Dodge Charger - Dernier départ, dans la boucane !
Il y a dix-huit ans, Dodge faisait renaître la Charger, pour remplacer l’Intrepid et pour raviver les passions d’une catégorie de voitures qui déjà, en 2006, était à la dérive. Dès lors, cette grande berline allait séduire non seulement monsieur Tout-le-Monde, mais aussi les amateurs de Muscle cars. Même les corps policiers l’ont adoptée, ayant finalement trouvé une option viable à la Crown Victoria.
Plus tard grande vedette du film Fast Five (Rapides et dangereux 5), la Charger aura été offerte en de multiples versions, incluant d’innombrables modèles de performance. Cette nouvelle tradition allait d’ailleurs nourrir la division Dodge, qui créa, au fil des ans, des variantes toujours plus performantes, au détriment des versions plus « grand public » toutefois. Naturellement, la vocation de cette grande berline s’est complètement transformée pour devenir aujourd’hui celle d’un véhicule niché, mais adulé des amateurs de performance. Parce qu’unique en son genre, et aussi parce qu’il s’agit de la seule survivante d’une époque révolue depuis des années.
La fin d’une époque
Hélas, avec l’annonce d’une complète transformation de l’usine ontarienne de Brampton en vue de la fabrication de futurs véhicules électrifiés, la mort de la Charger est désormais officielle. On fabriquera ainsi des véhicules jusqu’au troisième quart de 2023, après quoi la Charger se dirigera vers la retraite. Maintenant, si au Canada l’impact de ce départ sera limité, il en sera autrement pour le marché américain, qui achetait autant d’unités l’an dernier qu’il y a dix ans. En effet, tout près de 80 000 Charger ont trouvé preneur au sud de nos frontières, contre moins de 2 000 chez nous.
Évidemment, une grande partie de ces ventes se destinaient aux agences de location à court terme, de même qu’aux forces de l’ordre qui, à la mort de la Charger, n’auront tout simplement plus de voitures à se mettre sous la dent. Les véhicules de police seront-ils éventuellement remplacés par des VUS et des camionnettes?
La plus rationnelle ne l’est pas
On peut imaginer que le choix le plus rationnel dans la gamme Charger est celui d’un modèle SXT ou GT avec ou sans rouage intégral. Or, acheter une telle déclinaison à prix courant vous ferait perdre de précieux dollars en dépréciation puisque la grande majorité des Charger se retrouvent aux enchères quelques mois après leur mise en service, via des agences de location. Il est donc plus sage dans ce contexte d’opter pour une voitureâgée d’un an ou deux, qui aurait vu sa valeur chuter. À l’opposé, une version Scat Pack 392 ou SRT est pratiquement synonyme d’investissement. En effet, bien que son prix puisse même dans certains cas dépasser les 100 000 $, celle-ci est particulièrement convoitée des amateurs. Et puisqu’elle se fait rare depuis quelques années, il en résulte une offre plus faible que la demande.
Loin de moi l’idée de vous convaincre que l’achat d’une grosse berline énergivore et exploitant un vieux châssis de Mercedes-Benz est un juste choix. Cela dit, le type de comportement que propose cette voiture est à ce point différent de tout ce qu’on vend aujourd’hui qu’il frise parfois l’exotisme. Pas surprenant que les initiés vouent une telle admiration à cette brute indomptable qui procure un plaisir que ne peut offrir une voiture allemande de haute performance. Au sommet de la pyramide se trouve d’ailleurs une version SRT Hellcat Redeye Widebody Jailbreak. Traduction libre : un félin démoniaque aux yeux rouges et aux larges épaules, casseur de mâchoires ! Il s’agit d’un monstre de 807 chevaux bouclant le 0 à 100 km/h en 3,8 secondes et le quart de mille en 11,55 secondes, avec départ arrêté. Bref, cette berline fait oublier ses quatre portes par son vrombissement et sa violence d’accélération incomparable.
Pour la moitié du prix de cette version, vous pourriez néanmoins choisir un Scat Pack 392, qui exploite tout de même un puissant moteur HEMI de 485 chevaux. La puissance de ce bolide est plus facilement gérable et il conservera une excellente valeur sur le marché. Même un modèle R/T peut s’avérer une option intéressante, étant de surcroît assez rare sur le marché. Hélas, qu’importe la version sur laquelle vous jetterez votre dévolu, vous n’aurez jamais droit à une finition réellement impressionnante. Si certains modèles proposent une sellerie de cuir et d’Alcantara un peu plus élégante, on y retrouve néanmoins ces mêmes plastiques bon marché et surtout, cette vieille odeur d’usine loin d’être noble.
Bien que la Charger fasse sourire, et bien qu’elle soit aujourd’hui très lucrative pour son constructeur, le temps est venu de passer à autre chose. Reste à voir si Dodge la fera renaître sous une autre forme, puisque le nom Charger est pour sa part loin d’être mort.
Feu vert
- Objet de passion
- Puissance d’accélération (SRT)
- Look toujours aussi réussi
Feu rouge
- Consommation ridicule (V8)
- Dépréciation importante (SXT/GT)
- Finition désolante