Mitsubishi Outlander, la croissance malgré le contexte
Il y a à peine 24 mois (c’était en 2008), le Mitsubishi Outlander terminait en première position lors d’un match comparatif du Guide de l’auto mettant en scène pas moins de onze VUS compact. Mais deux ans dans le domaine automobile, c’est suffisant pour se laisser distancer par de nouveaux venus. Et quand on est au sommet, on ne peut qu’en redescendre, comme disent les skieurs. Pourtant, les ventes du Outlander étaient loin d’être mauvaises, ayant même augmenté l’année dernière malgré un marché à la baisse.
Cependant, Mitsubishi ne veut pas laisser trop de chances aux Honda CR-V, Toyota Rav4 et, surtout, aux nouveaux Hyundai Tucson et Chevrolet Equinox. Ça tombe bien, Mitsubishi possède, dans son catalogue, un style agressif encore très, très moderne, de bons moteurs et un rouage intégral qui fait l’envie d’à peu près tous les VUS de la planète et qui officie déjà dans la Lancer Evolution MR.
Subtiles subtilités
Pour la révision de son VUS compact, en attendant une toute nouvelle génération d’ici trois ou quatre ans, Mitsubishi dote son Outlander de la grille avant de la Lancer. En fait, vous aurez compris qu’il ne s’agit pas de la même grille mais son style s’y apparente énormément. Si vous voulez mon avis (et même si vous ne le voulez pas!), je trouve que cet avant très esthétique sied à merveille au Outlander. Mais je conviens qu’il s’agit d’une question de goût. Pour intégrer cette grille, tout l’avant a été revu. Quant à l’arrière, les modifications sont très subtiles… sans doute trop pour moi qui ne les ai pas remarquées avant que le monsieur de Mitsubishi les montre sur un grand écran! Les retouches effectuées dans l’habitacle sont du même genre…
Le Outlander 2010 se décline en trois versions : ES, LS et XLS. Le ES est mu par un quatre cylindres de 2,4 litres de 168 chevaux et 167 livres-pied de couple. Ce moteur n’a donc connu aucun changement. La version ES est proposée en version traction ou intégrale. Le LS n’est offert qu’en version intégrale et se veut un peu mieux équipé tandis que le XLS se mérite un rouage intégral différent. Ces deux derniers modèles reçoivent un V6 de 3,0 litres de 230 chevaux, soit dix de plus que celui de l’année dernière. Le couple, lui, a augmenté de 11 livres-pied. En passant, pour accéder aux différents moteurs du Outlander, il faut manipuler un capot d’une étonnante lourdeur.
Changements importants pour le XLS
Cependant, c’est la version XLS qui retient l’attention cette année. Son V6 autorise des performances très correctes et sa boîte automatique à six rapports se veut des plus transparentes. Il est même possible de changer les rapports en se servant des palettes situées derrière le volant. Par contre, cette transmission ne passe pas les rapports aussi rapidement qu’une boîte à double embrayage et son mode sport n’ajoute pas vraiment aux performances. Sur notre Outlander XLS d’essai (Mitsubishi n’avait apporté cette version, compte tenu que c’est la seule qui offre des changements mécaniques), cette transmission permettait au moteur de ne « tourner » qu’à 1 900 tours/minute à 100 km/h et à 2200 à 120 km/h. Ainsi, la consommation d’essence s’en trouve réduite, de même que le niveau sonore. Mitsubishi avance une moyenne de 11,2 litres/100 km en ville et 8,2 sur la route. Lors de notre brève prise en main, nous avons obtenu 9,3, la majorité du kilométrage étant effectuée sur autoroute à environ 115 km/h.
Là où le nouveau Outlander impressionne, c’est au niveau de son rouage intégral. Ce système, baptisé S-AWC (Super - All Wheel Control) est dérivé de celui qui équipe la Lancer Evolution MR. Sur cette dernière, il doit servir une cause sportive alors que dans le cas du Outlander, il est plutôt axé vers la tenue de route lorsque les conditions routières se détériorent. Trois modes sont proposés, soit Tarmac, Snow et Lock. Le premier est utilisé sur routes sèches et n'entraîne que les roues avant (mais les roues arrière interviennent lorsque le besoin se fait sentir), le second, vous l’auriez deviné, lorsque la chaussée est enneigée. Enfin, le mode Lock permet de « barrer » le différentiel central et de distribuer le couple entre les roues avant, ce qui permet au véhicule d’affronter la plupart des conditions hivernales. Le S-AWC, qui sera proposé sur d’autres produits Mitsubishi d’ici quelques temps, interagit avec le différentiel avant (Active Front Differential), le contrôle de la stabilité latérale, le contrôle de la traction et les freins ABS.
Exercices hivernaux
Lors du lancement du Outlander, les gens de Mitsubishi nous ont amenés au Lac Sacacomie à St-Alexis-des-Monts, un endroit superbe et plutôt enneigé. Deux activités étaient prévues, soit une montée dans la neige et un court parcours (ça rime!) sur le lac gelé. Dans la première activité, nous devions monter la côte après un départ arrêté en plein milieu, tout d’abord en mode Snow. Le véhicule avançait bien malgré un peu de patinage des roues. Ensuite, la même remontée sur le mode Lock s’effectuait sans aucun patinage. Il faut avouer que les Toyo Observer qui chaussaient nos véhicules sont très compétents.
Le deuxième exercice se déroulait sur une piste glacée recouverte de neige. En mode Snow, le Outlander affichait une belle assurance, surtout grâce à ses différents systèmes électroniques de stabilité latérale et de contrôle de la traction. Malgré cela, il fallait avoir le pied et le coup de volant méticuleux. Dès que le mode Lock était activé, on sentait très bien le moment où le différentiel avant se mettait au travail et aussitôt, l’avant pointait dans la bonne direction. Donc, oui, ce système est très efficace et, à moins de se « garrocher » en malade dans une courbe enneigée sur fond glacé, il est transparent. Bien entendu, les lois de la physique s’appliquent et un excès de confiance peut entraîner une sortie de piste, comme nous l’a si brillamment prouvé un collègue ontarien…
Sur la route, une fois la surprise de la découverte d’un grand rayon de braquage passée, il n’y a pas grand-chose à redire. Je déteste toujours autant les systèmes audio qui proposent un bouton à enfoncer pour monter ou diminuer le volume de la radio au lieu d’un simple bouton à tourner, la visibilité est très correcte et les sièges arrière sont plus ou moins confortables. Quant à la troisième rangée de sièges du XLS, d’un ridicule consommé à l’excès, il faudrait être masochiste ou cul-de-jatte, manchot et étêté pour l’apprécier!
L’an dernier, malgré une baisse canadienne du marché des VUS compact de 2,7%, le Mitsubishi Outlander a connu une hausse de ses ventes de 31% (6507 unités en 2008 contre 8530 en 2009). Une garantie exceptionnelle, des prix justes et une affinité évidente entre les Québécois et Mitsubishi (le Québec compte pour une grande part des ventes de Mitsubishi au pays) peuvent expliquer ces chiffres. Avec sa nouvelle gueule et sa version XLS beaucoup plus excitante, l’Outlander devrait continuer sa belle progression.