Volvo S90 - Mourir à petit feu

Publié le 1er janvier 2022 dans 2022 par Antoine Joubert

Un an à peine après son introduction sur le marché nord-américain, la berline S90 allait subir un premier changement d’importance, sans que personne ne le réalise vraiment. En effet, la production initialement faite du côté de Göteborg en Suède allait rapidement être transférée en Chine, le constructeur Volvo ayant dû ajuster ses stratégies de production suite aux taxes d’importations imposées par le président Trump. Volvo, qui commercialisait déjà en Chine une version allongée de la S90 (S90L), allait donc de ce fait supprimer le modèle initial pour ne nous offrir que cette berline allongée de 120 mm.

Cette curieuse décision allait ensuite être suivie deux ans plus tard par l’élimination de la splendide familiale V90 et de la Cross Country, deux voitures qui, dans cet océan de VUS, ne trouvaient plus leur place. Cela dit, avec à peine 130 ventes en 2020 au pays, et moins de 2 000 sur le marché américain, la S90 s’est pratiquement transformée en une rare pièce de collection. Alors, comment expliquer un tel désintérêt de la part du public?

Conçue pour la Chine

Évidemment, attribuons d’abord la faute à cette décision de n’offrir que cette version à empattement allongé. Car si, du côté de la Chine, ce genre de configuration a la cote, il en va tout autrement chez nous. Il faut dire que là-bas, il est de coutume de se faire conduire par un chauffeur lorsque l’on se procure une berline de luxe. Mais chez nous, les acheteurs de ce genre de berline la conduisent eux-mêmes et n’embarquent ironiquement que rarement des passagers. Ainsi, inutile de vous dire que le seul avantage d’un empattement allongé qui réside en l’optimisation de l’espace aux places arrière va à l’encontre du désir des acheteurs nord-américains. Et cela se fait au prix d’une maniabilité et d’une rigidité structurelle affectées, bien qu’on y gagne quelque peu en confort.

On peut en outre attribuer le désintérêt du public par la présence sous le capot d’un moteur à quatre cylindres. Une mécanique certes aussi puissante que les V6 de la concurrence, mais qui n’offre certainement pas cette souplesse que recherchent les acheteurs de berlines de luxe traditionnelles. Cela dit, cette élégante voiture devient soudainement intéressante lorsque l’on s’attarde à la version T8, hybride rechargeable. Une technologie introduite en 2016 sur le XC90, et que l’on exploite depuis sur une majorité de modèles de la gamme. Ainsi, en plus de bénéficier du quatre cylindres turbocompressé et surcompressé, on profite d’un moteur électrique de 65 kW et d’une batterie de 11,6 kWh, permettant d’obtenir 400 chevaux de puissance et une autonomie 100% électrique de 34 kilomètres.

Dans ce contexte, le rouage intégral diffère complètement de celui de la version T6, puisque l’on achemine la puissance aux roues arrière via ce moteur électrique logé directement sur l’essieu, le quatre cylindres se chargeant bien sûr du train avant. L’arbre de transmission disparaît donc au profit du bloc de batterie, qui n’affecte aucunement le volume habitable.

Confortable à souhait et particulièrement silencieuse, la S90 T8 fait également preuve d’une fougue insoupçonnée en accélération. Le couple initial généré par le moteur électrique combiné au souffle du compresseur volumétrique permet d’obtenir de fortes accélérations, bien que l’on soit encore loin de la Polestar 1, forte de 619 chevaux. Cela dit, la S90 vous offrira l’expérience la plus impressionnante en mode Confort, cette berline n’étant certainement pas celle à choisir pour celui qui recherche d’abord une conduite dynamique.

Confort de rêve, cauchemar financier

À bord, on ne peut qu’applaudir le confort des sièges, fidèle à la réputation du constructeur en la matière. La position de conduite y est d’ailleurs exceptionnelle, l’ergonomie d’ensemble étant elle aussi remarquable. Au non-initié, il faudra toutefois une petite période d’adaptation pour apprivoiser le système Sensus, cette interface multimédia fort bien pensée, mais qui diffère de ce que nous propose la concurrence. Bien sûr, on aurait préféré bénéficier de l’expérience multimédia fournie par Google, introduite dans la Polestar 2 et le XC40 Recharge, à citer en exemple. Peut-être l’offrira-t-on prochainement?

Affichant un prix d’entrée avoisinant 70 000 $ et pouvant atteindre 90 000 $ avec les options, la S90 est malheureusement un cauchemar financier. Très coûteuse à la location en raison d’une faible valeur résiduelle, elle se transige en moyenne pour à peine 35-40% du prix initial après quatre ans. L’achat d’un modèle d’occasion pourrait donc devenir alléchant, mais sa fiabilité quelconque doublée de coûts d’entretien élevés la rend soudainement moins attirante. Voilà une autre raison qui explique la très faible popularité de ce modèle, qui vit clairement sur du temps emprunté.

Feu vert

Feu rouge

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