Acheter au Canada en dollars américains : nous y sommes

Publié le 9 décembre 2022 dans Blogue par Antoine Joubert

Vous trouvez que le prix des véhicules a littéralement explosé? Vous ne vous expliquez pas l’augmentation de 6 000 $ de la Honda Civic par rapport à celle que vous aviez achetée ou louée en 2019? Ne cherchez plus. Les constructeurs automobiles ont décidé de ne plus nous faire de cadeau. Et quand je dis « nous », je parle bien sûr des acheteurs canadiens, plus que jamais pénalisés par la faiblesse de notre dollar.

Il va de soi que la stratégie de certains constructeurs peut varier. Au Canada, certains gonflent artificiellement les taux de financement et de location, alors que d’autres élèvent simplement les prix. Il y a aussi ceux qui, depuis un certain temps, majorent les frais de transport et de préparation, en prenant soin d’ajouter des frais de concessionnaire. Et puis, il y a ceux qui appliquent des hausses sans discernement, en se disant que de toute façon, s’ils ne vendent pas au Canada, ils vendront aux États-Unis. Voilà pourquoi chez certaines marques, la pénurie de véhicules demeure très forte, même si celle des pièces et microprocesseurs est moins importante qu’il y a quelques mois.

Quelques exemples

Prenons par exemple le cas du Toyota RAV4, le VUS le plus vendu au pays. Chez nos voisins du Sud, on propose la version LE Hybrid à 30 225 $ + 1 335 $ de frais de transport et de préparation. Chez nous, il est vendu à 34 390 $, ce à quoi vous ajouterez 2 889 $ de frais de transport, de préparation et de concessionnaire. Pour un total de 37 279 $, que l’on vous financera cependant à un taux de 7,49%, alors que le modèle américain plafonne à 4,49%. En convertissant ainsi le montant de 31 560 U$ US (42 600 $ CA) et en appliquant un taux de financement de 4,99% contre 7,49% au Canada, le coût total du véhicule chez nous et au bout du terme devient avantageux d’environ 1 800 $. Évidemment, en excluant les taxes de vente. Une situation désolante, considérant que le RAV4 est fabriqué au Canada.

Photo: Toyota

Chez Honda, la constatation est encore plus dramatique puisque le nouveau CR-V hybride vendu à 50 955 $ CA est offert à 38 200 $US (51 900 $ CA) au pays de l’Oncle Sam. Additionnez à cela le taux de financement de Honda Canada à 7,29% contre 5,9% aux États-Unis, et vous réaliserez que le coût de revient au bout du terme de financement est plus faible si vous le prenez aux États-Unis.

En analysant plusieurs produits de chez Stellantis (Chrysler/Jeep/Ram/Dodge) et de chez General Motors, j’ai pu constater que l’achat au Canada demeurait généralement avantageux. Dans certains cas, on constate que les coûts finaux se rapprochent, bien qu’ils ne s’entrecroisent jamais. Hélas, à l’exception de la Chevrolet Bolt EV, vendue aux États-Unis à 26 595 $ US, soit 36 200 $ CAD. Or, le prix de vente au Canada est de 41 542 $, avant bien sûr que ne soient retranchés les crédits gouvernementaux. Nous vendrait-on ainsi la Bolt EV trop cher, sous prétexte que le gouvernement en paie une partie? Poser la question, c’est y répondre...

Photo: General Motors

Ford particulièrement gourmand

Le constructeur que je qualifierais de plus gourmand demeure Ford. Prenez le Bronco Sport, faites la conversion du coût en dollars américains en devise canadienne, et vous arrivez souvent à quelques centaines de dollars près. Incluez les taux de financement dans l’équation, et vous êtes toujours avantagé d’effectuer l’achat aux États-Unis. Pareil pour le Bronco, la camionnette F-150 Lightning ainsi que plusieurs déclinaisons du F-150 à essence.

On pousse même l’audace à vendre aux États-Unis un Maverick XL de base à 23 690 $ contre 32 295 $ au Canada... Un véhicule qui, acheté aux États-Unis, vous reviendrait à 32 050 $, et qu’il est possible d’obtenir là-bas, alors que chez nous, la disponibilité demeure problématique.

Maintenant, si cette chronique vous donne envie de magasiner aux États-Unis parce que la disponibilité y est aussi vraiment plus grande, sachez qu’il y a quand même quelques éléments à évaluer. Entre autres les coûts de déplacement et de transport nécessaires à l’acquisition du véhicule (avion, hôtel, nourriture, essence, etc.), la paperasse pour recourir aux exemptions de taxes américaines, sans omettre le transfert de garantie, qui n’est pas toujours possible. Cela dit, nous en sommes au point où, malheureusement il peut valoir la peine de magasiner dans un rayon beaucoup plus large. Parce qu’il ne faudrait pas non plus oublier qu’un concessionnaire américain pourrait payer votre véhicule d’échange en dollars américains, une autre bonne nouvelle pour votre portefeuille.

En vidéo: le prix des voitures usagées s'envole

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