Acheter sa voiture...au Carrefour Laval
De plus en plus d’automobilistes magasinent et concluent des transactions en ligne. Sans même faire l’essai d’un produit, en ne se basant que sur des commentaires journalistiques et de leur entourage. Les gens lisent, regardent des vidéos, fouillent sur Internet, pour obtenir une information si complète que même les vendeurs ne pourraient l’offrir. D’ailleurs, certains acheteurs feraient tout pour éviter l’étape de la négociation avec le vendeur ou la vendeuse, ce qui a poussé certains constructeurs à revoir leur façon de vendre des véhicules.
Évidemment, Tesla aura été précurseur d’un modèle d’affaires distinct, consistant à éliminer l’existence de concessions (détenues par des privés) en proposant plutôt des magasins satellites qui dans les faits, ne sont que des tentacules de la maison mère. Le même phénomène survient chez Lucid Motors, nouveau joueur dans l’électrique, et vous pouvez être certains que d’autres suivront.
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Hélas, si dans certains marchés, il est possible de vendre des voitures de la même façon qu’on le fait avec le café Nespresso, il en va autrement chez nous. Parlez-en à Genesis, qui pensait initialement n’offrir qu’une petite quantité de points de services avec une vente en ligne, et qui a finalement changé son fusil d’épaule en confiant le mandat à des propriétaires de concessions Hyundai.
Certes, le modèle d’affaires diffère encore, par le fait qu’il s’agisse de commerces sous la gouverne de Genesis, qui détient notamment l’inventaire canadien. Or, le client n’y voit que du feu, et conserve cette impression d’être traité comme par exemple, chez Lexus. Salle d’exposition grandiose, ambiance feutrée et charmante, permettent ainsi aux consommateurs de vivre l’expérience d’une marque qui dans ce cas, a tout à bâtir.
Bien que l’expérience d’un commerce situé au Carrefour Laval n’était dans ce cas que temporaire, il est donc clair que la décision de revenir à une approche plus traditionnelle auprès des consommateurs était la bonne.
On se souvient aussi de Polestar, qui de son côté, avait débuté l’aventure québécoise au Carrefour Laval. Une situation qui devenait complexe avec ce gain de popularité, puisque rien n’est moins pratique pour un consommateur que de devoir passer par le plus gros centre commercial du Québec pour magasiner sa prochaine voiture.
On a donc choisi de sortir de là pour ouvrir une boutique satellite juxtaposée au concessionnaire Volvo de Laval, le temps qu’une bâtisse dédiée soit construite. Mais là encore, on n'aura qu’un seul point de vente au Québec, pour une gamme de produits qui s’agrandira très bientôt et qui est selon moi vouée au succès.
La semaine dernière, j’étais de passage au Carrefour Laval. Pour moi, un rare moment. Toujours est-il qu’en circulant dans ce temple sacré des adeptes du magasinage, j’ai apercu plusieurs voitures placées dans les allées centrales. Des Acura, BMW, Jeep et autres, assurément plus propres et séduisantes que celles éparpillées dans l’immense stationnement de l’endroit. Une feuille de vitre, une carte d’affaires au pare-brise, rien de plus. Dans cette seule optique d’attirer les acheteurs en concession.
Or, j’allais aussi apercevoir une boutique dédiée à Vinfast. Un constructeur vietnamien sur le point de débarquer chez nous, qui a déboursé des sommes colossales pour se faire connaître dans les différents salons automobiles, pendant que la moitié des constructeurs boudaient ce genre d’événement. Un constructeur qui offrira d’ici l’été une gamme débutant par deux VUS intermédiaires, 100% électriques, et pour lesquels les prix débutent à un peu moins de 65 000 $.
Pour se faire voir d’un large public, le Carrefour Laval peut ainsi être une belle solution. Il m’aura d’ailleurs suffi de mettre un pied dans l’espace Vinfast pour que m’interpelle une jeune femme bien dévouée à me faire connaître le produit. Un produit que vous pouvez commander en ligne, mais qu’on vous livrerait à domicile, faute d’établissements. Mais encore une fois, le Carrefour Laval n’est certainement pas l’endroit pour entretenir une clientèle automobile, au-delà d’une séduction initiale.
En somme, bien que l’industrie automobile tente de réinventer la façon de se procurer un véhicule, il est clair dans mon esprit que le concessionnaire ayant pignon sur rue, capable d’offrir un service allant bien au-delà du numérique, demeure la seule vraie formule. Certes, l’achat en ligne prend tout son sens, et les ventes ainsi réalisées se multiplieront chez plusieurs marques, surtout lorsque que loi de l’Office de la protection du consommateur qui règlemente cette question sera modernisée. Cela dit, il est loin le jour où la clientèle acceptera d’être un bête numéro, obligée d’aller faire la file au centre commercial, comme on le fait avec un produit Apple.