Honda S2000, pour le puriste

Publié le 8 février 2008 dans 2008 par Antoine Joubert

Il s’est vendu l’an dernier 146 Honda S2000 au Canada, soit 36 unités de moins que la Ford GT ! Les concessionnaires ne souhaitent même plus en conserver en stock, tant la demande est symbolique. Est-ce que cette voiture est dépassée ou s’adresse-t-elle seulement à une clientèle en voie d’extinction ? Ni l’un ni l’autre. Néanmoins, il est clair que les puristes qui se procurent ces voitures ne courent pas les rues et qu’au prix demandé, plusieurs préfèrent un logo prestigieux et un confort plus relevé.

Les ventes marginales de cette petite bombe ne lui enlèvent cependant rien. Car pour amener un conducteur en soif de sportivité au septième ciel, la S2000 est encore en tête de liste. Oh, il y a bien la Lotus Elise, mais il faut pour cela allonger une bonne quinzaine de milliers de huards supplémentaires ! Ainsi, ce roadster, vous l’aurez compris, fait partie d’une classe à part. Il n’est pas sur le bottin mondain et manque même à la limite de civisme, mais en contrepartie, il s’agit d’un formidable athlète.

Comme le disent plusieurs, ce roadster n’est ni plus ni moins que l’incarnation automobile d’une moto de performance. On lui accorde cette attribution en raison de sa splendide motorisation, se décrivant tout simplement comme un quatre cylindres atmosphérique de 2,2 litres. Cependant, il faut savoir que ce moteur, décrit jusqu’ici de la même façon que celui d’une Chevrolet Cobalt, propose une puissance hallucinante de 237 chevaux, ce qui résulte en un rapport cylindrée/puissance de 108 chevaux au litre ! Capable de révolutionner aisément au-delà des 8000 tr/min, il procure une sensation unique, presque comparable à celle d’une Formule Unformule. Sur l’adrénaline constante à haut régime, il déçoit malgré cela par un manque flagrant de couple à bas régime. Pour contrer ce problème, il ne vous suffit que de jouer du levier, ce qui n’est pas désagréable. Parlant de levier, sachez aussi que la boîte à six rapports (ai-je besoin de dire qu’elle est manuelle ?) est d’une précision exceptionnelle.

Sportifs de salon s’abstenir

Aiguisée tel un couteau de chasse, cette voiture procure sur la route des sensations hors du commun. Ses aptitudes sportives sont très relevées et surprennent même les plus assidus. De ce fait, il est clair qu’elle se fout éperdument du confort de ses occupants. Pour ceux qui s’en préoccupent, des voitures comme la Mercedes SLK sont offertes. Mais si l’idée de vous faire brasser la cage et bourdonner les oreilles vous allume au plus haut point, la S2000 est un excellent parti. Et qu’elle soit sur piste, sur autoroute ou en pleine ville, elle a toujours le même tempérament. Celui d’une auto prête à se faufiler et à foncer comme un lévrier à la fraction de seconde où vous lancez la commande. Dotée d’un remarquable châssis et très fermement suspendue, la voiture ne connaît pas la définition du mot roulis. Et la direction ultraprécise permet au conducteur de placer sa voiture avec grande exactitude. Mais attention, la bagnole peut néanmoins être vicieuse et faire place au survirage, sans même que vous ayez le temps de réagir. Voilà pourquoi Honda a équipé sa S2000 depuis peu d’un contrôle électronique de stabilité.

Le conducteur d’abord

Évidemment, il ne faut pas s’attendre au niveau de luxe d’un roadster allemand. Ici, on a avant tout pensé à accommoder le conducteur (devrais-je dire le pilote ?), de façon à ce que les commandes les plus vitales soient toutes à portée de main. Vous remarquerez ainsi que les contrôles de ventilation et quelques autres fonctions ceinturent le bloc d’instruments, alors que la radio se cache sous une petite porte métallique. L’instrumentation, pour sa part entièrement numérique, fait naturellement référence aux voitures de type formule, qui en sont aussi équipées. Et que dire de ce bouton de démarrage rouge, aujourd’hui plus commun, mais qui a tant fait jaser lors de l’introduction de la voiture en 2000 ? Du reste, l’habitacle est plutôt étroit et permet aux deux occupants de trimbaler qu’un minimum d’effets personnels, les espaces de rangement étant aussi rares que petits... Quant au coffre, il ne pourra accueillir bien plus qu’un ou deux manteaux, une raquette de tennis et un sac à main.

Côté équipement, il va s’en dire que la S2000 n’est pas très généreuse. Vous n’y retrouverez en fait que deux superbes baquets vêtus de cuir, non chauffants et aux réglages non assistés, une capote repliable électriquement, des glaces et des rétroviseurs à commande électrique et quelques autres artifices. À propos de la chaîne sonore, les haut-parleurs ajoutés aux appuie-têtes contribuent à améliorer la sonorité, mais ce n’est toujours pas très éloquent. En revanche, ce roadster affiche une qualité d’assemblage et de finition typiquement Honda, c’est-à-dire de grande qualité.

Il est vrai que la S200, malgré sa grande beauté, commence à prendre quelques rides. Son air félin résultant d’un long museau affublé de phares au xénon parvient encore à définir le caractère athlétique de la voiture, mais force est d’admettre que certains détails ne sont plus totalement à la mode. Qu’à cela ne tienne, il n’existe actuellement qu’une poignée de voitures s’adressant directement aux puristes, et la S2000 qui en fait partie, est sans doute à ce jour encore une des plus convaincantes. Du même coup, parce que ces autos se font rares, cette Honda pourrait bien faciliter votre désir de vous démarquer de toutes ces prétentieuses allemandes qui sillonnent nos routes…

Feu vert

Conduite incisive
Mécanique impressionnante
Direction très précise
Ligne séduisante
Facture d’entretien raisonnable

Feu rouge

Manque de couple à bas régime
Confort quasi inexistant
Habitacle peu spacieux
Équipement limité

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