Volkswagen aura jusqu’à 13 milliards $ d'Ottawa pour son usine de batteries
Par Francis Halin
Treize milliards de dollars de fonds publics ces dix prochaines années. Voilà ce qu’est prêt à mettre sur la table le gouvernement Trudeau pour la future méga-usine de batteries de Volkswagen à St. Thomas, en Ontario, afin de battre les Américains dans la course aux incitatifs financiers.
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C’est ce qu’a déclaré en entrevue à Bloomberg le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie (ISDE), François-Philippe Champagne. Ce montant a pu être confirmé par Le Journal de Montréal d’une source gouvernementale.
Il s’agit de la somme maximale d'aides que pourra obtenir la multinationale allemande, selon l'ampleur de la production de sa méga-usine, qui devrait coûter 7 milliards de dollars à bâtir.
L’aide est substantielle parce qu’il fallait se battre contre l’administration Biden, prête à allonger des milliards de dollars d'incitatifs pour attirer ces investissements majeurs aux États-Unis.
Or, d'après Renaud Brossard, directeur principal des communications à l'Institut économique de Montréal (IEDM), le coup de pouce financier d'Ottawa est exagéré.
« Plus de 13 milliards de dollars, c’est très cher payé pour attirer jusqu’à 3 000 emplois, ça revient à un peu plus de 4,3 millions de dollars par travailleur, a-t-il illustré. Au lieu de verser autant d’argent à Volkswagen, le fédéral aurait mieux fait de s’attaquer à la réglementation et au niveau d’impôt pour attirer un plus grand nombre d’entreprises. »
« Un pied de nez au Québec », selon le Bloc
Pour Sébastien Lemire, député bloquiste, c’est la goutte qui fait déborder le vase dans la filière batterie.
« C’est un pied de nez au Québec. On se fait déshabiller par le gouvernement fédéral », a déploré le porte-parole du Bloc en matière d’Industrie.
Maire aux oiseaux
Début avril, Le Journal de Montréal s’était rendu à St. Thomas, en Ontario, pour brosser un portrait de la ville de 43 000 âmes, qui venait de ravir l’usine au Québec.
En entrevue, le maire de St. Thomas, Joe Preston, avait dit ne pas être au courant encore de l’apport financier du fédéral dans la méga-usine, qui doit débuter sa production dans quatre ans.
Lors de notre visite, des entrepreneurs de St. Thomas savouraient déjà la nouvelle en se préparant à ce que chaque emploi chez Volkswagen en amène entre cinq et dix autour.
« On est de retour sur la carte. C’est surréel », avait confié Blaine Skirtschak, directeur général de l’entreprise de transport Messenger Freight Systems, devant la future usine du géant allemand.