Biden arrive au Salon de Détroit avec des incitations aux voitures électriques controversées
Le salon de l’automobile de Détroit a repris vie mercredi, après deux éditions annulées à cause de la COVID-19, avec des présentations de General Motors (GM) et Stellantis, et avant une intervention de Joe Biden centrée sur les progrès dans la transition vers l’électrique.
Le président américain a prévu de visiter ensuite les stands des constructeurs, où sont présentées les versions sans émissions de plusieurs modèles populaires aux États-Unis.
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La marque Chevrolet met ainsi en avant les déclinaisons électriques du pickup Silverado EV et celle de l'Equinox EV, dévoilé la semaine dernière avec un prix de base à 35 000 dollars, dans le but de proposer une offre plus abordable que celle des voitures électriques actuellement sur le marché.
Les moteurs à combustion ne sont pas complètement relégués aux oubliettes: Chevrolet présentait mercredi une nouvelle version de son VUS Tahoe fonctionnant à l’essence.
Mais le groupe prévoit de mettre l’accent dans les prochains jours sur sa gamme de véhicules électriques à différents niveaux de prix afin de faciliter « une adoption massive », a indiqué le responsable de la marque, Steve Majoros.
La mythique marque Jeep, du groupe Stellantis, a de son côté présenté une édition spéciale pour le 30e anniversaire de son VUS Grand Cherokee ainsi qu’une Jeep hybride rechargeable.
Ces présentations ont ouvert le salon, passé à la trappe durant deux années à cause de la pandémie de COVID-19.
L’événement avait habituellement lieu en janvier, mais a été déplacé en septembre, une période à la météo plus clémente. L’édition 2022 est toutefois moins importante que les précédentes, de nombreux constructeurs étrangers, ou acteurs plus récents comme Tesla, étant absents.
Amateur d’automobiles, Joe Biden doit mettre en avant les mesures prises depuis son arrivée à la Maison-Blanche pour faciliter la transition vers l’électrique, notamment une loi sur les semi-conducteurs, des subventions aux constructeurs et aussi aux automobilistes.
Les acteurs du secteur ont toutefois émis des réserves sur les nouvelles incitations à l’achat d’un véhicule électrique, soumises à des conditions particulières comme un assemblage final en Amérique du Nord.
Mais le président entretient plutôt de plutôt bonnes relations avec les constructeurs depuis qu’il les a aidés à sortir d’une situation difficile après la crise financière de 2008, lorsqu’il était vice-président.
Les incitatifs
En poussant cet été pour un programme massif d’investissement dans les semi-conducteurs et un grand plan de réformes environnementales et sociales incluant la poursuite d’aides financières à l’achat de véhicules sans émissions, Joe Biden a décroché des victoires importantes à l’approche des élections législatives de novembre.
Le secteur automobile craint toutefois un retour de bâton avec les subventions nouvelle formule, qui peuvent monter jusqu’à 7 500 dollars US: elles sont soumises à plusieurs conditions visant à garantir que les véhicules soient assemblés en Amérique du Nord et que les batteries soient fabriquées avec des matières premières provenant de plus en plus de la région.
L’idée est de réduire la dépendance des constructeurs à la Chine et à une chaîne d’approvisionnement pouvant être à tout moment perturbée, comme au plus fort de la pandémie.
Mais les constructeurs ne sont pas forcément prêts à offrir des véhicules pouvant prétendre à l’intégralité de l’aide financière.
« On va voir un ralentissement du taux de croissance », prédit John Eichberger, directeur général du Fuels Institute, un groupe de recherche financé par des entreprises des secteurs de l’énergie et du transport.
Un plan de 7,5 G$ US
Amateur d’automobiles, Joe Biden a déjà visité des usines de Ford et de General Motors depuis son arrivée à la Maison-Blanche.
Il avait inclus 7,5 milliards de dollars US d’aides à la construction de stations de recharge électriques dans un grand plan d’investissement adopté fin 2021.
En août, le président a poussé les parlementaires à voter pour une loi prévoyant 52 milliards de dollars pour relancer la production de semi-conducteurs aux États-Unis, des composants dont manquent cruellement les constructeurs automobiles depuis début 2021.
Puis il a promu la « loi sur la réduction de l’inflation », qui comprend les nouvelles aides à l’achat de véhicules électriques.
Sa visite à Détroit est censée apporter un coup de projecteur bienvenu à un salon de l’automobile passé à la trappe durant deux années à cause de la pandémie de COVID-19.
« Occasion manquée »
Les ventes de véhicules électriques aux États-Unis, pendant longtemps à la traîne de l’Europe sur ce segment, ont bondi de 66 % au deuxième trimestre selon le cabinet Cox Automotive. Elles représentent désormais 5,6 % des ventes de véhicules.
Les fabricants font pourtant face à plusieurs embûches, dont le manque de lithium et autres matériaux nécessaires à la conception des batteries, et des prix toujours plus élevés que les véhicules traditionnels.
Les aides du gouvernement pourraient donc apparaître comme une aubaine.
« Malheureusement, les exigences liées au crédit d’impôt pour les véhicules électriques rendront la plupart des véhicules immédiatement inéligibles à l’incitation », regrette John Bozzella, président de l’Alliance pour l’innovation automobile.
« C’est une occasion manquée à un moment crucial (pour le secteur) et un changement qui va surprendre et décevoir les clients à la recherche d’un nouveau véhicule », ajoute-t-il.
Les fabricants comprennent bien l’intérêt de se fournir le plus possible en matières premières localement, remarque Alan Amici, directeur du Centre pour la recherche automobile.
Mais reconfigurer les chaînes d’approvisionnement prend du temps et « le secteur doit encore trouver des solutions », dit-il.
Les constructeurs espèrent encore, selon lui, que Washington montrera une certaine flexibilité dans la mise en œuvre de la loi.
Si les textes sont suivis scrupuleusement, seulement trois à cinq modèles pourraient, certaines années, être éligibles à l’aide de 7 500 dollars US, avance John Eichberger.
Alors même que la transition vers l’électrique débute à peine, « c’est un obstacle supplémentaire sur une route déjà bien tortueuse », dit-il.