Et une taxe de plus pour l’automobiliste!

Publié le 5 mai 2023 dans Blogue par Antoine Joubert

Étudiante au Cégep Lionel-Groulx, ma fille faisait partie le 29 mars dernier de ces 18 500 grévistes, manifestant pour la gratuité du transport en commun. Une gratuité qui devrait s’appliquer, selon le groupe d’étudiants organisateurs, à l’ensemble des cégépiens, ce qui permettrait de lutter contre les changements climatiques.

Loin de moi l’idée d’être en défaveur du transport en commun, mais vous aurez compris que sa gratuité ne constitue pas la solution. Au contraire, l’augmentation de ses coûts dans l’optique d’un meilleur service serait de mise, et demeurerait tout de même beaucoup plus économique que le transport individuel par voiture et contribuerait finalement à l’amélioration des changements climatiques.

Hélas, il semble qu’au Québec, la qualité du service ne compte plus. Pourvu que ce soit gratuit, on est heureux. Inutile de vous dire qu’il en va de même dans plusieurs sphères d’activités, que ce soit la santé, l’éducation ou autre. Or, il faut faire appel au transport en commun des banlieues, comme Laval et Longueuil, pour constater sa désuétude. Parce que le service est inégal, parce qu’il arrive très souvent que l’autobus ne passe pas ou qu’il soit sérieusement en retard, et parce que les pannes de réseau se multiplient.

Photo: Joël Lemay

Ce n’est donc pas avec la gratuité que l’on améliorera son sort, mais avec une augmentation des coûts qui permettront un meilleur entretien, une meilleure coordination et davantage d’effectifs. Il faudrait d’ailleurs cesser de crier à la gratuité au Québec, sachant que celle-ci coûte en fin de compte vraiment plus cher que si l’on faisait payer l’utilisateur, comme c’est le cas pour l’automobiliste.

Celui-ci paie son permis de conduire, son automobile, son essence ou son électricité, ses assurances, son immatriculation, le péage des routes, son stationnement, ses pneus et l’entretien et s’il y a lieu, sa taxe de luxe ou de forte cylindrée. Puis, à tout cela, on ajoute des taxes. De son côté, que paie l’utilisateur du transport en commun? Son abonnement mensuel - moins cher qu’un forfait cellulaire - ou son passage, équivalent au prix d’un café. Et vous êtes en train de me dire que c’est l’automobiliste qui devra encore débourser pour financer le déplacement de gens qui ne paient à peu près rien pour le faire?

Photo: Antoine Joubert

Pourtant, c’est exactement ce qui se produira dès janvier 2024, alors que les habitants du 450 se verront dans l’obligation de payer une autre taxe de 59 $, servant au financement du transport collectif, dont plus de 90% de l’utilisation est faite à Montréal. Une taxe à l’immatriculation qui fera passer le prix de 232,74 $ à 291,74 $. Une taxe qui, bien sûr, incitera très certainement un citoyen de Rougemont ou de Saint-Lin-Laurentides à opter pour l’autobus plutôt que la voiture!

En vérité, cette taxe ne changera absolument rien, puisque de façon générale, les « 450 » ne changeront pas leurs habitudes. Ils continueront d’utiliser l’automobile parce qu’elle cadre avec leur routine. Parce que presque tout l’argent ira à Montréal au détriment des banlieues et parce que de plus en plus, les gens fuient la ville.

Autre questionnement : est-ce que les 59 $ arrachés à chacun de ces automobilistes serviront véritablement à financer le transport en commun? Ou serviront-ils en partie à absorber les pertes de la SAAQ, qui a déboursé un demi-milliard pour une nouvelle plate-forme informatique? Car pour l’instant, cette dernière lui fait perdre quotidiennement des centaines de milliers de dollars… Parce que dites vous que chaque transaction qui n’est pas effectuée par un commerçant ou un automobiliste résulte en une perte financière.

Remarquez, ce n’est qu’une question de temps avant que l’on refile cette facture impossible à chiffrer aux automobilistes, sollicités de toute part. Alors SVP, qu’on nous lâche avec l’excuse de l’environnement! Soyons honnêtes et admettons que l’inefficacité du transport en commun découle d’une mauvaise gestion, mais surtout, de tarifs beaucoup trop bas.

Je termine en mentionnant savoir que plusieurs ne sont pas de mon avis et que l’augmentation du tarif du transport en commun peut effectivement avoir une incidence sur le budget de plusieurs personnes. Hélas, si l’on pige encore plus profondément dans les poches de l’automobiliste - lequel paie plus de taxes, en plus de composer avec l’augmentation des coûts de tous les éléments précités - pourquoi faudrait-il que l’utilisateur du transport en commun s’en sorte indemne? Alors non, je ne suis pas en faveur de la gratuité du transport collectif, bien au contraire.

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