Une nouvelle Chevrolet Bolt... mais sous quelle forme?
En 2022 et 2023, les ventes de la Chevrolet Bolt ont grimpé. Pas seulement chez nous, mais également aux États-Unis où elle s’est retrouvée dans les parcs de location à court terme dans le sud des États-Unis, les acheteurs n’étant pas en proportion aussi nombreux que chez nous. Qu’à cela ne tienne, la Bolt s’était tranquillement forgée une certaine réputation dans le monde automobile, en dépit des déboires ayant mené à une vaste et coûteuse campagne de rappel. Est-ce que GM, qui avait jusqu’ici considéré la Bolt comme un fastidieux exercice s’étant retrouvé dans la colonne des pertes des livres comptables, avait sous-estimé l’engouement du public à son égard?
Lorsque le constructeur a annoncé son retrait, plusieurs ont crié au scandale. D’abord parce que Chevrolet allait la remplacer par un VUS plus volumineux, ensuite parce que son prix abaissé à moins de 26 595 $ aux États-Unis (en 2022) a soudainement eu pour effet de raviver la flamme. Évidemment, cette baisse n’a pas eu lieu chez nous, puisque nos gouvernements se chargent d’en payer la différence. Un exercice qui soulève bien des frustrations de la part des contribuables, sachant que la voiture pourrait nous être offerte à moindre coût si les subventions n’y étaient pas...
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Chevrolet s’est défendue en mentionnant que le futur Equinox EV sera offert à partir de 35 000 $ (avant les subventions). Un prix inférieur à celui d’une Bolt EV (vendue juste au-dessus de 40 000 $), mais qui semble irréaliste. D’ailleurs, ne soyez pas étonné si Chevrolet tarde à sortir cette version d’entrée de gamme tant promise, ou change carrément d’idée en la remplaçant justement par cette future Bolt EV. Une voiture qui soulève bien des questions, puisqu’aucun détail sur sa conception n’a jusqu’ici été dévoilé.
Un choix tactique?
Ainsi, s’agira-t-il réellement d’une nouvelle voiture utilisant la plate-forme Ultium, ou simplement d’une version modernisée de celle que l’on connaît déjà? Jouera-t-on la carte du VUS à la façon Bolt EUV ou reviendra-t-on à une formule classique, pour laisser plus de place à l’Equinox EV? Bien sûr, les stratèges de la marque ne sont pas stupides et savent que la majorité des manufacturiers délaissent les petites autos électriques pour favoriser les plus grosses… donc plus coûteuses. Mais ils ne voudraient surtout pas se faire damer le pion par Stellantis, qui arrivera prochainement avec une nouvelle Fiat 500e 100% électrique, laquelle pourrait devenir l’automobile électrique la moins chère du marché.
On peut ainsi considérer que la décision de Chevrolet ne repose pas que sur les commentaires des consommateurs pleurant sa disparition, mais aussi sur le fait que pendant nombre d’années, la marque a offert des modèles électriques abordables à la population. Des voitures comme la Bolt, la Spark EV (États-Unis seulement) et la Volt, laquelle était elle aussi appréciée de ses propriétaires.
Il y a donc fort à parier que Chevrolet change de tactique et fasse de la Bolt un produit d’entrée de gamme, permettant ainsi de rehausser le prix moyen de l’Equinox EV. On peut aussi s’attendre à ce que la Bolt nivelle vers le haut avec une formule tirant davantage vers le multisegment urbain que l’authentique compacte. Parce que les ventes de modèles 2023 sont davantage réalisées avec les modèles EUV, que Chevrolet produit évidemment en plus grand nombre. Des véhicules qui ne coûtent pas plus cher à fabriquer, mais qui sont vendus plus cher et sur lesquels il est possible d’ajouter beaucoup d’options...
Espérons seulement que la nouvelle Bolt conservera les caractéristiques du modèle actuel, et qu’il ne s’agira pas d’une version d’entrée de gamme du futur Equinox EV que Chevrolet aurait tout bêtement rebaptisée (comme par exemple la Chrysler Pacifica de base vendue sous le nom de Grand Caravan). Si tel était le cas, la marque aurait choisi de faire taire la clientèle par une simple astuce de marketing douteuse. Or, envisageons plutôt l’idée que le constructeur reprenne les composants de l’actuelle Bolt, ce qui permettrait sans doute d’amenuiser les pertes et peut-être même, d’atteindre un seuil de rentabilité. Après tout, puisqu’il n’y aura pas de rival, c’est une opportunité! Alors, pourquoi donc n’avait-on pas songé à la conserver avant de faire l’annonce de son retrait? Sans doute parce que certains stratèges de chez General Motors avaient le nez un peu trop collé sur les chiffres des dernières années…
Rappelons en terminant que Mary Barra, cheffe de la direction de General Motors, avait mentionné adorer ce modèle, allant jusqu’à admettre qu’elle en conduisait un elle-même. Cette révélation publique lors d’une conférence de presse aura visiblement forcé les hauts dirigeants à remettre le retrait de la Bolt en question, ce qui a finalement mené à l’annonce parue cette semaine.