Volkswagen Passat - Chronique d’une mort annoncée
Les berlines intermédiaires ne sont plus le véhicule de choix qu’elles étaient pour les familles. Tout le monde ou presque s’arrache les utilitaires. Volkswagen, qui avait revu et amélioré sa Passat en Amérique du Nord, pour 2020, a compris que le temps est venu de passer à autre chose.
Ainsi, des deux côtés de l’océan Atlantique, la berline Passat cessera sa production en 2022. En Europe, seule la familiale sera renouvelée. Chez nous, l’usine de Chattanooga, au Tennessee, va se concentrer sur les Atlas et Atlas Cross Sport de même que sur le nouveau VUS électrique ID.4, dont la fabrication à cet endroit débutera en 2022. Il faut savoir que le constructeur allemand investit un peu plus d’un milliard de dollars afin de préparer son usine américaine pour le ID.4, un modèle sur lequel il mise énormément. Conserver la Passat n’aurait pas beaucoup de sens.
En manque d’inspiration et de modernité
Depuis ladite mise à jour, la Passat se débrouille pourtant assez bien si l’on regarde les ventes. Au moment d’écrire ces lignes, elle se trouvait au beau milieu du peloton, devant les Kia K5, Mazda6, Nissan Altima et Subaru Legacy. L’attrait des voitures allemandes y est-il pour quelque chose?
Bien que l’extérieur soit élégant, il n’a rien à voir avec le style percutant des coréennes et de certaines japonaises. La Passat joue toujours une carte conservatrice et elle manque d’inspiration. L’unique façon de lui ajouter du piquant est d’opter pour la version haut de gamme Execline, qui propose le choix d’une carrosserie Rouge aurore ainsi qu’un ensemble R-Line, dont les jantes à elles seules valent presque le détour. La présentation de l’habitacle reste relativement soignée, mais la Passat n’a pas autant de cachet et ne donne pas cette impression de modernité comme le fait la concurrence (excepté la vieillissante Chevrolet Malibu). Certaines commandes sont démodées, avouons-le, tandis que la fausse boiserie sur la planche de bord ne réussit pas vraiment à créer l’effet de luxe recherché.
L’écran tactile intègre les dernières technologies d’infodivertissement et de connectivité, sauf qu’il est petit (6,3 pouces) selon les standards actuels et ses caractères le sont tout autant. De plus, sa position basse complique la lecture, car en ayant les mains à 9h et 3h sur le volant, une partie de l’écran est obstruée. D’un autre côté, on apprécie l’espace généreux aux deux rangées, sans oublier le coffre de 450 litres, pratique pour les grosses emplettes ou les voyages de plusieurs jours. Le système audio Fender optionnel mérite également des éloges. Quant aux sièges, les baquets avant sont confortables de prime abord, bien que trop serrés dans la partie supérieure, ce qui devient pénible pour le haut du dos sur de longues distances. La banquette arrière est, pour sa part, trop ferme pour une berline intermédiaire de ce rang.
Une mécanique peu enviable
Un autre signe évident que Volkswagen lance la serviette dans le cas de la Passat, c’est l’offre mécanique très limitée. L’unique moteur au catalogue est un 4 cylindres turbocompressé de 2 litres qui développe une puissance de 174 chevaux. Il n’y a rien de plus performant dans la gamme depuis l’abandon du V6 et les seules roues motrices se retrouvent à l’avant. Pendant ce temps, un nombre grandissant de berlines proposent deux ou trois motorisations et se dotent d’un rouage intégral.
Le couple de 206 lb-pi sert quand même bien la Passat en général. Par contre, la boîte automatique ne compte toujours que six rapports et elle produit parfois des accélérations saccadées, surtout à basse vitesse avec les premiers rapports. La consommation d’essence moyenne de 8,3 L/100 km n’est guère reluisante non plus, quoique Volkswagen mentionne que son moteur turbo peut se contenter de carburant ordinaire.
La Passat se rattrape en procurant un bel agrément de conduite assuré par une direction franche et un freinage efficace. Ce ne sont pas les dispositifs de sécurité de pointe qui manquent (on peut en dire autant de toutes ses adversaires), mais attention au système de maintien dans la voie qui donne parfois des coups dans le volant sans raison apparente. Aussi, les pneus à profil bas en option engendrent un roulement plus sec sur les chaussées endommagées.
En somme, il faut être un irréductible de la marque allemande pour considérer la Passat, qui ne trouve aucune véritable façon de se démarquer. La fiabilité demeure un point d’interrogation (heureusement, la garantie de base couvre quatre ans) et la dépréciation ne fera que s’accélérer à partir de maintenant. Toutes les rivales asiatiques, Toyota Camry en tête, représentent un meilleur achat. Enfin, Volkswagen nous a confirmé que les modèles 2022 seront réservés à des flottes et ne seront plus vendus au détail. Donc, si l’auto vous intéresse, il faudra regarder du côté des modèles 2021 encore en stock chez les concessionnaires.
Feu vert
- Beaucoup d’espace
- Direction franche
- Garantie de base de 4 ans
Feu rouge
- Trop conservatrice
- Groupe motopropulseur décevant
- Sièges perfectibles