Stratégie de sécurité routière : plus de radars et des amendes plus sévères
Par Gabriel Côté
Réduction des limites de vitesse, surveillance accrue et contraventions plus salées: Québec veut mettre les automobilistes au pas avec une série de nouvelles mesures de sécurité routière.
- À lire aussi: De nouveaux radars photo indétectables sèment la controverse en Espagne
- À lire aussi: Des «radars vivants» pour inciter les automobilistes à lever le pied
«Je vais déposer un projet de loi cet automne. Il y aura une révision des points d’inaptitude et des amendes qu’on donne», a déclaré mardi la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, lors de la présentation de la nouvelle «stratégie nationale en sécurité routière», à Montréal.
Mme Guilbault n’a pas voulu s’avancer sur les détails de cette révision, mais elle a insisté sur le fait que celle-ci va «refléter un souci énorme pour les clientèles vulnérables», comme les piétons, les cyclistes, et les travailleurs sur les chantiers de construction.
En 2022, 392 personnes sont décédées sur les routes du Québec, une hausse d’environ 13% par rapport à l’année précédente, et le pire résultat depuis 2013, selon le plus récent bilan de la sécurité routière. Et de ce nombre, les piétons représentaient un décès sur cinq.
«Le bilan s’est alourdi en 2022, on se devait d’agir», a souligné la ministre Guilbault, qui lancera dans les prochaines semaines une campagne de sensibilisation pour la sécurité routière.
Le gouvernement compte donc accroître la surveillance du réseau routier, notamment en assurant une présence policière près des chantiers de construction et en augmentant le nombre de radars photo, surtout aux abords des écoles.
D’ailleurs, le plan de la ministre Guilbault fait une place considérable à la sécurité en zone scolaire, où le gouvernement imposera une vitesse maximale de 30 k/h. À l’heure actuelle, la limite est de 50 km/h au Québec.
Dans le même esprit, le gouvernement veut rendre plus d’argent disponible pour les municipalités, afin de les accompagner dans la réalisation de projets d’aménagements sécuritaires pour les piétons et les cyclistes.
Par ailleurs, il faudra dorénavant passer une formation pour obtenir un permis pour conduire un camion (permis de véhicule commercial de classe 1).
Auparavant, on pouvait obtenir ce permis à la condition de détenir un permis de classe 5 depuis trois ans, et de réussir certaines évaluations pratiques, mais il ne fallait passer aucun cours. Québec révisera aussi en continu le contenu des cours de conduite.
Le gouvernement va aussi remettre sur pied la table sur la sécurité routière afin de faire le suivi de ses engagements, a expliqué la ministre Guilbault. Cette instance aura le mandat de conseiller et d’évaluer le gouvernement sur ses actions en continu pour améliorer la sécurité routière au Québec.
Ce qu'ils ont dit
« C’est important que chaque personne qui est détenteur d’un permis de conduire, — on est 4,6 millions de véhicules de promenade immatriculés au Québec — se rappelle que non seulement tu ne veux pas causer un préjudice à quelqu’un, mais que tu ne veux pas non plus vivre avec le poids sur la conscience d’avoir fait partie des facteurs de décès ou de blessure d’une personne. » - Geneviève Guilbault, ministre des Transports
« Un grand absent de ce plan est la responsabilisation du ministère sur son propre réseau : pas moins du 2/3 des accidents mortels ont lieu sur le réseau supérieur (autoroutes, routes nationales et régionales) ; or, tout ce qui est proposé aujourd’hui relève du diagnostic. Le ministère doit prendre ses responsabilités et proposer des aménagements sécuritaires, à ses frais, sur toutes ses routes qui traversent les villes et villages. » - Étienne Grandmont, député de Québec solidaire
« C’est un grand pas qui est fait avec le Plan dévoilé aujourd’hui, qui mise sur l’approche Vision zéro! Il est temps de reconnaître que les décès piétons sont des décès évitables, et que la fluidité automobile ne doit plus être privilégiée au détriment de la sécurité des usagers les plus vulnérables. » - Marie-Soleil Gagné, directrice générale d’Accès transports viables