Lexus GX - Anachronique
RX et GX, ça vous dit quelque chose? Si vous conduisez un utilitaire de luxe de taille moyenne, le premier acronyme est assurément familier, mais le second probablement inconnu. Le palmarès des ventes démontre que ces deux produits Lexus sont aux antipodes : le RX est le modèle le plus recherché de la marque, alors que le GX se vend au compte-gouttes.
La présence de ce dernier sur le marché reste donc un mystère. Face à ses rivaux, il tranche par une conception d’un genre révolu, tandis qu’au sein de la gamme Lexus, il est en porte-à-faux entre le populaire RX et le LX, plus long et plus cher, qui tient le rôle de porte-étendard.
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Immobilisme chronique
Lancé en 2010, le GX (GX 460 de son vrai nom) a une carrosserie fixée à un châssis à longerons, alors que la plupart de ses rivaux (incluant le RX) ont un châssis monocoque qui les assimile aux automobiles par la douceur du roulement, une meilleure insonorisation et l’absence de vibrations parasites. De plus, au fil des ans, son apparence a peu changé. Pour l’harmoniser aux autres produits Lexus, cet utilitaire a reçu une calandre en forme de sablier en 2014 et, six ans plus tard, des blocs optiques avant actuels à triples DEL.
Côté mécanique, l’immobilisme est aussi de rigueur. Son V8 atmosphérique de 4,6 L à injection séquentielle, que l’on doit nourrir de super, est aujourd’hui son exclusivité. Face à la concurrence, ses 301 ch et 329 lb-pi de couple défavorisent ce mastodonte de 2,4 tonnes en le rendant gourmand et léthargique (surtout en mode « Eco »). Or, pour l’accélération, plusieurs rivaux font mieux même avec un V6. Quant au remorquage, l’exemple du GMC Yukon Denali est révélateur. Son V8 de 6,2 L, qui se contente de carburant ordinaire, procure 420 ch et 460 lb-pi, et autorise le remorquage de charges atteignant 8 000 lb. Le GX, lui, est restreint à 6 500 lb. À tout le moins, sa boîte automatique, qui n’a que 6 rapports, s’avère souple et discrète, ce qui sied bien à un véhicule de luxe.
Comportement routier désagréable
Sur la route, la suspension impose un roulis prononcé, même à basse vitesse. Les mouvements de plongée ressentis au freinage ne sont guère plus rassurants. En outre, la direction à assistance hydraulique est légère et manque de précision. Il faut cependant savoir que le GX est issu du Toyota Land Cruiser Prado, un tout-terrain pur et dur. Dans cette optique, sa direction légère, qui donne un diamètre de braquage de 11,6 m (contre 13,8 pour le RX à 7 places), facilitera les manœuvres entre deux arbres... ou deux poteaux d’un stationnement souterrain aménagé pour des Yaris!
Sa suspension pneumatique arrière à correcteur de niveau sera avantageuse pour remorquer un bateau de plaisance. Elle offre un mode Normal pour la conduite urbaine et un mode High pour faciliter le franchissement d’obstacles lorsque nécessaire.
Après tout, des porte-à-faux avant et arrière réduits, et un système 4x4 à gamme de vitesses basses permettent au GX d’affronter le chemin boueux d’une érablière artisanale. Cependant, ses roues de 18 pouces chaussées de pneus Bridgestone ou Michelin conçus pour les autoroutes pourraient manquer de mordant dans des ornières boueuses et profondes. Dans ces conditions, l’ensemble optionnel Exécutif pourrait aider avec son sélecteur multiterrain et sa commande de marche lente à 5 modes au nom évocateur : Crawl Control. Cet ensemble hétéroclite comprend aussi une caméra avec vue au sol (pratique pour éviter une roche ou une souche), un refroidisseur de liquide de transmission (pratique pour remorquer) et une petite glacière (pratique pour partager des barres Häagen-Dazs en pleine forêt)!
À l’instar des autres produits Lexus, le GX se veut luxueux. Les trois selleries en cuir proposées et la chaîne audio de 330 watts à 17 haut-parleurs le suggèrent. Mais pour les boiseries fines... D’ailleurs, l’apparence du vaste habitacle date un peu. Le tableau de bord paraît massif et le lecteur de disques compacts nous ramène en 2010, époque où CarPlay et Android Auto n’existaient même pas... pas plus qu’aujourd’hui à bord d’un GX neuf!
En revanche, l’espace à bord abonde et le vaste coffre modulable rend ce véhicule polyvalent. Mais il faut se faire à sa porte arrière. Pour s’ouvrir, elle nécessite beaucoup d’espace libre derrière le véhicule et, en ville, elle bloque le passage vers le trottoir une fois ouverte. Quant à la lunette qui se soulève, elle est haute et peu pratique pour déposer un colis dans le coffre. De plus, en l’utilisant, on risque de se salir en frottant la porte. Bref, l’insuccès du GX paraît justifié puisque la concurrence offre mieux. À moins, bien sûr, que l’aura de fiabilité entourant les produits Toyota ne vous attire plus que tout!
Feu vert
- Intérieur luxueux et spacieux
- Coffre volumineux
- Capacité de remorquage intéressante
Feu rouge
- Pas de version électrifiée
- Porte arrière peu pratique dans les espaces réduits
- Roulis prononcé
- Plongée au freinage
- Direction imprécise