’est la dernière tentative d’une marque qui cherchait à retrouver le lustre passé… qui remonte justement aux premières Marauder!

Les belles années

Le nom Marauder apparaît pour la première fois chez Mercury en 1958, sur une nouvelle famille de moteurs. Il sera utilisé jusqu’en 1968, généralement pour désigner les blocs les plus affûtés, avec des cylindrées allant jusqu’à 428 pc.

Au milieu de 1963, le nom sert aussi pour une nouvelle carrosserie (avec une ligne de toit classique, en opposition avec la ligne « Breezeway » en vogue chez Mercury à ce moment) pour les coupés hardtop pleine grandeur, afin d’être plus performants en course de stock-car. Cet ensemble à vocation sportive durera deux millésimes supplémentaires.

Avec le lancement des Cougar Eliminator et Cyclone Spoiler, l’année 1969 est placée sous le signe de la performance chez Mercury. Le manufacturier en profite pour introduire un nouveau coupé, concurrent des Pontiac Grand Prix et Buick Wildcat. La Marauder sera l’écrin idéal pour le nouveau bloc 429 pc. Elle était disponible dans une série spéciale X-100 avec l’arrière peint dans une couleur contrastante semi-mate.  Malgré des lignes séduisantes et des moteurs puissants, la Marauder ne sera commercialisée que deux ans et écoulée à seulement 20 809 exemplaires.

Photo: Ford Motor Company

Inspiré par Chevrolet

Si les années 60 sont une époque où Mercury possède sa propre identité, bien distincte des Ford, la marque perd de sa superbe dès les années 70. Dès lors, les Mercury deviennent des Ford huppées, sans véritable caractère spécifique. Rendu dans les années 90, tout le monde se demande à quoi peut encore servir Mercury. Ford tente de rajeunir l’âge des acheteurs avec la Cougar et essaye de donner un peu plus de style aux modèles de la marque.

Entre alors en action Steve Babcock. Il est chef de programme pour les Ford Crown Victoria et Mercury Grand Marquis. Il a en tête le succès de la Chevrolet Impala SS, commercialisée entre 1994 et 1996, et verrait bien une version similaire sur la plate-forme Panther. Inaugurée en 1979, elle sert de base aux modèles pleine grandeur de la FoMoCo, les Crown Victoria, Grand Marquis et Lincoln Town Car. Il fait réaliser un prototype pour le SEMA Show 1998. Au menu, moteur V8 à compresseur de 335 chevaux, grosses roues, peinture noire, déchromage massif, levier de vitesses au plancher, console centrale et cadrans à fond blanc. Babcock ne pense qu’à un seul nom : Marauder.

Photo: Ford Motor Company

Raid sur la banque d’organes

Les réactions positives encouragent Babcock à aller de l’avant. Le projet avance doucement, d’autant qu’il est choisi de lancer la Marauder pour le millésime 2003, qui coïncide avec d’importantes évolutions de la plate-forme Panther. Cette année-là, les Crown Vic, Grand Marquis et Town Car ont droit à un châssis plus rigide, de nouvelles suspensions, une nouvelle direction à crémaillère plus précise et un léger restylage.

Afin de ramener le nom Marauder dans l’esprit des gens, un concept est exposé au Salon de Chicago 2002. Étonnamment, il s’agit d’un cabriolet, une carrosserie jamais implémentée sur la plate-forme Panther. Il reçoit un V8 à compresseur de 335 chevaux.

Photo: Ford Motor Company

Ce moteur n’est plus là lorsque la version finale est présentée. Il est remplacé par le V8 4,6 litres 32 soupapes de la Mustang Mach 1, fort de 302 chevaux et 318 lb-pi de couple. Développée avec l’aide de Roush, la Marauder puise largement dans la vaste banque d’organes de Ford. La Crown Victoria Police Interceptor fournit ses freins et suspensions renforcés (avec ressorts à air à l’arrière), l’arbre de transmission en aluminium ainsi que le différentiel à glissement limité renforcé de 3,55:1.

Photo: Ford Motor Company

Parmi les pièces spécifiques, on retrouve les pare-chocs (intégrant des antibrouillards Cibié à l’avant et le nom Marauder moulé à l’arrière), l’échappement, les feux arrière légèrement teintés, les amortisseurs Tokico à l’avant et les roues 18 pouces chromées.

L’intérieur bénéficie de sièges en cuir avec insignes du dieu Mercure, de cadrans à fond blanc incluant un compte-tours (une première pour la plate-forme Panther), d’un volant gainé de cuir, d’une console centrale avec voltmètre et indicateur de pression d’huile (fournis par Auto Meter) et d’un levier de vitesses au plancher. Comme toutes ses cousines sur base Panther, la Marauder est fabriquée à l’usine de St-Thomas, en Ontario.

Photo: Ford Motor Company

Un bad boy avec de bonnes manières

L’accueil de la presse pour la Marauder est globalement positif. L’ensemble des journalistes apprécie les manières de l’auto sur la route et le confort maintenu mais trouve les performances un peu justes.

Le magazine Car and Driver réalise le 0 à 60 mph en 7,5 secondes et le quart de mille en 15,5 secondes à 91 mph (146 km/h). C’est pas mal, mais c’est moins bien qu’une Impala SS de « seulement » 260 chevaux. L’impala adopte cependant une moins bonne tenue de route.

Certains en profiteront pour développer des kits à compresseur. Kenny Brown proposera un ensemble qui fait monter la puissance à 460 chevaux et permet d'abattre le 0 à 60 mph en 4,5 secondes et le quart de mille en 13,1 secondes à 108 mph (174 km/h).

Histoire de cultiver l’attitude de méchant garçon, la Marauder n’est initialement disponible qu’en noir. En cours d’année, un gris argent et un bleu perlé seront ajoutés. La voiture est aussi livrée avec un blouson en cuir spécifique. D’ailleurs, Mercury a développé toute une ligne de marchandise à l’effigie de la Marauder : t-shirts, blousons, casquettes, briquets…

Photo: Ford Motor Company

L’accueil du public est plus réservé. Les ventes de la première année se limitent à 7 838 exemplaires (7 093 en noir, 417 en argent et 328 en bleu) contre 18 000 envisagés. Il faut dire que la Marauder est perçue comme un peu chère (46 975 $ CDN contre 35 600 $ pour une Grand Marquis GS ou 38 390 $ pour une LS Premium; en comparaison une Mustang Mach 1 est facturée 37 605 $).

Les changements du millésime 2004 se réduisent à la boîte automatique 4 rapports 4R70W remplacée par la 4R75W, le bleu perlé abandonné pour un rouge foncé et un toit ouvrant optionnel qui fait son apparition. Les ventes baissent de près de 60% à 3 214 exemplaires (1 237 en noir, 997 en argent et 980 en rouge). Le destin de la Marauder est scellé à la fin de l’année ainsi que tous les plans de développement futurs (version à compresseur pour la Marauder et variantes sportives pour les autres modèles de la gamme Mercury).

Malgré cela, le programme Marauder a engendré des profits pour Mercury car il n’avait coûté que 39 millions de dollars à réaliser. Une broutille pour un constructeur de la taille de Ford!

En vidéo: Antoine Joubert présente la Mercury Marauder 2003

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