Hyundai Nexo - Couvrir ses arrières

Publié le 1er janvier 2022 dans 2023 par Hugues Gonnot

Il ne s’est vendu qu’un seul exemplaire du Hyundai Nexo au Canada en 2021. Un! C’est parce qu’il utilise une technologie encore controversée : une pile à combustible qui fonctionne à l’hydrogène. Au Canada, et depuis peu en Europe, la fin de la vente d’automobiles à moteur à combustion (y compris les hybrides) est prévue pour 2035. Autant dire demain. Pourtant, de nombreuses inconnues subsistent quant aux véhicules électriques : amélioration de l’autonomie et des durées de recharge, coût et durabilité des batteries, disponibilité des matériaux pour fabriquer lesdites batteries, recyclage… Dans ce contexte, mettre tous ses œufs dans le même panier paraît risqué. D’où l’intérêt pour l’hydrogène.

En théorie, le principe de la pile à combustible est relativement simple. Elle fonctionne, de façon extrêmement sommaire, sur le mécanisme d’oxydoréduction entre le gaz hydrogène et l’oxygène de l’air, créant une tension électrique. Découverte par l’Allemand Christian Schönbein en 1839, elle a connu ses premières applications dans les années 30 grâce aux travaux de Francis T. Bacon. Dans les années 60, cette technologie alimentera les missions spatiales Apollo. En 1966, General Motors présente la première application automobile avec le concept Electrovan. Depuis, de nombreux véhicules de démonstration ont été dévoilés… mais peu de modèles de série.

La différence entre la théorie et la pratique

Car en pratique, cette technologie fait face à plusieurs problèmes : coût de la pile à combustible, production, stockage et distribution de l’hydrogène. Parmi ses opposants les plus farouches, on retrouve Elon Musk : « La quantité d’énergie nécessaire pour… produire de l’hydrogène et le transformer en liquide est stupéfiante. C’est la chose la plus stupide que je puisse imaginer pour le stockage de l’énergie ». ou bien « Beaucoup trop cher, inefficace, lent et difficile à déployer et à transporter ». Il n’a pas vraiment tort.

Pourtant, de grands groupes industriels et plusieurs constructeurs automobiles (Mercedes-Benz, General Motors, Honda, Hyundai et Toyota) y croient. Comme dans le domaine des batteries, de gros investissements sont actuellement consentis et il se passe beaucoup de choses intéressantes dans ce secteur. Reste à voir les applications concrètes.

Un VUS normal… à première vue!

Le Nexo utilise un moteur électrique de 120 kW (161 chevaux) alimenté par une pile à combustible à membrane échangeuse de protons de 95 kW, et une batterie aux ions de lithium polymère de 1,56 kWh capable de fournir 40 kW de puissance. Grâce à cette technologie, on peut obtenir une excellente autonomie en seulement 5 minutes en remplissant le réservoir d’hydrogène d’une capacité de 6,33 kilos (équivalent à 156,6 L). À 17,30 $/kilo, le prix de l’hydrogène baisse légèrement. Cependant, face à une essence dont les prix explosent, son coût aux 100 km s’aligne quasiment sur celui d’un Tucson 4 cylindres (mais pas sur celui d’un Kona électrique). Et encore faut-il trouver une station de recharge! Au moment d’écrire ces lignes, il n’en existe qu’une seule en fonctionnement, à Québec, alors que d’autres sont en construction sur l’île de Montréal, à Laval et à Trois-Rivières.

Au Canada, le premier niveau d’équipement du Nexo, Preferred, vient de série avec des sièges avant et arrière chauffants en cuirette végane, Android Auto et Apple CarPlay, un écran central de 12,3 pouces avec la navigation, l’assistance à l’évitement de collision et une prise 110 volts à l’arrière. Il a une autonomie de 612 km. Pour 2 500 dollars de plus, l’Ultimate ajoute l’assistance de stationnement à distance, les sièges avant ventilés, le système audio Krell de 440 watts, le toit ouvrant et le hayon électrique. Plus lourd de 57 kilos et avec des roues de 19 pouces, son autonomie descend à 570 km. Pour le reste, le Nexo offre un habitacle accueillant pour 5 personnes et un agrément de conduite tout à fait moderne. Mais ne parlons pas du prix…

Écarter une technologie pour des raisons dogmatiques n’a jamais été une bonne solution. En parallèle de sa stratégie d’électrification, le groupe Hyundai réalise d’importants investissements dans le domaine de l’hydrogène et a commencé à produire des poids lourds Xcient et des bus Elec City utilisant des piles à combustible. C’est probablement dans ces domaines, là où le temps de remplissage et une grande autonomie sont des facteurs déterminants, que cette source d’énergie aurait des avantages.

Par contre, dans le transport personnel, elle ne semble pour le moment pas pouvoir concurrencer les véhicules électriques à batterie. C’est pour cela que des véhicules comme le Nexo risquent de rester au stade de curiosité expérimentale. Mais on ne sait jamais … Les piles à combustible ont permis d’amener l’homme sur la lune. Lui permettront-elles de le mettre à l’abri du réchauffement climatique?

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