Nissan et Renault sur le point de rééquilibrer leur « Alliance »
Nissan et Renault pourraient bientôt bouleverser l’« Alliance » qui les unit en procédant à une profonde révision de leurs participations croisées et en donnant un coup d’accélérateur à l’électrique.
Plusieurs médias ont rapporté ce weekend que Renault pourrait réduire sa part au capital de Nissan à 15 % contre 43 % actuellement.
- À lire aussi: Nissan Ariya 2023 : la marche est haute
- À lire aussi: Combien coûte... la Nissan LEAF 2023?
En contrepartie, le constructeur japonais, qui détient lui-même 15 % de Renault, investirait dans « Ampère », la future entité qui réunira en France les activités électriques de Renault.
Lors de la création de l’Alliance en 1999, Renault avait acquis 36,8% du capital de Nissan, au bord de la faillite.
Mais les équilibres ont changé depuis. Le Français affiche désormais une santé fragile, avec des investissements massifs pour électrifier son offre, une montée en gamme accompagnée d’une baisse des volumes de ventes et un bilan alourdi par son retrait de Russie.
Selon une source proche du dossier, interrogée lundi par l’AFP, les négociations sur une restructuration de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, troisième groupe automobile mondial, « accélèrent » même si nombre de points restent à régler.
« Renforcer la coopération »
Le directeur général de Renault, Luca de Meo, est arrivé au Japon ce weekend, officiellement pour accompagner son écurie Alpine au Grand prix de F1 de Suzuka.
Mais Renault et Nissan ont confirmé lundi dans un communiqué commun qu’ils menaient des « discussions » sur « plusieurs initiatives » afin de « renforcer la coopération ».
Les deux constructeurs ont évoqué un possible « accord autour de plusieurs initiatives stratégiques communes » et « l’intérêt de Nissan d’investir » dans la nouvelle entité électrique de Renault dont les contours doivent être précisés début novembre.
« Nissan investira dans Ampère, c’est sûr » et en deviendra le « deuxième plus gros actionnaire » après Renault, a confirmé à l’AFP une source proche du dossier au Japon.
Les négociations entre Renault et Nissan, qui se prolongent depuis des mois, « accélèrent depuis fin août » et devraient encore s’intensifier d’ici novembre, a précisé cette même source.
Mais il est encore trop tôt pour quantifier l’investissement de Nissan dans Ampère tout comme l’ampleur de la baisse de la participation de Renault dans Nissan, a-t-elle indiqué.
En revanche, une chose semble acquise : Nissan « n’investira pas » dans « Horse », le futur pôle thermique de Renault. Le constructeur français en détiendrait à terme 35 % et cèderait le reste au chinois Geely et au groupe pétrolier saoudien Aramco, toujours selon cette source.
« Horse » fait l’objet de discussions « très techniques » entre Renault et Nissan, car de nombreuses innovations dans ce périmètre ont été développées conjointement par les deux groupes et le constructeur nippon souhaite obtenir un « juste retour de sa propriété intellectuelle », explique-t-elle.
+4%
L’action de Renault, malmenée depuis début 2020, rebondissait lundi midi de plus de 4 % à la Bourse de Paris, à près de 32 euros, dans un marché en légère baisse.
Le désengagement partiel de Renault dans Nissan devrait toutefois être réalisé par étapes pour éviter au constructeur tricolore des dépréciations massives, selon la même source à l’AFP. Car actuellement la valeur des actions Nissan est « bien en deçà de leur valeur inscrite dans les comptes de Renault ».
Fin 2018, l’Alliance avait vacillé après l’arrestation de son grand patron Carlos Ghosn au Japon pour des malversations financières présumées et sa fuite au Liban.
Celui-ci continue de clamer son innocence et de dénoncer un complot ourdi, selon lui, par Nissan avec l’appui du gouvernement japonais, pour le faire tomber et éviter ainsi une union plus étroite avec Renault.
Début 2022, l’Alliance avait annoncé un investissement commun de 23 milliards d’euros dans l’électrification, pour arriver à lancer 35 nouveaux modèles électriques d’ici à 2030.
Son rééquilibrage suppose désormais aussi une réforme de sa gouvernance ainsi que la clarification du rôle du troisième membre, Mitsubishi Motors, bien moins puissant que les deux autres.
De nouveaux projets devraient également émerger, portant sur des zones géographiques et des segments de marché spécifiques.
Et Renault doit préciser le 8 novembre à Paris les contours futurs de ses entités électrique et thermique.