Ford F-150 Lightning 2022 : on a remorqué et on a été franchement déçu

Publié le 16 décembre 2022 dans Essais par Germain Goyer

Leader des ventes de camionnettes pleine grandeur avec son F-150, il était tout naturel pour Ford de devenir le premier constructeur à commercialiser une camionnette 100% électrique au Canada.

Nous étions impatients de conduire le Ford F-150 Lightning, mais nous avions encore plus hâte de remorquer une charge avec celui-ci. En revanche, nous avons vite déchanté. Voici le résumé complet de nos premières impressions du Ford F-150 Lightning 2022 en situation de remorquage.

Une capacité jusqu’à 10 000 lb, mais…

D’après les données techniques fournies par Ford, le F-150 Lightning est doué pour le remorquage. Tout dépendant de la version choisie, il peut tracter jusqu’à 10 000 lb (ou 4 536 kg).  Bref, une capacité normale pour une camionnette pleine grandeur, avec l’avantage alléchant de ne pas consommer d’essence. Nous ne remettons pas en question sa capacité de le faire, loin de là. Il est fort et capable, il n’en fait nul doute. Or, le remorquage affecte énormément l’autonomie électrique du véhicule, et ce, bien plus que l’on pouvait l’imaginer. C’est principalement ce qui nous a déçus.

Photo: Germain Goyer

Derrière la camionnette électrique, nous avons attaché une remorque avec museau en V de 4,21 m de long, par 2,08 m de large et 1,98 m de haut (dimensions extérieures). La remorque et la charge s’y trouvant totalisaient approximativement 3000 lb (1360 kg), ce qui est largement inférieur à la capacité du véhicule. Une camionnette intermédiaire peut tirer cette charge sans même qu’il s’agisse d’un effort.

Nous avions 141 kilomètres à parcourir entre Montréal et une municipalité située un peu au nord de Montebello, en Outaouais. Bref, un exercice qui devait être facile pour le F-150 Lightning. Et pourtant, ça s’est avéré drôlement pénible.

À notre départ de Montréal, le tableau de bord affichait une autonomie estimée de 316 kilomètres, soit l’équivalent de plus de 80% de la charge complète. Soulignons que le modèle était doté de la batterie optionnelle de 131 kWh, avec une facture qui dépassait tout juste le cap des 100 000 $.

Photo: Germain Goyer

Dès les premiers kilomètres, nous nous sommes rendu compte que l’autonomie chutait drastiquement au point où nous nous sommes demandé si nous allions pouvoir nous rendre à destination. L’anxiété de l’autonomie, vous avez dit? À destination, le tableau de bord affichait une autonomie restante estimée à 36 kilomètres. Ainsi, le F-150 Lightning a bouffé 280 kilomètres d’autonomie pour n’en parcourir, dans les faits, que la moitié.

Au terme de cette session de remorquage, l’ordinateur de bord affichait une consommation de 60 kWh/100 km. Selon les chiffres de Ressources naturelles Canada (qui ne tiennent bien sûr pas compte du remorquage), la consommation moyenne du F-150 Lightning avoisine plutôt les 30 kWh/100 km. Remorquer une charge de 3000 lb aura donc doublé la consommation d’électrons du véhicule.

Précisons qu’au moment de cet essai, le mercure oscillait autour du point de congélation et que nous circulions à la vitesse tolérée. Maintenant, imaginez le résultat à -20 °C en plein mois de janvier.

Photo: Germain Goyer

Sur le chemin du retour, sans remorque cette fois, nous nous sommes arrêtés à une station de recharge du Circuit électrique. Nous y avons patienté pendant une heure, soit le temps de récupérer 71,52 kWh pour un total de 22,98 $ sur une borne rapide de 100 kW. Cette recharge, pas si rapide que ça et plutôt coûteuse, nous aura permis de faire le plein d’énergie pour rentrer à la maison avec un excédent de quelques kilomètres. Il aurait été dommage d’avoir à s’arrêter une deuxième fois, surtout que nous avions déjà complété les mots croisés du Journal de Montréal.

Parlant de coûts, soulignons que nous avons dépensé 52,73 $ pour effectuer des recharges sur le Circuit électrique au cours des quelques jours d’essai. Au total, nous avons parcouru 657 kilomètres. C’est moins coûteux que dans le cas d’un F-150 à essence, évidemment, mais c’est infiniment plus contraignant. Bien sûr, l’idéal est d’être en mesure de recharger son véhicule à domicile, mais ce n’est pas possible pour tous les automobilistes.

Photo: Germain Goyer

Immensément confortable

Autant en ville que sur la route, avec ou sans remorque, nous avons été épatés par le confort du F-150 Lightning. Dans sa version à essence, le Ford F-150 est un véhicule sautillant de l’arrière-train. La version Lightning a droit, quant à elle, à des suspensions indépendantes à l’arrière. Le confort dans la cabine est grandement accru. Il resterait à vérifier comment vieillira ce type de suspension et, surtout, comment elle résistera et se comportera lorsque viendra le temps de remorquer 10 000 lb.  

Photo: Germain Goyer

À qui s’adresse donc le F-150 Lightning?

Au terme de notre analyse, la réponse à cette question est fort simple. Le F-150 Lightning s’adresse d’abord aux conducteurs qui n’ont pas besoin de remorquer ou de transporter de lourdes charges. À cette affirmation, nous avons une question sous-jacente : à quoi bon avoir une camionnette si l’on ne s’en sert pas réellement pour travailler? Bonne question. Non, vous n’avez pas besoin d’une camionnette pleine grandeur pour tirer une motomarine deux fois dans l’été et non, vous n’avez pas besoin d’une camionnette pleine grandeur pour effectuer des soumissions.

Sinon, le F-150 Lightning peut être pratique pour un entrepreneur, par exemple, qui effectue des travaux dans son secteur la majorité du temps. Avec une si faible autonomie au moment de remorquer, vous n’aurez pas la possibilité de vous éloigner beaucoup de votre lieu de départ. Avec des matériaux dans la caisse, une échelle sur le toit et une remorque quelques milliers de livres, il est difficile d’imaginer pouvoir parcourir plus d’une centaine de kilomètres, surtout en hiver. Il faut donc compter 50 kilomètres à l’aller et 50 kilomètres pour le retour, car évidemment, les chantiers de construction ne sont pas encore dotés de bornes de recharge rapide.

Photo: Germain Goyer

En bref

Malgré le fait qu’il soit capable de remorquer aisément et qu’il le fasse en tout confort, nous concluons que le F-150 Lightning n’est pas conçu pour remorquer à moins de n’avoir que de petits trajets à effectuer. Dans le cas contraire, si vous devez parcourir plus de 100 kilomètres avec votre remorque sur une base régulière, nous vous conseillons d’opter pour une camionnette à essence.

En vidéo: notre essai routier complet du Ford F-150 Lightning 2022

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