Jaguar X-Type, un feu de paille…
Jaguar voulait avec la X-Type apporter un vent de fraîcheur à sa gamme. On souhaitait également rejoindre une clientèle plus nombreuse avec un modèle de plus grande diffusion. L’instant d’un moment, j’aurai cru que cette stratégie était celle qui devait être adoptée pour se sortir d’un marasme financier. Mais encore fallait-il que l’exécution du produit soit à la hauteur… Et comme nous pouvons le constater depuis maintenant six ans, ce n’est pas le cas. Résultat, cette belle anglaise est reléguée aux oubliettes…
Il ne faut pas non plus oublier que cette petite, comme sa sœur la S-Type, reprend plusieurs éléments issus des coffres de Ford. Et ça, les acheteurs n’aiment pas l’entendre. C’est encore pire lorsqu’on leur mentionne que la voiture est bâtie à partir d’une plate-forme d’ancienne génération de la Ford Mondeo (notre défunte Contour), ce qui n’a rien de flatteur. Annoncez-leur en plus qu’ils profiteront d’un vieux moteur de Ford Taurus, et vous êtes assuré qu’ils rebrousseront chemin ! Bref, ce seul élément pourrait expliquer pourquoi l’ensemble des concessionnaires canadiens de Jaguar ont à peine réussi à écouler l’an dernier, une moyenne de 24 unités mensuellement !
Nice looking, my dear !
Au-delà des nombreux attributs qui font d’elle une espèce de Ford ingénieusement déguisée, il faut admettre que les ingénieurs ont eu la main heureuse pour retransmettre la saveur très british attribuable à toute Jaguar. À preuve, la ligne est encore aujourd’hui superbe et ne cessera probablement jamais de l’être. Quant à la familiale, appelée Sportwagon, un seul regard à sa carrosserie est suffisant pour nous faire automatiquement voyager sur le vieux continent.
L’acheteur qui contemple d’abord les lignes extérieures et qui se laisse séduire verra toutefois son émerveillement diminuer en ouvrant la portière. Il constatera que la planche de bord n’a rien de très actuel et que l’ergonomie en souffre énormément. C’est que cette espèce de console centrale en relief occupe beaucoup d’espace, ce qui pénalise le dégagement aux jambes et les espaces de rangement. Et puisque cet habitacle n’est déjà pas très spacieux, il ne faut pas se surprendre de s’y sentir un peu à l’étroit.
Derrière le volant, seuls le logo de la marque et les fines boiseries séduisent. Tout le reste déçoit, tant pour la présentation que la qualité générale. Car il faut l’admettre, cet habitacle revêt des plastiques de qualité très décevante. Et ceci est sans compter que l’assemblage n’est nullement à la hauteur d’une voiture portant un écusson aussi prestigieux. Par conséquent, il en résulte un nombre important de craquements et de bruits de caisse.
La déception se poursuit au simple toucher des leviers de clignotants et des essuie-glaces, si lâches et bon marché qu’ils semblent avoir été empruntés à la Chevrolet Aveo ! Mais le comble, c’est que les sièges ne fournissent aucunement le confort auquel on serait en droit de s’attendre. D’accord, ils sont jolis et recouverts d’un cuir de qualité considérable, mais sont trop peu rembourrés pour être véritablement confortables.
Avec un moteur turbodiesel offrant l’avantage d’un couple généreux et d’une véritable économie d’essence, sans doute que cette Jaguar serait plus populaire chez nous. Cette motorisation vendue en Europe ne nous est toutefois pas destinée, ce qui nous laisse comme seule option un V6 de 3,0 litres dont les origines sont fort modestes. Il s’agit en fait du 3,0 litres bien connu chez Ford, lequel est toujours utilisé sous le capot de la Fusion. Quelques réglages et modifications permettent d’en extirper une puissance légèrement supérieure, mais il s’agit essentiellement du même moteur. Avouez qu’on est loin du six cylindres !
Elle bouge malgré tout
Pas très raffiné, il demeure tout de même adéquat en ce qui concerne la puissance. Les accélérations sont vives et les reprises ne manquent jamais de mordant. En revanche, la boîte automatique à cinq rapports est un brin paresseuse, ce qui laisse place à un certain délai de réponse au moment d’un dépassement. Pour en diminuer l’effet, il vaut donc mieux conserver le mode sport de la boîte toujours activé. La consommation d’essence s’en ressentira quelque peu, mais vous n’aurez pas à composer avec ce sentiment qu’un mollusque se charge de passer les vitesses.
Vous vous attendiez au comportement dynamique d’une Audi A4 ou d’une BMW de Série 3 ? Eh bien, détrompez-vous ! Cette Jaguar n’est pas une berline sport. Certes, sa traction intégrale et sa direction précise permettent une belle maniabilité, mais la suspension est à ce point souple qu’on a parfois l’impression de conduire une grosse américaine. Immédiatement, le parallèle avec la Lincoln MKZ s’est donc fait dans ma tête, surtout en considérant que ces deux voitures se retrouvent dans la même famille. Mais à tous les égards, sauf peut-être au chapitre du design, la Lincoln l’emporte…
Bref, voilà une voiture mal née et aujourd’hui à bout de souffle, qui n’a comme seul élément convaincant qu’une ligne à la fois élégante et originale. Sans doute que l’excentrique en vous pourra composer avec ses nombreux vices, mais à ce moment, je vous dirigerais davantage vers la familiale, plus rare mais aussi plus pratique. Sachez toutefois que votre désir de rouler dans une voiture ornée de ce chat sauvage pourrait vous coûter passablement cher. Car avec un produit Jaguar, la fiabilité n’est jamais garantie.
Feu vert
Lignes sublimes
Version familiale originale
Voiture maniable
Équipement complet
Feu rouge
Qualité et finition décevante
Boîte automatique paresseuse
Planche de bord dépassée
Nombreux craquements à bord
Forte dépréciation