Kia Amanti, gentille face à claques

Publié le 12 février 2006 dans 2006 par Alain Morin

Je vous le concède, la Kia Amanti n’est pas la plus belle voiture sur la Terre. Sa calandre, surtout, lui attire de nombreux quolibets. On aime ou on n’aime pas et, dans ce cas-ci, on n’aime pas souvent ! On dirait que les designers, partis « sur la brosse » un vendredi soir, ont décidé de lui donner des airs de Mercedes-Benz sans trop savoir comment y parvenir ! Mais la Kia Amanti, c’est bien plus, et bien mieux, qu’un faciès excentrique. Il s’agit de la voiture haut de gamme de Kia et un examen du rapport qualité/prix ajuste les perceptions.

L’Amanti se frotte à des concurrentes établies depuis des lustres et bénéficiant d’une belle réputation. Nommons seulement la Nissan Altima ou la Toyota Avalon, toute nouvelle cette année. Il y avait bien la cousine de chez Hyundai, la XG350 qui devient la Azera cette année et qui est complètement transformée, laissant l’Amanti en bien triste position pour défendre l’honneur de Kia dans le marché des voitures haut de gamme coréennes. Et qu’est-ce que l’Amanti a à offrir pour se démarquer ?

Mourir de faim

Pour se faire remarquer du public, elle offre un équipement de base très relevé, un confort surprenant et un rapport qualité/prix fort avantageux. Un essai sur la route, par contre, laissera l’amateur de sensations fortes, sur son appétit… Et aussi bien dire qu’il mourrait de faim s’il devait conduire l’Amanti sur une longue distance ! Le V6 de 3,5 litres développe 200 chevaux et un couple de 220 livres-pied à 3 500 tours/minute, ce qui assure des reprises convaincantes à défaut de livrer toute la marchandise sur le plan des accélérations. En effet, il ne faut que 8,0 secondes pour passer de 80 à 120 kilomètres-heure tandis que le 0-100 prend 9,6 secondes, ce qui n’est tout de même pas mal pour une cavalerie de 200 chevaux. Quoiqu’on s’attendrait à un peu plus de punch pour une voiture « haut de gamme », d’autant plus que sa sonorité en accélération est loin d’être mélodieuse. Même la transmission automatique à cinq rapports s’en mêle en passant les rapports plutôt lentement. Quant aux suspensions, elles découragent toute forme de conduite sportive et une courbe prise avec le moindrement d’entrain fait hurler les pneus. La caisse penche beaucoup et le roulis, quoique bien maîtrisé par un système de contrôle de stabilité latérale assez transparent, incite à lever rapidement le pied droit. Au moins, ces suspensions apportent une quiétude fort appréciée aux utilisateurs en gommant relativement bien les impairs de notre cher réseau routier. Les sièges avant, au demeurant très confortables, semblent avoir été dessinés en fonction d’une conduite sur route rectiligne uniquement! Compte tenu de l’utilisation anticipée de la Kia Amanti, les freins effectuent un bon boulot. Par contre, sur un des modèles essayés, le moteur avait la fâcheuse tendance à « étouffer » après un arrêt d’urgence. La direction est à l’avenant, c’est-à-dire qu’elle manque de précision et que son feedback est à peu près nul.

Malgré ces dernières phrases assassines, il y a fort à parier que le propriétaire d’une Amanti ne se plaint aucunement de ce comportement routier très conservateur. Ce qui l’intéresse davantage, c’est l’habitacle. Et là mes amis, il est servi à souhait ! La position de conduite se trouve en criant « Kia ! », et ce, même si le volant ne s’ajuste pas en profondeur, ce qui est un peu surprenant compte tenu du niveau d’équipement proposé dans l’Amanti. Une fois assis, par contre, il faut s’étirer plus que d’ordinaire pour agripper la poignée de la portière pour la refermer. J’ai trouvé les sièges un peu trop « springneux » mais quelques personnes plus âgées assises à mes côtés m’ont fustigé du regard en disant que je ne savais pas apprécier le confort ! Le cuir des sièges est de qualité très ordinaire et leur gris se montre salissant. Le noir l’est moins mais il doit être l’incarnation de l’enfer en pleine canicule… Quant à la finition intérieure de notre voiture d’essai, elle faisait très professionnelle malgré quelques petits accrocs ici et là et l’amalgame de cuirs, de plastiques gris pâle et gris foncé et d’appliques de – faux – bois se montrait très esthétique. Mais ici, il s’agit d’une question de goût.

Les gros chiffres blancs sur fond noir du tableau de bord électroluminescent tombent sous les yeux comme la plupart des commandes tombent sous la main. Les espaces de rangement sont nombreux, la chaîne stéréo offre une sonorité impressionnante, ce qui n’est pas le cas du klaxon, aux notes un tantinet moumounes. Les passagers installés à l’arrière ont droit à beaucoup d’espace, même si les sièges avant sont reculés au maximum. Il y a certes trois ceintures de sécurité mais la place centrale ne se montre pas très accueillante. D’ailleurs, on ne retrouve que deux appuie-têtes. Le coffre se révèle fort logeable même s’il n’est pas très haut. Et il est dommage qu’on ne puisse abaisser les dossiers des sièges arrière pour agrandir l’espace disponible. On ne retrouve qu’une trappe à skis, difficile à ouvrir et pas très grande.

La Kia Amanti est loin d’être une mauvaise voiture. Il faut cependant éviter de la comparer à des créations qui n’ont pas la même vocation qu’elle. L’Amanti n’offre pas de performances à tout crin ou de tenue de route exceptionnelle. Mais au chapitre de l’équipement de série, elle est difficile à battre. De plus, elle offre un excellent rapport qualité/prix et sa garantie se veut très avantageuse. Dommage que la valeur de revente soit aussi basse.

Feu vert

Confort relevé
Équipement de base complet
Finition plus sérieuse
Places arrière spacieuses
Bon rapport qualité/prix

Feu rouge

Triste valeur de revente
Suspensions de trampoline
Performances un peu justes
Partie avant caricaturale
Oubliez le plaisir de conduire

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