Mercedes-Benz EQS - Un requin silencieux et chic

Publié le 1er janvier 2022 dans 2023 par Marc Lachapelle

Le doyen des constructeurs automobiles n’a nullement l’intention de se laisser distancer par les plus jeunes, dans la révolution électrique actuelle. Pour s’en assurer, Mercedes-Benz a lancé récemment la EQS, une grande berline de luxe qui se retrouve à la tête d’un escadron de véhicules électriques qui ne cesse de grossir. Et pour enfoncer le clou, cette première EQS sera bientôt rejointe par deux autres versions, des VUS qui s’attaqueront au segment des utilitaires de luxe électriques.

Pour bien mesurer le statut de la svelte EQS, il suffit de noter qu’elle surplombe discrètement la légendaire Classe S au sommet de la hiérarchie des berlines de luxe de la vénérable marque. Cette nouvelle série fut la première à être construite sur la plateforme EVA (Electric Vehicle Architecture), réservée aux véhicules électriques chez Mercedes-Benz. Elle a aussi été couronnée Voiture de luxe mondiale de l’année pour 2022.

De solides renforts

Le premier modèle à nous parvenir fut la EQS 580 4MATIC, coulée dans le moule de la berline de luxe allemande classique. Ses moteurs électriques livrent une puissance de 516 chevaux et un couple de 630 lb-pi dont la répartition aux quatre roues varie constamment. Ils sont alimentés par une batterie lithium-ion d’une capacité utilisable de 107,8 kWh. La cote d’autonomie RNC est de 547 km, mais nous avons vu 578 km après une recharge sur borne de niveau 2. Une version plus puissante et sportive, développée par AMG, arrive cet automne. Cette Mercedes-AMG EQS 4MATIC+ est propulsée par des moteurs dont la puissance grimpe de 649 à 751 chevaux en surpuissance lorsque le mode Race est activé, avec un couple constant de 700 lb-pi. Assez pour atteindre 100 km/h en 3,4 secondes, selon ses créateurs. La suspension, les freins, le rouage et la présentation de ce bolide sont également modifiés.

On attend aussi une EQS 450 4MATIC, plus sage et pragmatique, au printemps 2023. Elle sera précédée par les EQS SUV 580 4Matic et 450 4Matic, des utilitaires sport qui deviendront vraisemblablement les plus populaires de la famille. Construits sur la même plateforme, ils partagent  l'empattement des berlines. Ils sont cependant plus courts de 14 cm, plus larges de 3,3 cm et plus hauts de 20,5 cm. Leur habitacle est très semblable, mais on peut y ajouter une paire de sièges escamotables en troisième rangée. La puissance combinée de ces EQS SUV est de 536 chevaux pour le 580 4MATIC et 355 pour le 450 4MATIC. La suspension est du même type, toutefois ses ressorts pneumatiques peuvent soulever la carrosserie de quelques centimètres. Question de profiter d’une garde au sol plus généreuse et du mode tout-terrain qui s’ajoute aux quatre modes de conduite existants.

Nouveaux ingrédients pour recette éprouvée

Mercedes-Benz est fier d’annoncer que sa berline EQS affiche le meilleur coefficient de traînée aérodynamique pour une voiture de série. Avec son Cx de 0,20, elle devance les Tesla Model S, Lucid Air et Porsche Taycan, ses rivales directes. L’immense arc de leur ligne de toit y contribue pour beaucoup. Tout comme leur calandre lisse, décorée d’une immense étoile argentée à trois pointes.

L’habitacle est chic et opulent, surtout bardé de cuir surpiqué et de moquettes presque blanches, comme dans la EQS 580 de notre essai. Plutôt intimidant pour une jeune famille, par contre. Les surfaces de noyer et les multiples commandes et moulures en aluminium sont du plus bel effet. La planche de bord en verre qui abrite trois écrans est spectaculaire et l’interface MBUX, gérée par 8 processeurs avec 24 Go de mémoire vive et 46,4 Go par seconde de bande passante, de plus en plus convaincante à l’usage. Et les commandes vocales qui reconnaissent 27 langues sont étonnamment efficaces.

Les dimensions de l’EQS 580 4MATIC de 516 chevaux sont quasi identiques à celles de la berline S 580 4MATIC à V8 biturbo de 496 chevaux. Elle sprinte de 0 à 100 km/h en 4,14 secondes et passe de 80 à 120 km/h en 2,55 secondes, alors que l’autre boucle les mêmes tests en 4,72 et 3,15 secondes. Même si elle est plus lourde de 419 kg à cause de sa grosse batterie. En fait, ces accélérations et reprises féroces sont les seuls aspects réjouissants de sa conduite. Pour le reste, bien qu’elle soit douce et silencieuse, elle  se conduit comme un robot truffé d’ordinateurs. Ce qu’elle est. Son comportement est sûr et stable mais dénué de finesse et de fluidité. Sa direction est inerte et sa pédale de frein, désespérément spongieuse.

Une fois de plus, Mercedes aura donc succombé à son goût immodéré pour la technologie, au détriment de l’équilibre et du plaisir de conduire. Seule exception : des roues arrière qui pivotent de 10 degrés pour offrir à cette berline de 5,26 mètres un diamètre de braquage de sous-compacte. Bref, un demi-tour rapide, suivi d’une pleine accélération et le sourire vous reviendra aussitôt.

Feu vert

Feu rouge

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