Flo reçoit l'aide d'Ottawa pour installer des bornes de recharge partout au Canada
Par Sylvain Larocque
L'entreprise québécoise AddÉnergie, qui fait affaire sous le nom de Flo, a décroché auprès de la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) un prêt avantageux de 220 millions $ qui lui permettra de déployer son propre réseau de bornes de recharge à travers le pays.
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Avec cette aide financière, la plus importante jamais octroyée à Flo, l’entreprise de Québec pourra installer, d’ici 2027, 2 000 ports de recharge rapides (connecteurs) dans environ 400 emplacements au Canada.
Cet effort aura pour effet de doubler le nombre de ports de recharge rapides universels actuellement installés au Canada (en excluant les Superchargeurs, que seuls les conducteurs de voitures Tesla peuvent utiliser).
Avec la forte augmentation du nombre de véhicules électriques qui roulent sur nos routes, il est parfois difficile de trouver des bornes de recharge lors des périodes de grande affluence. On voit de plus en plus souvent des files se former aux stations les plus populaires.
Difficile à financer
Malgré la hausse de la demande, il n’est pas facile de financer l’installation de nouvelles bornes de recharge. Il peut coûter plus de 100 000 $ pour fabriquer et installer une seule borne – une facture qui doit être amortie sur plusieurs années.
Jusqu’ici, la plupart des bornes de Flo accessibles au public appartiennent aux commerces ou aux institutions qui les accueillent. Le prêt de la BIC permettra à Flo de demeurer propriétaire des futures bornes, ce qui donnera plus de flexibilité à l'entreprise pour sélectionner les meilleurs emplacements.
« Les endroits où les bornes ont été déployées jusqu’à maintenant ne sont pas toujours alignés avec les endroits où les gens ont les plus grands besoins de recharge », affirme Louis Tremblay, PDG de Flo.
« Avec le financement de la BIC, on pourra être encore plus proactifs dans la façon dont on va déployer le réseau », ajoute-t-il.
Comme la BIC est une institution fédérale, elle a pu offrir à Flo un prêt très abordable même si le risque associé au projet est supérieur à celui que les banques commerciales acceptent généralement de prendre.
« Nous allons être remboursés en suivant le rythme d’accroissement de l’utilisation des chargeurs. Plus les chargeurs seront utilisés, plus vite nous seront remboursés. [...] Et ce qui est encore plus intéressant, c’est que le taux d’intérêt du prêt augmente avec le taux d’utilisation des chargeurs. [Lorsque les objectifs d’utilisation seront atteints], le taux d’intérêt sera le même que celui que demanderait une banque commerciale », explique Ehren Cory, PDG de la BIC.
« Est-ce que ces 2 000 ports de recharge auraient vu le jour sans la BIC? Oui, mais pas du tout à la même vitesse. Sans nous, Flo étendrait son réseau petit à petit. Elle installerait un premier lot de bornes, puis attendrait qu’elles deviennent rentables avant de poursuivre », ajoute M. Cory.
Cela ne signifie pas que Flo ne prend aucun risque dans cette aventure.
« Il va falloir trouver les emplacements et convaincre les propriétaires des sites de nous accueillir, tout en évitant les mauvaises surprises pour pouvoir prévoir nos coûts de façon fiable », souligne M. Tremblay.
Il reste que si tout se passe bien, «posséder des bornes de recharge, c’est quelque chose qui peut devenir très profitable», admet l’entrepreneur.
Objectif: 50 000 chargeurs de plus
L’investissement dans Flo s’inscrit dans le cadre d’un programme de 500 millions $ visant à financer des infrastructures de recharge de véhicules et de ravitaillement en hydrogène, que la BIC a lancé l’an dernier à la demande du gouvernement Trudeau.
Ottawa s’est fixé comme objectif d’ajouter 50 000 chargeurs électriques et stations d’hydrogène au cours des prochaines années.
Fondée en 2009, AddÉnergie a vendu jusqu’ici des milliers de bornes qui offrent plus de 90 000 ports de chargement. Plus de 20% de ses revenus proviennent des États-Unis, où elle compte une usine depuis l’automne dernier.
Parmi les actionnaires de l’entreprise, on compte notamment la Caisse de dépôt, le Fonds de solidarité FTQ et le gouvernement du Québec.
Depuis sa fondation, en 2018, la BIC a versé 9,7 milliards $ en aide financière, dont 2,6 milliards $ pour des projets au Québec.