Mariloup et Marilou
Pratiquement un an jour pour jour après avoir abandonné Guillaume Lemay-Thivierge en tant que porte-parole, Hyundai Canada nous annonçait cette semaine la nomination de sa remplaçante. Il s’agit de Marilou, jeune femme multitalentueuse, aussi bien connue pour ses talents de chanteuse que pour ses recettes culinaires via ses diverses publications, baptisées Trois fois par jour. Femme d’affaires cumulant les succès, Marilou vient ainsi s’ajouter à la liste de plus en plus étoffée de femmes choisies par l’industrie automobile pour la représenter. Pensez à Mélissa Désormeaux-Poulin chez Kia, à Karine Vanasse chez Nissan et bien sûr, à Mariloup Wolfe du côté de Chevrolet.
Hyundai croit visiblement à l’importance d’un porte-parole. Surtout au Québec, où les parts de marché face au reste du pays demeurent très importantes. Il faut dire que Guillaume Lemay-Thivierge aura contribué par ses publicités à redorer l’image du constructeur, qui l’avait embauché en 2009. D’abord, comme porte-parole régional, pour ensuite obtenir des mandats pancanadiens. Hélas, après plus de douze ans de partenariat avec la firme coréenne, celui que les anglophones surnommaient GLT allait drastiquement perdre son lucratif contrat, suite à une déclaration publique où il allait émettre une opinion controversée face à la vaccination.
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Cette discorde nous rappelle à quel point l’embauche d’un porte-parole pour un produit est un processus extrêmement délicat. Il suffit de se remémorer l’entente entre Véronique Cloutier et Suzuki, qui allait être rompue en raison des accusations visant le père de la vedette québécoise. Et, plus récemment, du congédiement de Marie-Pier Morin par Buick, qui avait pourtant contribué à faire exploser les ventes des modèles Encore au Québec.
Naturellement, les constructeurs et concessionnaires automobiles rêvent tous d’une association heureuse avec leur porte-parole. Comme ce fut le cas entre Honda et Martin Matte qui, comme M. Lemay-Thivierge, aura été sous contrat pendant 12 ans (2001 à 2013). Une association si prolifique que certains croient toujours qu’il représente la marque, dix ans plus tard. On peut aussi se remémorer André-Philippe Gagnon sous contrat avec GM, avec son célèbre « Allez hop, cascade! », ou encore de la Vente étiquettes rouges publicisée pour Toyota par Marie-Soleil Tougas.
Pour ce faire, il faut cependant que chaque idée soit étudiée très sérieusement avant d’en arriver à une entente. Parce qu’au-delà des arrangements financiers qui peuvent souvent représenter la majorité des revenus annuels d’un artiste, il y a ce que l’on appelle le facteur risque. Tout ce qui entoure la possibilité d’un scandale, de façon directe ou indirecte, généralement causé par des squelettes dans le placard. Les concessionnaires Volkswagen qui, dans les années 90, avaient engagé Joël Legendre, devaient par exemple être heureux d’avoir rompu leur alliance bien avant que ne survienne l’incident du parc Marie-Victorin. Même chose pour Chrysler, qui avait rompu son association avec Normand Brathwaite, quelques années avant son interception sur le pont Jacques-Cartier, en état d’ébriété.
Le hasard (s’il s’agit d’un hasard) aura voulu qu’une deuxième Marilou (cette fois sans P) vienne donner la réplique à Guillaume Lemay-Thivierge dans un rôle de porte-parole. Maintenant, si l’une fait un superbe boulot chez Chevrolet, l’autre constitue pour moi un choix judicieux. Une jeune femme active depuis 15 ans dans le milieu artistique et qui, de mémoire, a toujours été très transparente, autant sur le plan personnel que professionnel. Elle apportera un souffle nouveau à un manufacturier en pleine transformation, où les véhicules électriques se multiplient. D’ailleurs, avez-vous remarqué que les dernières publicités de Mariloup Wolfe chez Chevrolet ne concernent pratiquement que les véhicules électriques? Peut-être une autre preuve que l’embauche de l’autre Marilou (sans P) n’est pas un hasard!
Fasciné par l’automobile mais également par la façon de les vendre, je crois à l’importance d’un porte-parole automobile au Québec. Qu’il ne s’agisse que d’une voix (comme celle de Dan Bigras chez Ram, ou de Patrice Bélanger chez Toyota), ou d’une collaboration relative à un produit ou à une marque. Je suis par exemple persuadé que les concessionnaires Mitsubishi, en pleine transformation, devraient recruter un porte-parole. Pareillement pour Mazda, qui a longtemps été la marque chouchou des Québécois.
Certes, les ententes avec certains porte-paroles peuvent coûter cher. Or, dans une région comme la nôtre où les publicités anglophones traduites n’ont que trop peu de poids, l’appel d’un porte-parole culturellement plus impliqué a beaucoup d’impact. Même dans une période où les voitures se vendent en un claquement de doigts, et où la demande est supérieure à l’offre. Parce qu’au-delà du produit à vendre, il y a l’image de marque. Ce sur quoi Mitsubishi Motors, Mazda et Ford auraient tout intérêt à travailler. Qui sera donc le prochain artiste à être embauché par un constructeur automobile? Et quel sera ce constructeur? Les paris sont ouverts!