Montréal : la multiplication des nids-de-poule pourrait être évitée, selon un expert
Par Audrey Sanikopoulos
Le nombre grandissant de nids-de-poule sur les rues montréalaises pourrait être évité si la Ville mettait plus d’argent pour rattraper les années de retard dans l’entretien des chaussées, croit un professeur spécialisé dans l’étude des matériaux bitumineux.
- À lire aussi: Routes en piteux état: les nids-de-poule à Montréal font déjà rager au volant
- À lire aussi: Nombre record de réclamations pour des nids-de-poule à Montréal
Près de 110 000 nids-de-poule devront être réparés cette année dans la métropole, a confirmé Karla Duval, relationniste à la Ville de Montréal. L’année passée, environ 96 800 trous dans la chaussée avaient été colmatés.
Pourtant, la Ville de Montréal continue d’augmenter son budget d’entretien des routes année après année. Ainsi, un montant de 3,5 millions $ est prévu pour colmater les nids-de-poule en 2023, soit 700 000 $ de plus qu’en 2022.
« La Ville de Montréal a déjà fait des efforts pas mal importants en termes d’entretien des chaussées, a reconnu Alan Carter, professeur au Département de génie de la construction de l’École de technologie supérieure (ÉTS). Mais on a tellement de retard à reprendre qu’il faudrait que les budgets soient beaucoup plus gros que ça. »
La recette pour ne pas avoir de nids-de-poule n’est pas un mystère. « Il faut entretenir nos chaussées mieux que ce que l’on fait maintenant », a résumé M. Carter.
Pour ce faire, il faudrait que les routes soient remises en état dès la moindre apparition de fissures. Il est cependant rare que la réparation soit faite immédiatement pour des raisons financières et pratiques.
« Si on voit que des fissures commencent à apparaître sur la surface de la chaussée, on va attendre que les quantités soient suffisantes pour que ce soit financièrement viable d’appeler quelqu’un pour tout sceller », a expliqué le professeur.
La Ville ne peut pas non plus se permettre de fermer une rue au complet pour refaire toute la chaussée, selon M. Carter.
« Il y a moins de nuisances au trafic en réparant des nids-de-poule avec des camions automatisés », a-t-il souligné. Un de ces appareils peut d’ailleurs colmater 300 nids-de-poule en une journée, a précisé Mme Duval.
En date du 22 février dernier, 44 000 nids-de-poule avaient déjà été réparés sur les rues de la métropole. Une quatrième opération doit commencer mercredi.
Comment se forme un nid-de-poule?
La formation d’un nid-de-poule signifie que « la chaussée est mourante », a illustré le professeur Alan Carter.
Un trou dans la route peut être formé parce qu’il y a d’abord eu une autre dégradation quelconque, que ce soit une ornière, une fissure ou une réparation mal faite.
Avec le gel, l’eau qui est tombée sur la chaussée reste prisonnière et se transforme en glace.
« Il y a alors une augmentation du volume de l’eau et avec la force créée, la chaussée n’est pas capable de résister », a indiqué M. Carter.