Genesis G90 - Démonstration brillante et désuète

Publié le 1er janvier 2022 dans 2022 par Marc Lachapelle

La grande berline de luxe G90 est complète, luxueuse et raffinée dans une catégorie où la réussite exige, hélas, d’être également prestigieuse, audacieuse et spectaculaire. Avec pour résultat que Genesis n’en a livré qu’une douzaine chez nous l’an dernier alors que Mercedes-Benz vendait dix fois plus de ses Classe S, pourtant en fin de cycle. De toute manière, l’utilitaire sport GV80 propulse déjà les ventes de la marque coréenne huppée et réduit d’autant la pertinence de la G90 actuelle, dont les jours sont assurément comptés.

Longue, large et imposante, douce, confortable et spacieuse, puissante, silencieuse et raffinée, la première G90 semblait avoir tout pour réussir à ses débuts, en 2017. Conçue et fabriquée avec un soin remarquable, elle prouvait surtout que Genesis avait les connaissances, le savoir-faire et les ressources pour produire une grande berline aussi bonne que la Classe S… de la décennie précédente. C’est d’ailleurs ce qu’en avait conclu, avec justesse, notre collègue Alain Morin dans l’édition 2018.

Les habits neufs de la reine

Or, les succès d’estime ne comptent pas pour grand-chose dans une industrie qui carbure aux ventes et aux profits. Et l’ambitieuse débutante Genesis n’allait pas s’en satisfaire. C’est ainsi que la carrosserie de la grande G90 fut redessinée presque entièrement après seulement trois années sur ce continent. Une métamorphose qui avait pour but premier de corriger un manque net de caractère et d’originalité, par rapport aux grandes rivales germaniques.

Cette opération fut d’ailleurs menée par le réputé styliste belge Luc Donckerwolke, devenu patron du design au sein du groupe Hyundai après avoir occupé le même poste chez Bentley et sculpté les Murciélago et Gallardo pour Lamborghini, entre autres faits d’armes. À défaut de tradition centenaire, de grands classiques ou de palmarès glorieux en course automobile, Genesis choisit de surprendre, au risque de choquer certains. D’abord avec l’immense calandre en pentagone inversé de la G90. Stratégie à laquelle Audi, BMW et Mercedes-Benz ont eu recours abondamment et qui a toujours fini par leur sourire. Tout chez Genesis affiche d’ailleurs maintenant une calandre semblable.

La G90 se distingue aussi, très nettement, par ses jantes d’alliage en fin treillis qui suggèrent l’affection durable que semble avoir le patron du design pour la marque britanno-germanique (ou vice-versa) mentionnée plus haut. Elles sont chaussées de pneus de taille 245/45R19 à l’avant et 275/40R19 à l’arrière pour maîtriser cette bête de 5,2 mètres qui porte ses 2 250 kilogrammes sur un empattement de 3,16 mètres. Pas étonnant que son profil long et bas en impose autant. Comme la pharaonique Rolls-Royce Phantom, tiens. Sur les flancs, de faux évents reprennent les stries superposées des phares et des feux arrière que l’on retrouve désormais sur tous les modèles Genesis, sauf la berline sport G70.

Fidèle au naturel

Les modifications furent beaucoup plus discrètes dans l’habitacle. Dans l’ensemble, Genesis est demeurée fidèle aux principes d’ergonomie élémentaires qui sont heureusement encore chers aux constructeurs coréens. La G90 est ainsi dotée d’un sélecteur électronique droit et précis à la console pour la boîte automatique à 8 rapports, d’une série de touches et de molettes pour régler la climatisation et de la traditionnelle paire de cadrans ronds qui bordent un écran d’affichage configurable pour le conducteur, droit devant. On a également enveloppé de cuir la console centrale, relevé encore d’un cran la qualité de tous les matériaux et ajouté des boiseries de frêne au grain naturel.

L’écran central de 12,3 pouces est tactile mais un peu trop éloigné pour le conducteur. Il demeure quand même plus efficace que la grande molette entourée de touches sur la console centrale pour tenter de s’y retrouver parmi une kyrielle de commandes éparpillées et fragmentées, au cœur de l’interface multimédia. La plupart des systèmes d’aide à la conduite ont été retouchés mais bien malin qui peut en retrouver rapidement les réglages.

Côté confort, rien à redire. Ni pour les moelleux sièges avant, ni aux places de limousine à l’arrière. Statu quo également pour la mécanique, avec un V8 de 5 litres et 420 ch qui ronronne sous le capot, bon pour un sprint de 0 à 100 km/h en 5,8 secondes, rouage intégral aidant. Toujours aussi gourmand, par contre. Le freinage de 100 km/h en 42,1 mètres est tout juste correct et on peut en dire à peu près autant du comportement.

La nouvelle G90, qui doit se pointer bientôt, devra affiner sa conduite et plonger dans la numérisation à outrance et l’électrification pour espérer s’approcher des ténors allemands de la spécialité. Si la chose intéresse encore Genesis, entre deux utilitaires sport, bien sûr.

Feu vert

Feu rouge

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