Ford EcoSport - Plus qu’un cylindre manquant

Publié le 1er janvier 2022 dans 2022 par Germain Goyer

À l’aube de 2018, Ford a flairé la bonne affaire. Ses stratèges ont prédit un engouement croissant pour le segment des véhicules utilitaires sport sous-compacts. Puisque les VUS compacts ont pris du volume et que leur échelle de prix a grimpé au fil du temps, il était logique d’introduire un nouveau segment. Et de son côté, Ford avait raison de ne pas vouloir regarder le train passer. Toutefois, comme cela se produit trop souvent, le fabricant a bâclé son travail. Autrement dit, plutôt que de développer un véhicule qui serait adapté à l’Amérique du Nord, il a pigé dans le catalogue international pour en trouver un qui allait faire l’affaire. C’est ainsi qu’est né l’EcoSport. L’ennui, c’est qu’il ne fait pas l’affaire du tout.

Sur le plan technique, l’EcoSport est livré avec une motorisation à quatre cylindres de 2 litres. En revanche, si vous choisissez  une version de milieu de gamme à roues motrices avant, que l’on reconnaît par l’appellation SE, vous avez droit à un moteur à trois cylindres de 1 litre. Oui, le même volume qu’un petit contenant de lait! Bien évidemment, il est inconcevable d’imaginer qu’une telle mécanique loge sous le capot d’un VUS. Seule note positive au tableau : l’Ecosport n’est pas équipé de la transmission automatique à double embrayage PowerShift qui a causé bien des difficultés aux propriétaires des Fiesta et Focus. En effet, que vous optiez pour l’une ou l’autre des motorisations proposées, vous profiterez d’une transmission automatique à six rapports.

Parmi les caractéristiques qui différencient l’EcoSport, mentionnons son hayon arrière :celui-ci s’ouvre à 90° comme la porte d’un réfrigérateur traditionnel. Si ça peut paraître une bonne idée, on vous laisse imaginer que le chargement n’est pas évident lorsque le véhicule est stationné en parallèle en ville. Inutile de vous rappeler que l’EcoSport est un véhicule urbain. Voilà un non-sens.

Bien que les points forts de l’EcoSport soient relativement peu nombreux, soulignons que son ergonomie générale nous convient. Le positionnement des boutons et des commandes est bien pensé.  Il en est de même pour le système Sync 3. Depuis, Ford a développé une version plus moderne de son système d’infodivertissement, mais celle qui est montée dans l’EcoSport demeure efficace et intuitive.

Ni Eco, ni Sport

Ford a pris la fâcheuse habitude d’employer le terme « Sport » à tour de bras pour des modèles qui n’ont de sport que le nom... On se souviendra de la Windstar Sport notamment. Et l’EcoSport n’y échappe pas : il n’a absolument rien d’athlétique sur la route, ni même d’aventurier sur des routes non pavées. Bref, non seulement Ford galvaude le terme « sport » avec ce VUS dont on cherche les qualités, mais en plus, le manufacturier lance en l’air l’idée qu’il sera « Eco ». Or, il n’en est rien.

Pas de version hybride et encore moins de version électrique. Et sur le plan de la consommation de carburant, il ne peut donner de leçon à qui que ce soit. À titre d’exemple, notons que Ressources naturelles Canada annonce une cote de consommation combinée de 9,2 L/100 km pour l’EcoSport à moteur de 2 litres équipé des quatre roues motrices. En comparaison, l’organisme fédéral affiche une cote de 8,6 L/100 km pour le Mazda CX-30 et de 8,4 L/100 pour le Nissan Qashqai, tous deux dotés des quatre roues motrices et d’une cylindrée similaire. L’EcoSport déçoit franchement sur ce point.

Vivement un nouveau produit

On a vu arriver l’EcoSport alors que le marché était en train de se définir. Depuis ce temps, les concurrents se sont ajustés et certains ont même modernisé leur offre, c’est le cas de Nissan avec son Qashqai et de Hyundai avec son Kona. Chez Ford, aucun effort n’est appliqué. Et pourtant, l’EcoSport joue un rôle capital. En effet, avec la disparition des Fiesta et Focus, il est devenu la porte d’entrée chez Ford.

Avouez que ça ne donne pas envie de l’ouvrir, la porte. Pour le constructeur américain, l’EcoSport doit être considéré comme un appât pour un premier client qui reviendra ensuite acheter un Escape, un Explorer ou un F-150, qui sait. L’ennui, c’est qu’après avoir roulé quelques kilomètres à son volant, on veut mettre rapidement terme à l’expérience.

L’EcoSport est malheureusement inadapté au marché de l’Amérique du Nord. Sa mécanique à trois cylindres est une aberration et son échelle de prix s’avère trop élevée (près de 32 000 $ pour une version Titanium). On espère sincèrement que Ford saura proposer un produit plus convaincant dans ce créneau immensément compétitif. D’ici là, on ne peut que s’inquiéter, avec raison, d’une éventuelle valeur de revente très incertaine, qui s’annonce nettement inférieure à la moyenne du segment.

Feu vert

Feu rouge

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